Une Accusation d’Enfant : Papa, Comment Peux-tu Dormir la Nuit ?
Fête des Pères Haïtienne – Une Conversation Déchirante

BOUKAN NEWS, 06/29/2025 – JUNIOR : (15 ans, étudiant à l’étranger) : Papa, je ne te souhaiterai pas une bonne fête des pères cette année. Chaque fois que je vois ton visage à la télé ou dans les journaux, c’est toujours à propos de plus de souffrances pour le peuple. Des enfants comme moi vivent un cauchemar.
PIERRE (55 ans, membre du CPT) : Mon fils… tu ne comprends pas la complexité de la situation. Nous travaillons dur pour—
JUNIOR : Travaillons dur ? Papa, les écoles sont fermées plus souvent qu’elles ne sont ouvertes à cause de la violence des gangs et de l’insécurité. J’ai perdu le compte du nombre de fois où j’ai dû fuir ou me cacher par peur. Pendant ce temps, toi tu vis dans le luxe, avec des maisons gardées et des voitures de luxe.
PIERRE : Je t’ai envoyé à l’étranger pour te protéger de ces conditions. N’est-ce pas suffisant ?
JUNIOR : Me protéger ? Et qu’en est-il des autres enfants, papa ? Comment peux-tu ignorer le calvaire de notre pays ? Plus de 60% des enfants haïtiens ne vont pas à l’école régulièrement à cause de la violence et de la pauvreté. Un enfant sur cinq souffre de malnutrition aiguë. Comment peux-tu fermer les yeux là-dessus ?
PIERRE : Ces statistiques… elles sont exagérées par les médias occidentaux qui cherchent à—
JUNIOR: Non ! Papa, arrête ! Quand je te pose des questions sur les nouvelles, tu les rejettes comme des “mensonges” et tu me demandes quels nouveaux jeux ou de nouvelles chaussures de marque je veux. As-tu des œillères ? Ne te soucies-tu pas de l’avenir de notre pays ?
PIERRE : Bien sûr que je m’en soucie ! Pourquoi penses-tu que je fais partie du Conseil Présidentiel de Transition ? Nous essayons de reconstruire—
JUNIOR: Reconstruire quoi, papa ? Ne vois-tu pas que tes actions – ou ton inaction – condamnent toute une génération à une vie de pauvreté et de peur ? Laisse-moi te poser quelques questions, et cette fois, réponds-moi honnêtement :
PIERRE: D’accord… je t’écoute.
JUNIOR: Comment peux-tu dormir la nuit en sachant que des enfants meurent de faim et faute de soins médicaux ?
PIERRE : (silence long) Je… je ne dors pas bien. Chaque nuit, je pense à ces enfants. Mais les solutions ne sont pas simples, mon fils.
JUNIOR: N’as-tu pas honte quand tu vois des enfants de mon âge lutter pour survivre ? Quel genre de dirigeant es-tu, quand tu ne peux même pas assurer la sécurité de base pour le peuple ?
PIERRE : Tu crois que c’est facile ? Nous héritons d’un pays brisé, avec des gangs qui contrôlent plus de territoire que l’État, avec des institutions détruites par des décennies de corruption…
JUNIOR: Et as-tu déjà pensé aux enfants qui ne peuvent pas s’échapper comme moi ? Ceux qui sont piégés dans cet enfer ?
PIERRE : (voix brisée) Chaque jour, Junior. Chaque jour, je pense à eux. Tu penses que je ne souffre pas ? Tu penses que je ne pleure pas quand je vois ces images ?
JUNIOR: Alors pourquoi rien ne change, papa ? Pourquoi les mêmes promesses vides, les mêmes discours sans action ? La réalité sur le terrain est désastreuse, et tes mots ne veulent rien dire sans action.
PIERRE : Les changements prennent du temps dans un pays comme le nôtre. Nous devons naviguer entre les intérêts internationaux, les gangs, les élites corrompues…
JUNIOR: Du temps ? Papa, écoute ces chiffres : plus de 300 écoles fermées en Haïti à cause de l’insécurité en 2023. 1,5 million d’enfants ont besoin d’aide humanitaire selon l’UNICEF. 4,3 millions de personnes font face à une insécurité alimentaire sévère selon le PAM.
PIERRE : Je connais ces chiffres…
JUNIOR: Ces chiffres représentent de vraies personnes, papa ! De vrais enfants qui souffrent à cause de vos échecs. Comment le CPT peut-il justifier son existence quand la situation empire chaque jour ?
PIERRE: (s’effondrant) Tu as raison d’être en colère contre moi. J’ai accepté ce poste en pensant que je pourrais faire la différence, mais le système est plus fort que nous. Les gangs ont plus de pouvoir que l’État. La communauté internationale nous impose des conditions impossibles…
JUNIOR: Papa, je ne veux pas d’excuses. Je veux que tu me regardes dans les yeux et que tu me dises : que vas-tu faire différemment ? Comment vas-tu justifier ton existence de dirigeant devant ces enfants qui meurent ?
PIERRE: (pleurant) Je ne sais plus, mon fils. Peut-être que j’aurais dû démissionner dès le début. Peut-être que je ne suis qu’un autre politicien qui s’est perdu dans le système.
JUNIOR: Non, papa. Tu n’es pas qu’un politicien pour moi. Tu es mon père. Et c’est pour ça que ça me fait si mal. Je ne célébrerai pas la fête des pères cette année. Au lieu de cela, je prierai pour les enfants qui souffrent à cause de cette inaction collective dont tu fais partie.
PIERRE : Que veux-tu que je fasse, Junior ?
JUNIOR : Soit tu te bats vraiment pour le changement, soit tu pars. Mais arrête de faire semblant que tout va bien. Arrête de vivre dans le déni. Ces enfants méritent mieux. Haïti mérite mieux. Et moi, ton fils, je mérite un père dont je peux être fier.
PIERRE: Tu as raison. Tu as absolument raison. Pardonne-moi, mon fils. Pardonne-moi d’avoir échoué en tant que dirigeant, et pardonne-moi d’avoir échoué en tant que père en ne t’montrant pas l’exemple du courage et de l’intégrité.
JUNIOR: Il n’est pas trop tard, papa. Mais il faut que tu choisisses : ton confort ou ton pays. Ton silence ou ta voix. Ta peur ou ton courage.
PIERRE: Je te promets… non, je ne promettrai plus rien. Je vais agir. Et si je ne peux pas changer le système de l’intérieur, alors je le dénoncerai publiquement, même si cela me coûte ma position.
JUNIOR: C’est tout ce que je demandais, papa. Que tu sois l’homme que j’ai toujours cru que tu étais.
Pierre Richard Raymond
N.B Cette conversation fictive illustre la douleur d’une génération haïtienne qui voit ses dirigeants échouer face à l’urgence de leur situation. Elle reflète le cri du cœur de milliers de jeunes Haïtiens qui attendent un leadership authentique et courageux.
Photo: Paris Match