Membres du « Conseil Présidentiel », Leve Pye nou !

Boukan News, 04/28/2024 – Selon le « Forum Économique Mondial », d’ici 2050, la population mondiale atteindra 9.1 milliards de personnes, ce boom démographique va créer des situations difficilement gérables. Les experts prédisent que le secteur agricole mondial doit augmenter exponentiellement sa capacité de production à 70% afin de pouvoir nourrir la population mondiale. Ils parlent même de la nécessité d’une quatrième révolution industrielle pour parvenir à assouvir les appétits d’un monde de plus en plus affamé et demandeur. Les pays qui partagent la queue du classement mondial dans la pauvreté, tels que notre pays Haïti, sont exposés à des troubles sociaux incontrôlables. Car, le ventre vide ne pense pas mais agit dans l’aveuglette !
Selon l’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informations (IHSI), en 2050 la population d’Haïti atteindra les 16 millions d’habitants, ce qu’un expert des Nations-Unies a réfuté. Pour ce dernier, Haïti a déjà atteint ce chiffre, la population dépassera les 20 millions dans 25 ans. Je me réfère à toutes ces informations pour dire qu’il y a urgence dans la demeure, il faut agir vite et ceci dès aujourd’hui !
Le provisoire est une perte de temps
Le provisoire est une étape extrêmement limitée dans le temps qui consiste à s’occuper d’une seule chose. Dans le cas d’Haïti, le Conseil présidentiel a une seule mission, l’organisation des élections générales dans le pays pour revenir à l’ordre constitutionnel. Additionnellement, compte tenu de l’état de la sécurité nationale aucun suffrage n’est réalisable, sinon on risque de rééditer le massacre des électeurs de novembre 1987 à la ruelle Vaillant. Ensuite, il faut assainir la ville Port-au-Prince, en la nettoyant des débris des maisons brûlées, des tonnes d’immondices, de dégager les rues…en gros agir par des interventions concrètes pour relancer la vie.
Le provisoire n’a pas un mandat pour entreprendre de grands travaux structurels de développement économique. Donc, il est important de revenir à la légalité constitutionnelle le plus vite possible afin d’avoir la légitimité requise pour lancer le pays dans de grands travaux structurels. J’espère que les membres comprennent la guerre du temps déployée contre eux et le manque de légitimité et de représentativité au niveau national.
Des hommes politiques au pied du mur
Il semble que les élites nationales ne saisissent pas la profondeur du risque qui menace la société haïtienne. L’explosion du phénomène des gangs qui menace l’existence de la nation est l’expression de la politique « pèdi tan » des dirigeants haïtiens. Quoique le président Dumarsais Estimé avait déjà tracé le rythme par lequel le pays doit avancer pour sortir du sous-développement, on n’avait qu’à s’inspirer de son mandat présidentiel de quatre ans, 1946 à 1950. Les dirigeants haïtiens décidèrent de tout ignorer. Ils se recroquevillaient dans les pratiques « lèse grenen » inaugurées par le premier président Haïtien, Alexandre Petion. Le Conseil Présidentiel doit dépasser cette tradition défaitiste !
En dépit de la raison d’être du « Conseil Présidentiel », de la formation et de l’expérience de ses membres dans les affaires publiques du pays, on dirait qu’ils se laissent rattraper par cette lourdeur historique décrite plus haut.
Depuis quelques semaines, les conseillers présidentiels sont en place, j’ai appris qu’ils se réunissent quotidiennement pendant de longues heures, mais les résultats sont un peu maigres. Je sais qu’en Haïti nous souffrons de la scandaleuse absence de la culture d’exécution et du résultat depuis des décennies. Cependant, aujourd’hui le plus grand ennemi de la nation est le temps, parce que nous sommes trop en retard. Cela nécessite une attention spéciale à la gestion du temps, il faut faire bien beaucoup plus en un temps réduit. Il faut s’acclimater au nouveau paradigme systémique pratiqué par les grandes corporations internationales qui consiste à être pragmatique et productif en permanence. « The time is money » est la marque de fabrique de l’américain, il faut parvenir à développer une mentalité pareille, au moins pendant une période, pour combler ce vide énorme qui éloigne Haïti de ses pairs caribéens ou hémisphériques.
Le temps n’est pas en faveur du Conseil Présidentiel. La justification de cette prise de pouvoir dans les conditions que nous savons tous, dépend de la capacité du nouveau gouvernement à agir immédiatement en donnant des résultats quantifiables par des datas vérifiables.
Joel Leon
Photo: France-Antilles