Pourquoi Les Policiers ?
Par Dr Guerlyne Antoine
La violence continue contre les policiers devrait sonner l’alarme sur l’orientation familiale et sociale liée à l’éducation civique, la politique haïtienne, et la responsabilité de nos acteurs politiques. En effet, depuis la fondation de la seule force publique nationale : PNH, rien n’a été facile. Elle a pris naissance dans un contexte d’éruption sociale, de lutte infernale entre les politiciens, et de la démobilisation des Forces Armées d’Haïti. Ma plus grande préoccupation a été toujours la sécurité en Haïti et aussi la sécurité de nos sœurs et frères en uniformes.
Aujourd’hui encore, ma foi chrétienne me permet de croire que la sécurité de tout être vivant dépend du Dieu créateur. Lui qui a aussi donné une certaine autorité aux hommes, il y a une référence biblique en ce sens et je cite : « Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes (Romain 13 : 1-2) ». Il est un fait accompli que nos citoyens en service détiennent leur autorité de Dieu, dans le cadre de leurs missions de protéger et servir pour contribuer à la bonne marche du pays. Sinon, l’existence même de leur service n’aurait plus de sens. Mais pourquoi sont-ils les cibles des criminels ?
De jour en jour, la précarité socio-économique et politique représente une entrave quotidienne à la liberté individuelle. Il revient à chaque citoyen de réfléchir sur son devoir et aussi sa culpabilité dans la situation qui met au péril l’héritage de nos ancêtres.
L’indépendance nationale dépend de la sécurité et de la stabilité intérieure du pays. A en parler, je pense aux Kyrielles de révoltes dans la colonie de Saint-Domingue, elles ont empiré la situation de toutes les couches sociales. La sécurité dont nous parlons tous s’établit quand nous nous engageons tous ensemble et lucidement dans sa conquête et son maintien. Car si nous demandons à chacun d’être son propre gardien dans la société, nous devons tenir compte aussi du principe de la division qui occasionne que l’homme soit un loup pour l’homme. Pourtant, si nous suivons les ordres du Père de la patrie qui nous exige à maintenir l’indépendance nationale, nous n’aurons qu’à marcher ensemble et à être de dignes Haïtiens, bons pères, bons fils et bons époux.
« Rappelle-toi que j’ai tout sacrifié pour voler à ta défense, parents, enfants, fortune, et que maintenant je ne suis riche que de ta liberté (Jean-Jacques Dessalines, 1 janvier 1804) ». Cette phrase nous permet de comprendre l’engagement d’un patriote pour la liberté de son peuple. Nous félicitons d’avance nos acteurs politiques qui, en acceptant le dialogue national, ont fait preuve de générosité et de compassion envers le peuple haïtien. Nos cris pour rétablir l’ordre et la paix dans les quartiers défavorisés, la sérénité et le droit à la vie dans le pays, leur sont adressés, car notre bonheur en dépend. Je souffre de voir que les agents de la sécurité publique sont la proie de la mésentente et de l’irresponsabilité politiques de nos élites, tout en négligeant ceux qui se portent au service de leur nation. Ils méritent d’être traités dans la dignité. L’usage de la politique doit promouvoir de la fierté de vénérer les valeurs patriotiques. Qu’il plaise à chaque citoyen honnête d’effacer la honte de l’insécurité pour sauvegarder l’indépendance nationale.
En sommes, les policiers sont là pour nous dans les moments difficiles, maintenant c’est à nous de les protéger. L’heure de l’indulgence a sonné pour que les policiers puissent sentir que leurs efforts sont valorisés et que les membres de leur famille soient fiers de leurs sacrifices. Efforçons-nous de leur procurer une formation continue, de l’appréciation, de l’éducation civique, de l’orientation famille et de la responsabilité citoyenne dans les luttes politiques.
Dr Guerlyne Antoine
