L’Espoir Final d’une Nation Devient sa Plus Grande Déception

BOUKAN NEWS, 06/21/2025 – Quand le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) d’Haïti a prêté serment au Palais National le 25 avril 2024, il était salué comme la dernière option démocratique du pays—une chance finale de tirer la nation de l’abîme du chaos et de restaurer un semblant de gouvernance. Près d’un an plus tard, le CPT se dresse comme un monument à l’échec institutionnel, ses promesses aussi vides que les rues de Port-au-Prince qui ont été abandonnées au contrôle des gangs.
Les chiffres racontent une histoire dévastatrice que la rhétorique du CPT ne peut obscurcir. Les statistiques de juin 2025 sont terrifiantes : 1,3 million de personnes déplacées à l’intérieur d’Haïti, soit une augmentation de 24% depuis décembre 2024. Au moins 5,601 personnes tuées l’année dernière, 2,7 millions d’Haïtiens vivent sous contrôle des gangs. Plus de 300 groupes criminels transforment notre pays en champ de tueries et de tortures.
Ce ne sont pas de simples statistiques ; elles représentent des pères, des mères, des enfants et des aînés dont les vies ont été fauchées pendant que le CPT s’engageait dans du théâtre politique. L’expansion géographique de l’influence des gangs a explosé sous la surveillance du CPT. Là où les organisations criminelles étaient autrefois largement confinées à des quartiers spécifiques de Port-au-Prince, elles contrôlent maintenant environ 80% de la capitale et ont étendu leur portée à travers le pays créant une crise humanitaire que le CPT reconnaît dans les conférences de presse mais échoue à aborder avec des actions concrètes.
Le Mensonge de l’Incompétence Policière : La Surdité Délibérée aux Cris du Peuple
L’aspect peut-être le plus insidieux de l’échec du CPT est leur façon constante de faire de la Police Nationale d’Haïti (PNH) un bouc émissaire. Les membres du conseil blâment régulièrement “l’incompétence” policière et le “manque de ressources” pour la crise sécuritaire—un narratif cynique qui ignore délibérément les cris désespérés des citoyens haïtiens qui pointent du doigt la véritable source du problème : l’incompétence flagrante du CPT lui-même.
Cette désinformation systématique révèle une surdité volontaire aux appels du peuple haïtien. Quand les citoyens manifestent, quand les organisations civiles dénoncent, quand les voix se lèvent pour exiger des comptes—le CPT répond par le silence assourdissant de l’indifférence et la propagation de mensonges pour couvrir ses propres défaillances.
La vérité que le CPT refuse d’entendre est que la PNH a été systématiquement minée non pas par ses propres défauts, mais par l’incapacité du CPT à fournir un leadership cohérent, une vision stratégique, ou une communication efficace. Les policiers ne peuvent pas fonctionner efficacement quand ils reçoivent des ordres contradictoires de différents membres du conseil, quand les ressources promises ne se matérialisent jamais, et quand leurs opérations manquent de soutien politique coordonné.
Un Conseil Divisé Contre Lui-Même : L’Effondrement de la Dernière Espérance
Le dysfonctionnement interne du CPT a été exposé au grand jour tout au long de son mandat—une exhibition publique d’incompétence qui a brisé les derniers vestiges d’espoir dans le cœur des Haïtiens. La présidence tournante—un système conçu pour assurer le partage du pouvoir—a plutôt créé une porte tournante de leadership qui empêche toute mise en œuvre de politique soutenue.
L’épisode le plus révélateur s’est produit quand Leslie Voltaire a assumé la présidence en octobre 2024, et son prédécesseur Edgard Leblanc Fils a refusé de signer le décret ratifiant le transfert—illustrant parfaitement la politique mesquine qui a paralysé l’institution. Cette scène pathétique de dirigeants se chamaillant pour le pouvoir pendant que la nation saignait a résonné comme un coup de marteau sur le cercueil de l’espoir haïtien.
Les récentes admissions venant de l’intérieur du CPT lui-même exposent la profondeur de son dysfonctionnement. Les avertissements du membre du CPT Frinel Joseph concernant l’effondrement imminent de l’institution sous les conflits internes révèlent ce que beaucoup d’Haïtiens soupçonnaient depuis longtemps : le Conseil est plus concentré sur les luttes de pouvoir internes que sur la gouvernance.
L’Assourdissante Indifférence face aux Souffrances du Peuple
Ce chaos interne a des conséquences réelles et mortelles. Pendant que les membres du conseil s’engagent dans des manœuvres politiques, 5,4 millions d’Haïtiens font face à une insécurité alimentaire grave, avec 2 millions au bord de la famine. L’économie gît en ruines, les ports clés restent fermés, et les services de base se sont effondrés.
Les cris de détresse du peuple haïtien tombent dans les oreilles sourdes d’un CPT obsédé par ses propres querelles. Chaque appel à l’aide, chaque manifestation de désespoir, chaque supplication pour une gouvernance efficace rencontre le mur impénétrable de l’indifférence institutionnelle du Conseil.
La réponse du CPT a été de tenir des réunions, d’émettre des déclarations, et de blâmer les facteurs externes—jamais d’accepter la responsabilité de ses propres échecs catastrophiques. Cette approche révèle non seulement une incompétence crasse mais une arrogance stupéfiante face aux souffrances du peuple qu’ils ont juré de servir.
Le Plan Cohérent Qui N’Est Jamais Venu : L’Abandon de Tout Espoir
Le CPT était supposé fournir le plan de gouvernance cohérent dont Haïti avait désespérément besoin. Au lieu de cela, il a livré un cours magistral d’incompétence institutionnelle. Il n’y a pas de stratégie unifiée pour aborder la violence des gangs, pas de plan de relance économique, pas de feuille de route pour les élections promises qui mettraient fin à cette transition.
L’incapacité du conseil à coordonner avec les partenaires internationaux a encore aggravé la crise. La Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité, qui était supposée soutenir les forces de sécurité haïtiennes, a eu du mal à se déployer efficacement en partie à cause des messages contradictoires du CPT et du manque d’orientation stratégique claire.
Cette paralysie politique n’est pas simplement un échec de gouvernance—c’est une trahison active de la confiance du peuple haïtien. Chaque jour perdu en querelles internes est un jour de plus de souffrances pour des millions de citoyens qui avaient placé leurs derniers espoirs dans cette institution.
Le Coût de l’Espoir Volé : Le Silence Face aux Cris
Le plus grand crime du CPT pourrait être l’espoir qu’il a volé au peuple haïtien—et sa surdité délibérée aux cris de détresse qui résonnent à travers le pays. Quand il a été établi, beaucoup croyaient qu’il représentait une opportunité authentique de renouveau démocratique. Au lieu de cela, il est devenu une autre institution échouée qui a approfondi le cynisme concernant la possibilité d’une gouvernance efficace.
Les voix haïtiennes—celles des mères qui pleurent leurs enfants assassinés, des commerçants ruinés par l’insécurité, des étudiants privés d’éducation, des malades sans accès aux soins—toutes ces voix crient dans le vide. Le CPT a choisi de faire la sourde oreille à cette symphonie de souffrances, préférant l’écho de ses propres disputes politiques.
Chaque jour que le CPT continue d’échouer, plus d’Haïtiens perdent foi dans les institutions démocratiques. L’incapacité du conseil à livrer sur son mandat de base—préparer des élections et maintenir la sécurité—a créé un vide que les organisations criminelles ont avidement comblé.
Assourdissant du Désespoir National
L’échec du CPT résonne à travers chaque coin d’Haïti comme l’écho d’un espoir brisé. Dans les rues désertes de Pétion-Ville, dans les bidonvilles assiégés de Cité Soleil, dans les campagnes abandonnées—partout, le même cri se fait entendre : “Nou pa kapab ankò!” (Nous ne pouvons plus supporter cela !)
Mais ce cri, aussi perçant soit-il, se heurte au mur de l’indifférence du CPT. Les membres du conseil, enfermés dans leurs querelles de palais, ont perdu tout contact avec la réalité du peuple qu’ils prétendent représenter. Ils ont transformé la gouvernance en spectacle, l’espoir en désespoir, et la confiance en mépris.
Cette surdité institutionnelle n’est pas accidentelle—elle est systémique. Elle révèle un CPT qui a choisi de servir ses propres intérêts plutôt que ceux de la nation, qui a préféré les privilèges du pouvoir aux responsabilités du service public.
Conclusion : La Dernière Option Qui N’en Était Pas Une
Le CPT était vendu comme la dernière option démocratique d’Haïti, mais il s’est avéré n’être rien de plus qu’une continuation de la même politique échouée qui a mis le pays à genoux. Son héritage sera mesuré non pas dans les promesses qu’il a faites, mais dans les vies perdues pendant qu’il poursuivait du théâtre politique au lieu de la gouvernance.
L’histoire retiendra que quand le peuple haïtien criait le plus fort, le CPT était le plus sourd. Quand la nation avait le plus besoin de leadership, le CPT offrait des querelles. Quand Haïti suppliait pour l’espoir, le CPT livrait le désespoir.
Haïti mérite mieux qu’un conseil qui ne peut gouverner, des dirigeants qui ne peuvent diriger, et des institutions qui ne servent qu’elles-mêmes. Le peuple haïtien mérite d’être entendu, ses cris méritent une réponse, et ses souffrances méritent d’être soulagées.
Le CPT a eu sa chance et l’a gaspillée de manière spectaculaire. Le temps des excuses, du rejet de la responsabilité, et des promesses vides est passé. La question n’est plus de savoir si le CPT réussira, mais combien de dégâts supplémentaires il causera avant de finalement admettre son échec et de céder la place.
Le cri du peuple haïtien continue de résonner, assourdissant dans sa clarté : “Assez !” Il est temps que quelqu’un l’entende et y réponde.
Pierre Richard Raymond.
Sources: OIM, ONU-OHCHR, Reuters (juin 2025)
Nations Unies OHCHR 2024-2025
Haitian Times April 8, 2024. https://warontherocks.com/2025/04/haiti-is-a-political-and-criminal-crisis-that-should-not-be-ignored/
Photo: www.I-express.ca
This article is very interesting and informative. I am so afraid for my countrymen, we need better leaders .