Une interview pas vraiment diplomatique avec un diplomate

BOUKAN NEWS, 07/01/2025 – Comme à mon habitude depuis de nombreuses années, j’ai contacté une semaine à l’avance l’invité potentiel que j’allais recevoir dans mon émission Haïti D’abord du dimanche après-midi. Mon instinct de journaliste essayant de rester à jour en suivant l’actualité, notamment la guerre au Moyen-Orient entre Israël et l’Iran, j’ai choisi d’inviter le diplomate Pierre Antoine Louis. Je dois dire que le premier contact avec monsieur Louis n’a pas été facile. Il était très difficile de traiter avec lui, mais j’ai néanmoins obtenu une interview pour le 29 juin.
Pendant que je préparais l’interview avec monsieur Louis, j’ai contacté Alain Gaillard, un ami et ancien journaliste du quotidien haïtien Le Nouvelliste. Il m’a informé qu’il se joindrait à moi dans le studio car il a étudié les relations internationales à Brooklyn et s’intéresse aux événements au Moyen-Orient.
Après une présentation de mon premier invité Alain Gaillard, j’ai commencé l’interview avec monsieur Louis en lui posant la question qui préoccupe de nombreux membres de la communauté haïtienne : la guerre entre les deux plus grandes puissances militaires du Moyen-Orient constitue-t-elle le début de la Troisième Guerre mondiale ? La réponse de monsieur Louis, qui a nié les opinions selon lesquelles la guerre au Moyen-Orient était le début de la Troisième Guerre mondiale, a été longue, mais les choses se sont attisées lorsqu’il a fait une digression sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine, affirmant que la Russie n’était pas une grande puissance comme beaucoup de gens en Haïti aiment à le penser, puisqu’il lui est difficile de vaincre l’Ukraine sur le champ de bataille.
Monsieur Gaillard, mon autre invité, est intervenu pour corriger le point de vue de monsieur Louis affirmant que la Russie ne peut pas vaincre l’Ukraine sur le champ de bataille en faisant valoir que cette guerre en Europe s’avérait une guerre par procuration dans laquelle les États-Unis utilisaient l’Ukraine pour combattre les Russes. Mais les choses se sont envenimées lorsque monsieur Gaillard a demandé si Israël et les États-Unis cherchaient à détruire les armes nucléaires de l’Iran ou à changer de régime puisque, après le bombardement de trois sites iraniens, il n’y avait aucun signe de radioactivité. Il est intervenu pour expliquer que Tulsi Gabbard, la directrice du renseignement national, avait déclaré que l’Iran ne travaillait pas à la fabrication d’une bombe. Et voilà que mon invité diplomate, vraiment remonté, nous a qualifiés d’antiaméricains.
En premier lieu, à Haïti D’abord, nous sommes pour la paix. Par cette interview, nous avons voulu faire la lumière sur ce qui se passe réellement au Moyen-Orient. Deuxièmement, une partie importante de la base de Donald Trump, qui l’a propulsé au pouvoir, ne veut pas que les États-Unis entrent en guerre, c’est le cas par exemple de Tucker Carlson et Steve Bannon. Cela les rend-il antiaméricains ? En outre, Zbigniew Brzezinksi, ancien diplomate et conseiller à la sécurité des États-Unis, a mis en garde les États-Unis, dans son livre intitulé Strategic Vision, contre le danger d’une guerre contre l’Iran, même avec le soutien d’Israël : « L’Amérique peut fournir un parapluie nucléaire à la région par elle-même, mais elle ne devrait pas s’engager dans une action militaire solitaire contre l’Iran ou en coopération uniquement avec Israël, car cela plongerait l’Amérique dans un conflit plus large, à nouveau solitaire, et finalement autodestructeur » (p. 124). Cela fait-il de tous les experts et universitaires susmentionnés des antiaméricains ? L’entretien s’est terminé de manière peu diplomatique, le diplomate ayant raccroché au téléphone.
EDENS DEBA, journaliste
1- Brzezinksi, B. (2012). Strategic vision: America and the crisis of global power. Basic Books