Maryse Narcisse, l’exception d’une loyauté !
« La loyauté est un choix délibéré. Le sacrement suprême de l’amitié »
Par Joel Leon
Madame Narcisse n’a rien de narcissique chez elle. Parachutée au plus haut niveau de la scène politique haïtienne par Jean Bertrand Aristide, sa conception du pouvoir se limite exclusivement à son bienfaiteur. D’où sa loyauté inébranlable !
La loyauté est une denrée extrêmement rare en Haïti, on peut même parler de sa disparition. La misère est probablement l’élément essentiel qui empêche toute allégeance de longue durée aux choses et aux gens. Maryse Narcisse est un cas spécial qui mérite d’être considéré et compris.
Entre-temps, Mme Solange Aristide, la mère de l’ancien président est décédée en Floride à l’âge de 100 ans. C’est exactement en ces temps difficiles que les bons amis se manifestent. Dr Narcisse répond présente !
Maryse Narcisse, fidèle comme toujours, on l’a remarqué à l’aéroport au coté de l’ancien président, dans l’ambulance comme dans l’avion. Elle est infatigable. Très discrète mais déterminée, elle arrive à s’imposer comme la plus fidèle amie d’Aristide.
Avant Maryse Narcisse, il y avait une pléiade de gens autour d’Aristide. Presque tous s’étaient retournés contre lui. On peut citer quelques noms : Gérard Pierre-Charles, Rony Smarth, Yvon Neptune, Annette Auguste, René Preval, Evans Paul, Antoine Adrien…pour ne citer que ceux-là. A l’exception de père Gérard Jean Juste et Dr Maryse Narcisse…qui s’étaient restés allégeant à Aristide, tous sont partis avec fracas.
Pourtant, elle ne faisait pas partie du cercle des personnes qui assistaient aux premières heures de l’émergence du prêtre vers la proéminence. Elle était à New York. Il y a une source qui connaît beaucoup de cette histoire, il me confie que le processus qui s’était soldé par le kidnapping de février 2004 et le long exil d’Aristide en Afrique du sud sont deux événements importants qui allaient souder les deux à jamais.
Elle était la seule restante au pays parmi les anciens collaborateurs immédiats de l’ancien président qui rapportaient fidèlement ce qui se passait au sein du mouvement Lavalas à Jean Bertrand Aristide. Elle faisait régulièrement ce qu’il l’avait demandé d’accomplir. Elle ne prenait aucune initiative politique personnelle et ne s’aventurait dans aucune tentation démesurée vers le pouvoir.
Contrairement, les autres hommes influents du parti ne cessent de promouvoir leur agenda personnel. Ils veulent tous avoir la bénédiction de l’ancien président pour se porter candidat à la présidence. Quand Aristide jouait au chat et à la souris avec eux, ils devenaient impatients et planifiaient son limogeage de la direction politique du parti. Maryse Narcisse résistait et les dénonçait à Aristide, alors que ce dernier vit un exil brutal à Johannesburg.
Qui est Maryse Narcisse?
Elle est née en Haïti, à Pétionville en 1958. Elle est la mère d’une fille. Elle a une maîtrise en santé publique, étude complétée aux États-Unis d’Amérique à L’université de Tulane, dans l’État de Louisiane, dans la ville de New Orléans.
Elle a rejoint « l’Organisation Politique Fanmi Lavalas» en 1996. Ensuite, on la trouve au sein du cabinet particulier du président Jean Bertrand Aristide comme responsable des affaires sociales et sanitaires. Bien avant avoir été ministre conseiller à la mission permanente d’Haïti auprès des Nations-Unies.
Contrairement aux autres cadres haïtiens, elle n’est pas bavarde à propos de ses études. Quelqu’un de très proche m’a confié que madame Narcisse est une rude travailleuse et est très pragmatique. Elle ne tolère pas l’hypocrisie et la démagogie. Avoir un tempérament pareil en Haïti, a certainement causé des problèmes.
Madame Maryse Narcisse n’est pas aimée au sein de «l’Organisation Fanmi Lavalas Politique». Elle est souvent vilipendée de critiques par les membres de «Fanmi Lavalas». On la tolère parce que Jean Bertrand Aristide ne jure que par elle. Autrement, Maryse serait malhonnêtement longtemps mise à la porte depuis des années.
Honnêtement, il faut avouer que Maryse n’a pas l’étoffe d’une femme politique classique. L’un des atouts fondamentaux de tout professionnel de la politique, c’est la capacité de pouvoir communiquer les idées avec facilité aux autres. Cela n’a jamais été son point fort. C’est profondément paradoxal pour que l’héritière du plus grand orateur post-duvaliériste ne soit pas en mesure de faire une foule hurler à blanc.
Certainement, elle n’a pas le langage politique. Elle n’a pas le discours, le vocabulaire, le charme…ni l’enthousiasme d’une femme politique. Selon la source contactée pour écrire ce papier, elle est une ressource rare en matière de stratégie. Elle sait gérer et maintenir une bonne relation. Par-dessus tout, elle croit fermement au destin de grandeur de Jean Bertrand Aristide, donc le suivre comme dauphine correspond à un engagement astrologique. Elle est existée pour servir « The one » !
Quand Aristide fit choix de madame Narcisse comme candidate à la dernière présidentielle, je critiquais le choix. J’ai vu en lui une autre manifestation de l’autoritarisme qui avait toujours marqué l’homme politique haïtien. Le pouvoir politique est toujours personnel. Cependant, en jetant un regard en arrière sur le déroulement du jeu politique, je ne cesse de me poser la question, n’avait-il pas raison ?
Tous les compagnons d’Aristide l’ont trahi, à part quelques rares exceptions. On dirait que le rêve qu’il partageait relevait uniquement de sa personne. Qu’en est-il de la cause ? « Ils s’en foutent pas mal du nationalisme, de l’anti impérialisme, de l’option préférentielle pour les pauvres, de tout le monde autour de la table, de tout homme est un homme… ». Beaucoup de ses anciens compagnons rejoignent tous les gouvernements qui ont succédé le kidnapping de 2004, Gérard Latortue, René Préval, Michel Martelly, Jovenel Moise.
J’ai écrit tout ceci pour dire que le paysage politique haïtien est infecté d’un virus sinistre qui s’appelle la traîtrise. Elle est si active et présente, elle devient inhérente à la classe politique. Personne n’est avec personne. Tous les hommes politiques souhaitent devenir président, et ceci en même temps. Il est impossible d’élaborer aucun plan ni stratégie pour la prise du pouvoir dans ces conditions, c’est une question de survie au quotidien. Ce qui empêche d’avoir des organisations politiques dignes de ce nom et des militants sérieux et honnêtes. Tout le monde se soucie de bénéficier d’un plat de lentilles.
Quelqu’un me dit, faisant partie du gouvernement actuel, qu’un ministre a besoin de 3 mois pour amasser son premier million de dollars. Quel scandale !
En conclusion, un produit comme madame Maryse Narcisse est très rare dans la politique haïtienne. Aristide l’a bien compris, après avoir reçu tant de coup-bas, tant en Haïti qu’à L’étranger, il est arrivé à L’ultime conclusion que la loyauté est le seul segment Vital qui assure la survie en politique. Il s’attache à elle comme une puce au dos d’un chien.
Joel Leon
Je l’ai toujours dit, cette femme a quelques choses de très spéciale et ce texte le confirme. Je me sens heureux de prendre tout le temps pour lire mot par mot pour apprendre à aimer beaucoup plus Mme Narcisse parce qu’Aristide le grand est mon idole en matière politique, il le restera pour toujours. Malgré mon jeune âge, j’ai fouillé, j’ai cherché partout pour connaitre la vérité sur le kidnapping de 2004. C’est rare la loyauté chez nous Haïtiens, félicitations à vous Joel Leon pour ce texte.
Wooowww c’est touchant et inimaginable ! Que Dieu les garde!