Nos bizarreries

Nos bizarreries

Narcise Jean-Baptiste

Boukan News, 04/03/2025 – Qu’Haïti est un singulier petit pays ou un pays bizarre (et non du trou du cul comme le prétend le sulfureux Trump) est une polyphonie. Tout le monde le dit. Entre inadéquation entre nos comportements communicationnels et nos actes, à proprement parler, l’incohérence bat son plein.

A commencer par des dirigeants qui semblent perdre la tramontane, l’incohérence fuse dans tous les sens. Après le feuilleton Ariel Henry, le CPT entre en scène. Douze mois plus tard, il ne parvient pas à freiner la progression des bandits qui gagnent davantage de territoires. La capitale, si c’en est encore une, est pratiquement aux mains des bandits. Et qui pis est, il a été recensé au cœur de Port-au-Prince plus d’une certaine d’institutions publiques inopérantes dont quelques-unes devront être relogées ailleurs. L’Etat qui court pour des criminels endurcis et irrécupérables, la question dépasse carrément l’entendement. En dépit de tout, les dirigeants clament qu’ils mettent tout en œuvre pour restaurer l’autorité de L’Etat. C’est à se demander si ces derniers comprennent la notion d’Etat et théoriquement et pratiquement.

Pendant que les bandits intensifiaient leurs attaques sur Port-au-Prince, le responsable du CPT était en pérégrinations dans le grand Nord. Était-ce le moment ? Je laisse au lecteur le soin d’y répondre.

Pendant que Mirebalais est à feu et à sang, des dirigeants loufoques procèdent au transfert du Parquet de Port-au-Prince, symbole de l’inopérationnalité de l’institution judiciaire. N’était-il pas nécessaire de reporter cette mascarade ? Au lecteur de répondre…

Des potentats du secteur privé, brasseurs de sous, rien de plus, concentrent leurs activités dans une capitale moribonde, pendant que les villes de province n’arrivent pas à s’alimenter en carburant. Pourquoi ne pas créer des pôles pour stocker du carburant pour en faciliter la distribution ? Un pôle à Fort-Liberté pour desservir les départements du Nord, Nord-est et Centre, un pôle au niveau de Miragoâne pour desservir les départements des Nippes, Sud, Sud-Est et Grand ‘Anse, un pôle aux Gonaïves pour l’Artibonite et le Nord-Ouest. C’est quoi, cette histoire de rareté de carburant pendant que d’autres gens peuvent investir dans le secteur ? A quand la fin des monopoles ? Il y a urgence que les affaires se démocratisent en Haïti. Il y aussi urgence qu’elles soient moralisées.

Des sanguinaires ou plus exactement des monstres froids s’en prennent à des gens paisibles prétendant qu’ils se battent pour eux.

Des enseignants, formateurs des caractères et des consciences, manifestent avec de la matière fécale dans les rues du Cap le 31 mars 2025 écoulé.  Quelle bizarrerie ! Il y a quelques années des parlementaires ont recouru à cette pratique. Le phénomène est courant. On s’en sert souvent pour badigeonner des murs.

Quant à nos interactions, elles sont, pour la plupart, irrationnelles. Les réseaux sociaux mettent en vogue une forme de délation indescriptible. On s’en sert pour dire n’importe quoi sur n’importe qui. La destruction des images et des réputations devient quasiment norme.  Jusqu’où peut-on aller avec une société pareille ?

Par le truchement de ces mots, je voudrais attirer l’attention des uns et des autres sur nos bizarreries. Nous serions condamnés à reproduire ces comportements si nous ne nous changions pas nous-mêmes.

Narcisse Jean-Baptiste 

narcissejeanbaptiste196@gmail.com

One comment

  1. Je félicite Monsieur Jean-Baptiste pour cet effort d’analyse de la situation malouk du pays. Une critique pertinente mais limitée car moraliste. En ne s’adonnant point a l’analyse structurelle, le texte débouche sur une vision pessimiste de l’avenir en depit de l’appel implicite a l’action.

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