Mr. Le premier ministre Ariel Henry, cette importante décision de mettre fin à la subvention du gaz, ne devrait-elle pas être l’œuvre d’un pouvoir légitime ?

Mr. Le premier ministre Ariel Henry, cette importante décision de mettre fin à la subvention du gaz, ne devrait-elle pas être l’œuvre d’un pouvoir légitime ?

« Le propre de la sagesse et de la vertu est de gouverner bien ; le propre de l’injustice et de l’ignorance est de gouverner mal ». (Platon)

Joel Leon

Pennsylvania, USA, 09/21/2022 – La décision d’augmenter les prix des produits pétroliers est une mesure cruelle pour le peuple qui est dépourvu de pouvoir d’achat. Le gaz, comme tout produit collatéral, touche toutes les pentes de l’économie, formelle et informelle. Spécialement, dans un pays qui a un taux de chômage dépassant les 50%, ou plus de 60% des citoyens vit en dessous du seuil de pauvreté, avec un taux d’inflation qui est à 30%…les citoyens ne survivront pas aux conséquences assassines de la soudaine fin de la subvention du gaz. Ils mourront de faim !

Cette importante décision devrait être l’œuvre d’un gouvernement légitime qui fonctionne à l’intérieur d’un système politique intégral. C’est-à-dire, qui s’incorpore dans les limites de la constitution de la république des pouvoirs régaliens d’état : législatif (sénateurs et députés) et judiciaire (juges de la Cour de Cassation…).

Toutefois, si Mr. Ariel Henry devait mettre fin à la subvention des 50 milliards de gourdes, il devrait procéder par étapes.

L’état faudrait fixer un plan de 3 à 5 ans avant d’arriver à l’élimination totale de la subvention. Dans un premier temps, le premier ministre pouvait réduire la subvention de 35%, puis d’un autre 35% dans une période de deux ans, ensuite de 30% avant d’y mettre totalement fin, tout cela prendrait une bagatelle de 5 ans.

Cela nécessiterait aussi un plan d’accompagnement pour alléger les conséquences de l’inflation sur les plus vulnérables de la société haïtienne. Car, sans aucune exagération, bientôt  elle avoisinera les 50%. Les actions d’apaisement pouvaient prendre plusieurs formes : la distribution régulière de l’eau et des kits alimentaires dans les bidonvilles, mettre des autobus à la disposition des ouvriers de la sous-traitance, des restaurants communautaires décents…Et, surtout la réinjection des 50 milliards de gourdes de la subvention dans l’économie à travers des activités convergées vers la création d’emplois. Il faut rappeler qu’au cours de l’année 2020, Jovenel Moïse, le président assassiné avait promis d’injecter l’argent alloué au parlement inexistant dans la construction de 10 lycées, soit un dans chaque département. Pas même un lycée n’a été construit avant le 7 juillet 2021. Donc, Mr. Le premier ministre, il y a des antécédents malheureux !

Avec l’intempestive précipitation dont Mr. Henry vient de procéder pour mettre fin à la subvention du gaz, cela peut créer des troubles irréversibles. Certains économistes et sociologues considèrent la décision comme un acte de condamnation à mort à plus de 60% de la population qui ne pourra plus manger. Ceux qui ont un emploi ou dépendent de proches qui vivent à l’étranger deviendront les cibles des gangs qui naîtront exponentiellement dans tous les coins du territoire. Le pays deviendra de plus en plus ingérable, invivable et sombrera dans le chaos total.

Mr. Ariel Henry, c’est le moment de faire appel à la sagesse et de pratiquer le sens de la mesure. Car, le Fonds Monétaire International et les autres organisations financières globales qui vous pressent de mettre cavalièrement fin à « l’état providence » en Haïti ne seront pas sur place pour faire face à la rébellion qui en découle de cette mesure. Il faut faire preuve d’un peu d’intelligence devant les diktats internationaux, ils sont en train de détruire la vie de plusieurs millions de personnes.

Ce qu’on constate aujourd’hui en Haïti ne va pas se stopper. Le climat d’insurrection se maintiendra comme la nouvelle normalité et fera partie intégrante du système social et économique. Ce sera la fin de l’État et la banalisation de l’autorité axée sur l’axiome « Ordre et Loi ». Le pouvoir politique se maintiendra dans un espace géographique réduit, le président ou premier ministre et d’autres commis de l’État seront perçus tout simplement comme des voleurs.

En ce temps difficile, il y a deux choix à faire: l’Idéal c’est d’annuler la décision de stopper la subvention des produits pétroliers et laisser au gouvernement légitime le soin de le faire. Ou procéder par étapes tout en mettant en place un système social d’accompagnement.

Joel Leon

Photo: National Public Radio-NPR

 

 

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