- Qui Parle de Démocratie au Pays?
« Èrzilie Afè w Bon, ou Kompwann Zafèr a tout moun bon» . ( Roger Colas et Septent.)
Par Wilfrid Suprena
Un bien vaste mot, Démocratie…. Un concept socio politique très, très large pouvant servir à la fois d’ombrelle et de passerelle pour s’agripper à des situations très peu « catholiques » et « peu flatteuses » où la fin ne justifie pas toujours les moyens quand il s’agit de la question de pouvoirs à acquérir ou à retenir… !
Alors, l’origine étymologique grecque de ce mot n’attire plus l’attention. Nous le savons et nous le voyons tous : on nous abreuve de discours au nom de ces pouvoirs que les peuples dans leur souveraineté étaient supposés avoir dans leurs mains pour choisir « leurs dirigeants », trancher dans le cadre des budgets de l’état pour la mise en application de services et décider des orientations politiques, sociales et culturelles et de sécurité de la gouvernance d’état…

Ça dépend des circonstances et des caractères dominants, on lui colle toujours un attribut pour distordre sa vraie signification, son sens englobant et sa vraie dimension d’insertion et d’inclusion de la majorité des majorités : Démocratie Nouvelle, Nouvelle Démocratie, Démocratie Directe, Démocratie Populaire. Et le clou avec cette classe sociale qui, aux 17ème et 18èmes siècles avec les avancées de la plus-value, moyen déguisé et sophistiqué de contourner l’esclavage, a institué l’idée de la délégation des pouvoirs, de la représentation à chaque période : Démocratie bourgeoise. Démocratie Représentative….
Partout à travers la planète, les disciples des pouvoirs monarchiques, forts, personnels, qui veulent décider pour tout le monde et pour eux en priorité ont défié les postulats dits démocratiques mais en réalité d’une classe sociale au timon des affaires et des négoces et des appareils de contrôle, de coercition et d’orientation…
Quand, En 1986, dans un petit pays tourmenté par l’insoumission d’un peuple toujours en quête de ses droits de participation aux décisions qui le concernent,
des militaires rompus à l’ordre autocratique te défenseurs sans sourdine de cet ordre ont lâché tout de go l’expression “ Bamboche Démocratique” beaucoup y ont cru…. Euphorie, euphorie, euphorie quand tu nous tiens !
Mais c’est au nom de quoi a-t-on a assassiné par devant le Fort-Dimanche, à Jean Rabel, à la Ruelle Vaillant, à Carrefour Feuilles…Pas au nom de la démocratie, en tout cas… Les noms des victimes…peuvent en dire long…
Et depuis, la spirale glissante et descendante s’accélère vers une destination ombrageuse sans contours réels définis et surtout insaisissable à l’œil nu…et même avisé… !
Un coup d’état, le plus sanglant de notre histoire… (Septembre) On a fait comprendre à tout le monde avec la magie de la propagande crasse que c’était pour protéger les acquis de la démocratie…Des militaires qui ont défendu toute leur vie un pouvoir absolutiste, totalitaire se faisaient passer pour des Robin des Bois chantant comme des perroquets sur les bienfaits de l’ordre démocratique et appelant de tous leurs vœux à sa restauration…Quelle aberration !

Aujourd’hui encore, la même rengaine :
⁃ un président hors-la-loi est parti en croisade pour faire respecter l’ordre démocratique. Bizarre. Bizarre. Il n’a pas organisé et réalisé en temps opportun et périodique des élections prévues par la loi pour rendre la machine démocratique fonctionnelle et restaurer la confiance politique et sociale…Mais, il voit le respect scrupuleux d’un quinquennat, d’un mandat comme l’unique vertu cardinale pour faire avancer le processus démocratique comme un tout au bénéfice de la société globale d’une façon réaliste mais au contraire il l’utilise comme un puissant instrument pour essayer de concrétiser ses rêves et son agenda de politicien traditionnel: le pouvoir envers et contre tout. Le pouvoir aujourd’hui, le pouvoir demain…Le pouvoir en tout temps…
⁃ Un parti politique qui aurait censé être la pierre angulaire, le fer de lance pour le renforcement des étapes nécessaires à un fonctionnement démocratique trop longtemps jugulé mais qui a choisi de faire l’impensable : Oindre pour devenir un candidat à la présidence un inconnu, un obscur président d’une chambre de commerce d’un département éloigné de la capitale et qui se faisait pour uni entrepreneur. Sans parcours réel à l’intérieur du parti. Sans poste de Responsabilité majeure réelle. De ses chiffres d’affaires, On n’en savait rien. De ses accomplissements, encore rien ! De son caractère, de sa personnalité, le parti n’a rien fait circuler…On l’a choisi parce qu’on avait besoin d’une part quelqu’un de docile pour continuer à mettre les appareils d’état du pays en coupe réglée et d’autre part pour assurer une bonne succession du pouvoir…

⁃ Les propagandistes de tous poils et bords ont redoublé d’efforts et énergie pour torpiller et saborder un processus politique d’inclusion et de responsabilité partagée dès le départ du fiston oint par son père pour occuper à vie un poste politique convoité par tous les hommes militaires et civils qui prétendent savoir lire et écrire!
« La démocratie c’est pour les autres… Ce n’est pas pour ce peuple analphabète ». Aussi rocambolesque, fanfaronne, répugnante et travestie çà puisse paraître, c’est La réflexion d’une partie de cette élite qui a dirigé et qui veut continuer à diriger pour retourner à Sa seule formule de direction politique : le pouvoir personnel fort qui peut « faire et défaire… »
Elle a lancé tout son poids dans cette arène pour remplacer par voie référendaire une constitution qui ne reconnaît pas la légitimité de cette démarche dans l’un de ses articles…
Le peuple Haïtien doit mettre tout son poids dans la balance également pour faire échec à cette énième tentative de la part de cette élite de le réduire au silence et qu’il laisse les autres penser et décider pour lui !
Seul le peuple Haïtien dans sa rébellion permanente et dans son combat perpétuel pour s’assurer une petite place au cœur et aux alentours de ce soleil D’Ayti qui tarde à luire pour tous peut finalement parler au nom de cette “ démocratie” dans le but de freiner le processus d’enlisement infini de la société Haïtienne dans ce labyrinthe de désespoir…
Que le peuple Haïtien se réveille pour de bon !
Wilfrid Supréna
Quel peuple? Cette tare récurrente cache au fond la lutte des classes dont je ne vois pas l’ombre d’une telle préoccupation dans ton article et qui m’étonne.
Les dirigeants politiques dans le pouvoir d’état avec la démocratie bourgeoise, doivent on attendre mieux d’eux? Leur démocratie n’est elle pas sous la coupe réglée des états impérialistes? Le populisme lavalasyen et l’opportunisme prevalien sont ils innocents de la dérive haïtienne?
Merci pour ce beau texte qui mérite d’être discuté