Où sont passés les « millions » cachés chez Jovenel Moïse ?
Boukan News, 11/04/2023 – Quand Miami Herald, ce grand journal floridien, publiait les révélations du colombien Antonio Palacios, cela fit une bombe à Port-au-Prince comme en diaspora. Ce suspect dans l’assassinat du président haïtien, Jovenel Moise, le 7 juillet 2021, a raconté aux agents du FBI qu’il était question de trouver entre 45 à 53 millions de dollars à l’intérieur de la maison du président. Où est la vérité dans toute cette histoire ?
D’abord, j’ai contacté un ami qui travaillait pour le compte du gouvernement américain spécialisé dans la destruction des billets défectueux. Répondant à ma question sur l’espace nécessaire pour placer 53 millions de dollars, ayant habitué à détruire de fortes sommes d’argent, Il a dit, et je cite, « Il faut une chambre de grande capacité pour contenir une somme d’argent aussi large ». A partir de ce moment, j’ai compris que les chiffres avancés par Palacios doivent être prudemment considérés. Mais, d’où vient ce chiffre ?
D’après une savante source, son interprétation est que, « ceux qui avançaient le chiffre de 53 millions de dollars qui se trouveraient dans la maison du président Jovenel n’était rien d’autre qu’un artifice. C’était un moyen utilisé par les commanditaires de l’assassinat pour motiver les Colombiens à l’extrême pour commettre le crime ». Toutefois, y a-t-il de l’argent dans la résidence privée du président ?
À cette question, la source m’a répondu qu’à sa connaissance il y avait 3 grosses boîtes remplies d’argent chez le président. Elles contenaient plusieurs millions de gourdes chacune. Jovenel Moise, en particulier sa femme, Martine Moise, puisait souvent pour monnayer des politiciens et supporteurs. D’où provenaient ces millions de gourdes ?
Une bonne partie de cette somme provenait de la fameuse « intelligence money ». Cet argent, de l’ordre de 23 millions de gourdes, devrait être mis à la disposition d’un prétendu service d’intelligence, qui n’existait que sur du papier. Chaque premier ministre a pour obligation mensuelle de remettre cet argent a Jovenel Moïse qui, à son tour donnait 3 millions au porteur. A l’exception du notaire Henry Céant, celui-là refusa. Ce qui avait provoqué une forte tension entre lui et le président. Mr Céant, comment disposait-il de l’argent saisi… ? Revenons à notre homme, Mr Jovenel Moïse, avait-il des dollars américains en sa résidence ?
Presque certainement oui, d’après les révélations d’une autre source. Il y aurait plusieurs valises de voyage, environ 10-12, qui contenaient des dollars, mais impossible d’ajouter un montant. Il semblerait que cet argent était destiné à lancer une banque de développement dans sa ville natale, Fort-Liberté, après la présidence. Cette information allait être corroborée par Renald Luberice, un ancien proche collaborateur de Jovenel Moise. Lorsqu’il rendait public le plan présidentiel de créer une banque. Cela dit beaucoup, car, il faut de l’argent, beaucoup d’argent même, pour mettre une banque sur pied.
Où sont passées les « valises de voyage » chargées de pognons ?
C’est une question pertinente. Le président, d’après les informations, fut assassiné aux environs d’une heure du matin. Le juge de paix est arrivé sur les lieux à 1 heure de l’après-midi pour procéder au constat légal du crime. Au cours de ces douze heures de temps, quels sont les hauts fonctionnaires de l’État qui étaient présents au domicile du président ?
Nous parlons de l’assassinat du premier personnage de la nation qui venait d’être tombé sous les balles assassines de mercenaires colombiens. Normalement, les hauts responsables de l’État devraient se trouver sur les lieux du crime. Je veux parler de : Claude Joseph (Premier Ministre), Leon Charles (directeur de la Police Nationale d’Haïti), Renan Etienne (Secrétaire d’Etat à la Sécurité Publique), Guichard Dore (Haut Conseiller présidentiel), Renald Luberice (secrétaire général du conseil des ministres), Ardouin Zéphirin (Conseiller Spécial) …Aucun d’entre eux n’était pas curieux ou homme d’état assez pour constater eux-mêmes l’assassinat de leur président de leurs propres yeux !
Il y a une source fiable qui m’a fait savoir que beaucoup de ces grands commis de l’état cités plus haut, se trouvaient en la résidence du premier ministre ai, le Dr Claude Joseph. Pourquoi n’étaient-ils pas chez le président assassiné ?
Il y a tellement de points obscurs autour du comportement des uns et des autres apres le meurtre, finalement on est en droit de s’interroger sur la qualification éprouvée de l’entourage présidentiel ? L’argent qui se trouvait dans la résidence présidentielle qui l’a empoché ?
D’autres informations pertinentes, venaient d’une sacro-sainte source, mentionnaient que Mr Erick Jean-Baptiste, brutalement assassiné, blanchirait de l’argent pour Jovenel Moïse. Au moins une fois par mois, « Neg Bòlet la » était chargé de gérer une curieuse transaction à l’aéroport de Port-au-Prince. Un petit avion en provenance de la République Dominicaine se posait sur la piste « Maïs Gâté » pendant environ deux heures de temps pour collecter des valises remplies d’argent. Aussitôt fini, l’avion repart vers son lieu de départ !
Cette affaire de valises chargées de pognons mérite d’être enquêtée là-dessus afin de déterminer le secret caché.
Les déclarations de Mr Antonio Palacios, actuellement emprisonné en Floride, laissent croire que le crime fit partie d’un vaste complot national et international. Le président lui-même était conscient du danger, si on croit l’ancien premier ministre, Laurent Lamothe. Ce dernier déclara sur CNN que « Le président était conscient d’une éventuelle menace d’assassinat et c’est pourquoi, ces derniers mois, il a rarement été vu en dehors de son domicile ». En quelque sorte, le président se cachait chez lui, quelle naïveté !
Si Jovenel Moïse ne se sentait pas en sécurité, il doit pertinemment savoir qui voulait sa peau. Pourquoi n’avait-il pas utilisé le plein pouvoir qui accompagnait la fonction présidentielle pour sécuriser sa personne et celle de sa famille ?
A ce propos, le « New York Times », dans sa livraison du 12 décembre 2021, fit état de la fameuse liste de narcotrafiquants que Jovenel Moïse relevait pour remettre au gouvernement américain. Le journal était sans appel, « Avant d’être assassiné en juillet, il avait commencé à dresser une liste de puissants politiciens et d’entrepreneurs impliqués dans le trafic de drogue en Haïti, avec l’intention de la remettre au gouvernement américain, d’après quatre hauts fonctionnaires et conseillers haïtiens chargés de rédiger le document ».
« Le président, d’après ces fonctionnaires, leur avait ordonné de n’épargner personne, pas même les faiseurs de rois qui l’avaient propulsé au pouvoir ». Tout le monde sait que Jovenel Moïse a été projeté au pouvoir par Michel Martelly et d’autres, sous-entend-on que l’ancien président Micky était mêlé dans le trafic de drogue ?
Cet article du « New York Times » est exceptionnel. Martine Moise, l’épouse du président assassiné a déclaré, et je cite : « Lorsque des hommes armés font irruption dans la résidence de M. Moïse et l’exécutent dans sa chambre à coucher, sa femme Martine Moïse est également touchée et gît dans son sang sur le sol, se faisant passer pour morte. Elle racontera comment les assaillants se sont mis à fouiller précipitamment la pièce et dans ses dossiers. « C’est ça », disent-ils au bout d’un moment avant de prendre la fuite ».
Cette liste, pour laquelle le président a été tué, contenait des noms de personnes impliquées dans le trafic de la drogue et des armes…le président était-il associé à eux ? Car, les mercenaires savaient exactement où aller pour recueillir la liste, probablement les valises d’argent aussi, cela dit long. On dirait un acte de trahison qui a déclenché une réaction revancharde de la part de puissantes victimes. Il semblerait que Jovenel était au cœur de toute une série d’affaires louches dans lesquelles de dangereux trafiquants y faisaient partie.
Il est encore tôt, Badio Joseph venait d’être arrêté et encellulé ; Antonio Palacios/John Joel Joseph…plaident coupables…on est en droit d’espérer que la lumière sera faite prochainement autour de l’assassinat odieux du président Jovenel Moïse. Les membres de sa famille, ses amis, ses partisans et tout le peuple haïtien seront heureux quand tous les auteurs, intellectuels et perpétrateurs seront sous les verrous.
Joel Leon
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