Préoccupation d’une citoyenne par la situation globale d’Haïti !
Boukan News, 10/31/2024 – Comme beaucoup d’Haïtiennes et d’Haïtiens, je suis profondément préoccupée par la situation globale actuelle, en particulier par le climat sécuritaire de notre pays.
Voir des soldats kényans en uniforme dans une vidéo et entendre nos policiers les qualifier de lâches sur les réseaux sociaux, les accusant même de refuser de poser leurs pieds au sol, pour atterrir et produire les résultats escomptés pour notre population, cela accentue encore plus mon inquiétude.
Une chose est certaine : la propagande internationale est bien orchestrée, et le gouvernement kényan tire amplement partie de cette mission, en exploitant nos faiblesses et éventuellement nos ressources, tout comme le Brésil l’avait fait en dirigeant cette mission de l’ONU après le coup d’État de 2004 contre un Président démocratiquement élu.
Dès lors, mon téléphone vibre sans cesse. Je reçois des messages et des extraits de la vidéo d’une entrevue de l’Ambassadeur des États-Unis en Haïti, M. Dennis B. Hankins. Ce diplomate a été nommé par le Président Joe Biden et confirmé par le Sénat américain en mars 2024. L’Ambassadeur, Hankins, a pris ses fonctions au mois de mai 2024.
Cette entrevue a été diffusée sur Télé Métropole, dans le cadre de l’émission Le Point, animée par le journaliste Wendell Theodore.
La première question qui me vient à l’esprit est celle-ci :
Pourquoi les Haïtiennes et les Haïtiens sont-ils en colère face aux propos de l’Ambassadeur américain en Haïti concernant des relations quelconques du Gouvernement américain, qu’il représente actuellement en Haïti, avec les gangs ?
Après tout, serait-il le Premier (ère), le (la) seul (e) à agir ainsi ?
Tout compte fait, cet Ambassadeur est peut-être plus courageux ou plus honnête qu’un autre en ayant le courage de nous dire ouvertement, en langage diplomatique, qu’il n’est pas là pour défendre les intérêts d’Haïti, mais qu’il est là essentiellement pour défendre les intérêts des États-Unis d’Amérique.
À mon sens, il s’agit plutôt d’une invitation implicite lancée au peuple haïtien qui doit remuer son cul, se réveiller et prendre en fin de compte, son destin en main, comme en 1804.
À nos dirigeants, l’Ambassadeur donne des cours de Civisme et de Morale, rappelant brutalement qu’en matière de défense des intérêts américains, son Gouvernement n’hésitera devant rien, même si cela signifie de négocier avec le diable en personne. Avec les élections américaines qui approchent, le gouvernement démocrate, actuellement au pouvoir, ne souhaite prendre aucun risque. Perdre un citoyen américain en Haïti aujourd’hui serait très nuisible pour la campagne électorale du parti démocrate qui se déroule aux Etats-Unis, un pays sur lequel tous les yeux de la planète sont braqués ces temps-ci.
L’ambassadeur parle de nous, et il le fait à partir de notre sol. Mais son message n’est pas à nous. C’est un message destiné de préférence aux médias américains et qui a pour but de rassurer les citoyennes et les citoyens des États-Unis. Ceci empêcherait donc toute récupération politique par l’opposition républicaine capable d’exploiter le chaos en Haïti en vue de nourrir sa rhétorique anti-haïtienne.
Si l’Ambassadeur américain a jugé nécessaire de s’adresser à Jimmy Chérizier, alias Barbecue, le porte-parole de « Viv Ansanm », c’est peut-être qu’il ne fait nulle confiance à nos institutions chargées d’assurer la sécurité de son personnel et de son ambassade.
Pourquoi « Barbecue » et non pas un autre chef de gang, y compris ceux opérant près du siège même de l’Ambassade des États-Unis à Tabarre généralement connue comme la base principale Vitelhomme ?
C’est parce qu’il est peut-être le seul chef de gang à ne pas être recherché par les agences américaines, ou bien parce qu’il n’a jamais touché un ressortissant américain. Ou alors, détiennent-ils (Les agences) des informations sur la propre transformation de Cherisier en « Barbecue ». Autant d’histoires profondément liées au « Village de Dieu » et aux mystérieuses transactions d’armes qui s’y opèrent.
Qu’en est-il par ailleurs des massacres à La Saline ?
Tout semble connecté, mais tant de questions restent sans réponse. Et pourquoi citer un ancien Président de la République dans ce contexte d’insécurité ?
S’agit-il de rappeler aux Haïtiens, disciples de Sartre, que l’enfer, ce n’est pas les autres.
Aux dirigeants haïtiens : l’Ambassadeur, tout comme nous autres aussi, on aurait préféré un accord entre les branches de l’Exécutif pour éviter tout spectacle humiliant. Il reconnaît l’institution de la Présidence et pense qu’il vaut mieux ne pas jeter « yon chodyè nèf pou youn ki usé ». Tandis que la population s’enfonce dans la misère et l’insécurité a atteint son paroxysme. Il a évoqué le succès d’une opération conjointe de la police nationale d’Haïti (PNH) et de la MMSS, qui a abouti à la récupération d’une simple chaîne en or ayant appartenu à un chef de gang.
Waouh…
L’Ambassadeur des États-Unis d’Amérique en Haïti a profité de cette entrevue, apparemment bien programmée, pour lancer une alerte rouge : les semaines à venir seront difficiles.
Alors, accrochons-nous et préparons-nous pour la suite.
Alerte rouge…
Mais, qu’en savez-vous, monsieur l’Ambassadeur ?
Marnatha I. TERNIER