SYMPHONIE ENROUÉE: La victoire de l’opposition et des gangs n’est pas une victoire populaire!

SYMPHONIE ENROUÉE : La victoire de l’opposition et des gangs n’est pas une victoire populaire!

Rony Mondestin

Boukan News, 03/21/2024 – Ni feux d’artifice, ni pétards, ni foules en liesse, ni manifestations de jeunes arborant de généreuses branches d’arbres, ni photos captivantes et émouvantes d’embrassades et d’accolades étouffantes. Il n’y avait non plus de nouvelles et ingénieuses chansons satiriques ou moqueuses d’inspiration populaire composées sur le vif, ni bandes à pied, ni populace se déhanchant sur un rythme voudouesque envoûtant, NI RIEN.

En guise de tout cela…l’indifférence et la peur composent les visages rencontrés. Les libérateurs continuent de s’en prendre au peuple, aux policiers, assaillent les postes de police, cassent la prison centrale. Ils s’en prennent aux établissements scolaires, aux locaux de l’université d’État, aux lieux de cultes aux petites et moyennes entreprises commerciales et même à celles des « débrouillards » issus des couches moyennes. Les gens du peuple courent de Charybde en Scylla littéralement. Port-au-Prince une ville en mouvement, un déménagement perpétuel d’un quartier à un autre depuis quelques mois, qui se poursuit encore de plus belle…Les couches moyennes en déménagement sont à la hausse ces jours-ci… depuis la mise à l’écart d’Ariel Henry par voie de séquestration.

Les règlements de compte sont aussi en hausse dans les milieux d’affaires et dans les milieux mafieux.

Entre-temps les chers amis étrangers d’Haïti, avisent et préviennent : pas question de recevoir les gens qui prennent le chemin de la mer en quête de cieux accueillants. NON, qu’ils restent chez eux. Ils seront ramenés illico dans « leur enfer ».

Voilà une application singulière du concept d’obligation de prêter assistance à une personne ou groupe de personnes en danger de mort.

Les vrais amis du peuple haïtien, sont-ils ailleurs ?  OUI. En doutez-vous ? Moi pas, pas une seconde…En plus, je les connais.

Déni d’assistance n’est pas la panoplie des amis de notre pays. La politique est une activité sociale, empreinte d’humanisme et d’ humanitaire. L’amour de l’humanité est intrinsèque chez tout homme politique sérieux et dédicacé au bien-être de la collectivité.

Déni, il est aussi logé dans la pratique de nos élites politiques. La manifestation de ce déni au sein de nos forces politiques devient criante au cours des dernières années. Inconscient ou calculé, ce refus d’assistance aux populations vulnérables est un fait chez nos politiques, car l’instrumentalisation des misères et des malheurs de la population est un fonds de commerce non négociable pour la conquête du pouvoir par la majorité écrasante de notre classe politique. Les rabougris discours et programmes politiques y puisent en permanence leur « inspiration ».

On y vient, les liens ne sont pas détectables à vue d’œil.

On se rappelle fort bien que le ministre des Affaires Étrangères, instruit par le PM Ariel Henry avait sollicité, en octobre 2022, une assistance en matière de sécurité auprès des Nations Unies ? La réaction de la classe politique est largement connue. Et la rengaine de facilité ; Dr Ariel Henry est un traître ; jamais des troupes étrangères ne fouleront la terre de papa Dessalines.

Un retentissant chœur traversait monts et vallées qui s’étalait si majestueusement sur nos 28000 Km carrés. Parfait, le cri est entendu, la Russie et la Chine ont fait usage de leur droit de véto pour neutraliser la démarche. Réjouissance d’un côté et mine patibulaire de l’autre côté, c’était la première manche. Je fais l’impasse sur 1994 et 2004. Ceux-là qui criaient de loin le plus fort, même à nous crever les tympans se rappellent très bien ces deux périodes de la présence de forces étrangères sur notre territoire, périodes survenues à 10 ans d’intervalle.

La Russie et la Chine ont fait abstention lors de la seconde manche… La voie fut pavée par la résolution 2699. Ainsi le 4 octobre 2023, le Conseil de Sécurité de l’ONU autorise l’envoi d’une force de sécurité non onusienne mais encadrée par les Nations Unies (un peu étonnant pour moi aussi).

Le quotidien Le Nouvelliste du 6 octobre titra : « Déploiement de la MMSA : pour l’accord Montana, la souveraineté et l’intégrité du pays sont en danger ».

Le journaliste puisa sa manchette à partir des propos d’un dirigeant de cette structure politique.

Déni d’assistance humanitaire au peuple par l’opposition haïtienne.

Cadrons les choses :

Le gouvernement explique et justifie sa demande afin de pouvoir juguler l’insécurité qui entrave la vie des citoyens et les activités économiques tout en provoquant une fuite de capitaux, des investissements massifs et une massive émigration dans des conditions horribles, humiliantes et dégradantes, entraînant quelquefois la mort de nos concitoyens, et l’empêche d’avancer dans la poursuite de la mise en branle d’un processus électoral.

Le camp opposé quand á lui soutient que le pouvoir appelle à une « intervention étrangère »,  ce qui est contraire aux prescrits et interdits de la loi mère , selon ce camp, les actions de plus en plus audacieuses des bandits sont dues à  l’incapacité du gouvernement et même à une certaine complicité tacite de celui-ci.( ce qui n”est pas faux  en un sens, quoique ce n’est pas prouver, en effet des membres de ce pouvoir entretenaient des relations privilégiées avec des chefs de gang – relations construites, éprouvées, rodées durant la présidence de Jovenel Moïse – mais ce n’est pas le gouvernement à proprement parler qui est impliqué ) .

En réalité les deux courants se valent à bien des égards (sauf bien sur cette affaire d’intervention étrangères, c’est ridicule et singulièrement malhonnête vu le niveau intellectuel de ces gens, ils mentent et le savent que trop bien) cependant l’obligation de juguler l’insécurité incombe au pouvoir provisoire, la tâche et la responsabilité lui reviennent à lui et à lui seul administrativement de résoudre ce problème, mais pas du tout lui seul politiquement et socialement.  Cette demande des autorités traduisait un aveu d’incapacité, et illustraient la profondeur du drame HÉRITÉ de ses prédécesseurs.

Oui il faut être honnête, c’est un héritage. Or il arrive que les gangs n’aient pu s’étendre que grâce aux crises politiques, ils misent sur l’absence de cohésion nationale, sur les déchirantes divisions et sur la faiblesse de la capacité de l’Etat. Or cette faiblesse est souvent résultante de l’action globale (multiple forme) des opposants et des tactiques employés par ces derniers dans leur lutte effrénée pour le pouvoir. On comprend bien que les gangs se prélassent et se développent grâce à cette atmosphère délétère socialement et politiquement. On aurait eu une tout autre situation sociale et économique aujourd’hui, aussi bien qu”un tout autre panorama politique si les forces politiques majeures s’étaient comportées différemment face au gouvernement provisoire de Ariel Henry.  – ON NE FAIT PAS DE L’OPPOSITION À UN GOUVERNEMENT PROVISOIRE. ON L’AIDE ET LE SURVEILLE ET ON LE POUSSE À LA SORTIE.

Indéniablement, le non-support de la classe politique à la demande du gouvernement a eu ses effets négatifs …cette absence de support a en effet   objectivement aidé les gangs et a contribué très décisivement à l’extension de ces derniers et subséquemment à l’accroissement du drame auquel le peuple haïtien vit en ce moment même où nous écrivons ces lignes, lequel drame a pris nettement un caractère humanitaire. Le déni d’assistance sécuritaire à ces populations en danger de mort, par l’opposition, du fait de son refus d’appuyer la demande d’assistance militaire et policière sollicitée auprès des Nations-Unies en octobre 2022 doit être acté également. On aurait très certainement eu bien moins de tués en 2022 (2000), si une aile importante de l’opposition politique ne respirait pas que par la prise du pouvoir. N’en parlons pas de l’année 2023. On affiche une attitude dont la conséquence favorise les gangs et en même temps on dénonce le gouvernement pour son incapacité à juguler les gangs, on l’accable lorsqu’il sollicite l’assistance d’une organisation internationale à laquelle nous appartenons et dont la Charte prévoit cette forme de requête et non de Dieu…nous sommes signataires de cette Charte. Et au bout du compte on y adhère.

Alors comment donc cela s’appelle ? Moi je dis et je maintiens : déni d’assistance aux populations vulnérables par la politique, et c’est JUSTEMENT INHUMAIN. L’outrecuidance de bien des membres de la classe politique est si malsaine que l’on ne peut qu’éprouver que de la pitié pour ces gens-là …… si « telman afre  pou pouvwa ».

Oopss, parlant de la force multinationale d’appui, vilipendée à volonté par la nette majorité de nos forces politiques.

Lisons ce qu’un politique du Cap, chroniqueur politique, super bras droit du président élu de Montana, directeur d’un institut mis sur pied par ce dernier, a écrit sur un forum composé uniquement de gens originaires du Nord d’Haïti : « Ariel te mandé sa poul te chèche yon lejitimite entènasyonal a travè fòs ki tap vini yo. Pou l te jistifye fòs sa, li finanse, simen dezòd ak gang nan tout peyi an. jodya m panse n bezwen yon gwo konbit entènasyonal sou lobedyans otorite nasyon an .Sa supoze fèt sou baz yon kalandriye reyalis ». Fin de citation !

La bêtise littéraire n’a jamais tué qui que ce soit…et même que par les temps qui courent, leur vie – celle des porteurs de la bêtise – s’avère de bien plus longue durée.

Cette perle date vendredi dernier en mi-matinée. Elle constitue sans doute une réaction à cet extrait d’un éditorial de Frantz Duval du quotidien Le Nouvelliste, qui se lit ainsi :

Comment expliquer que le 10 mars 2024 vous étiez contre toute présence étrangère sur le territoire national pour qu’elle ne renforce pas le gouvernement d’Ariel Henry et accepter le 11 mars 2024, la nécessité de la mission multinationale d’appui à la sécurité comme une solution pour asseoir votre futur gouvernement ?

À suivre.

Rony Mondestin, ex-sénateur

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