Les élections inclusives, crédibles et sincères : une gageure titanesque

Boukan News, 12/14/2024 – Dès le début du mois d’avril, j’avais exprimé, dans l’une de mes tribunes, l’impossibilité de tenir des élections souveraines à la fin de l’année prochaine, soit l’année 2025. Outre les problèmes politiques créés par la forme du pouvoir exécutif que nous expérimentons, conséquences des lubies de biens de politiques, il y a également les innombrables phases pratiques du processus qui ne manqueront pas de produire des difficultés techniques et autres. Il faut absolument les surmonter. Ils sont incontournables, on ne peut faire l’impasse sur ces points ou étapes du processus. Ils sont à régler et à résoudre immanquablement sinon l’édifice s’écroulera.
Je m’étais clairement exprimé, sans prétention aucune, par contre, péremptoirement, savoir que les élections ne peuvent être réalisées qu’à la fin de l’année 2026……Dans le meilleur des cas ! Là encore, Je deviens de moins en moins certain, depuis quelque temps.
Ce dont tout le monde, ou presque, est certain, c’est qu’il n’y aura pas un président élu qui prêtera le serment présidentiel le 7 février 2026.Ce dont tout le monde est absolument certain, c’est que le fauteuil présidentiel n’est pas réglé pour un second tour. La roue cessera de tourner le 6 février 2026.
le suivant ….kiyès ki te la avan chita chita ;
le suivant…..,ou te pase deja wi ou menm, wap vinn doublé :
le suivant chita chita ».
Ni le suivant ni au suivant ……….
Ce cauchemar aura pris fin à cette date précise ………
Alors, qui occupera le fauteuil présidentiel au Palais National, siège de la présidence haïtienne? Ce n’est point le propos ici, les citoyens y penseront …….s’ils sont des hommes et des femmes. Ne sont-ils pas des héros et des héroïnes sur les réseaux sociaux ? En réalité, si je m’évertue à écrire sur le sujet, une nouvelle fois, c’est parce que, sur un groupe WhatsApp de mes fréquentations, ce sujet a été l’objet de sérieuses discussions au cours de la semaine dernière. Alors je me suis dit pourquoi ne pas l’approfondir. J’ai contacté mes précieuses et incontournables sources et je me suis mis à la lecture des multiples articles que j’eus à écrire sur le sujet sous différents angles (au moins 8 années, depuis 2012 et ce jusqu’à 2021).
C’est toujours une préoccupation chez moi depuis ces fameuses élections de 2010. Une pré condition non négociable est impérative pour débuter un processus électoral en Haïti. Il s’agit du rétablissement de la sécurité publique et corolairement la libre circulation des vies et des biens sur tout le territoire.
Activités préparatoires à l’organisation d’élections crédibles.
1- Certaines opérations électorales (identification, transport de matériels sensibles ou non sensibles, recrutement et formation du personnel …) sont impossibles si les voies de communication terrestre ne sont pas libres d’accès, celle aérienne également, même quand elle est utilisée moindrement.
Cela prendra un MINIMUM de 6 MOIS.
2- Mise à jour du registre national d’identification par l’ONI (carte DERMALOG) (MINIMUM 4 MOIS)
- Aux dernières élections de 2016, le Corps électoral était estimé à 6,2 millions d’électeurs.
- En 2023, les citoyens identifiés par l’ONI avec la nouvelle carte DERMALOG étaient de 5,3 millions.
- c) En 2025, l’ONI doit au préalable publier les données sur le nombre de cartes émises en 2024.
- d) Des élections inclusives et crédibles ne peuvent se concevoir avec un corps électoral inférieur à 6,2 millions d’électeurs.
3 – Mise à jour du registre national par le CEP (MINIMUM 6 MOIS).
- a) Assignation des citoyens identifiés aux bureaux ou centres de vote proche de leur résidence.
- b) Suivant l’article 34 du décret électoral de 2015, la liste électorale est fermée 90 jours avant la tenue du scrutin.
- c) En 2011, à la suite du tremblement de terre du 12 janvier 2010, le CEP avait mis en place des Centres d’opération et de vérification (COV) pour faciliter l’inscription des déplacés internes sur les listes électorales.
- d) Réaffectation des déplacés internes estimés en octobre 2024 par l’ONU à près de 700,000 personnes.
4 – Remise en marche des structures déconcentrées du CEP, à savoir les BED, les BEC en état de dysfonctionnement depuis près 8 ans. (MINIMUM 4 mois).
- a) Infrastructure physique (local)
- b) Matériels
- c) Arriérés de salaire du personnel en place depuis 8 ans.
Un calendrier du temps qui sera imparti aux points suivants est calculé de manière compacte.
5- Recrutement sur concours du personnel des BED et des BEC
6- Élaboration et publication du décret électoral.
7- Inscription des partis politiques.
8- Inscription des candidats.
9- Contestation.
10- Période de campagne.
11- Fabrication des matériels sensibles (Bulletin et PV)
12- Premier tour du scrutin.
13- Publication des résultats.
14- Contentieux.
15- Deuxième tour.
16- Publication des résultats.
17- Contentieux.
18- Publication des résultats définitifs
Les expériences répétitives enregistrées dans le passé m’autorisent à croire que ces étapes à boucler nécessitent une période allant de 10 à 12 mois.
De ce qui précède, nonobstant compression ou chevauchement d’étapes ou phases (certaines ne sont pas tout simplement compressibles), subséquemment, les élections projetées pour l’automne 2025 ne pourront avoir lieu en automne 2027
Si je dois ajouter un processus comprenant une phase d’apaisement (et même de thérapie socio- psycho-politique) à cette phase électorale à proprement parler, sans hésitation aucune j’affirmerai que les élections se tiendront à la fin de l’année 2027.
Encore que j’aie choisi de ne tenir compte d”aucune considération politique ou connexe à la politique. Je pense ici à la Conférence nationale et le Referendum constitutionnel en particulier. Et le plus important de mon point de vue, certes non étatique complètement, car sociétal surtout : le climat d’apaisement, de sérénité si indispensable, est un préalable au lancement même du processus électoral.
LES ÉLECTIONS DE LA PAIX, LA PAIX POST ÉLECTORALE
Les élections à venir seront complexes et difficiles à réaliser. Je vous dispense de mes inclinaisons ou commentaires politiques en relation avec ces joutes à venir et dans les conditions dans lesquelles elles peuvent ou non se tenir.
On peut et on doit se serrer les coudes et changer certaines attitudes et habitudes politiques. On devait pouvoir se dépasser pour la nation. On doit s’atteler à le faire, on a le temps pour cela.
POURQUOI SE PRESSER ?
On veut des élections inclusives, honnêtes et crédibles ou des bacchanales explosives pendant la campagne, après la publication des résultats, après l’installation des élus et durant la tenure de ces autorités?
NOUS DEVONS CESSER DE POURSUIVRE CETTE QUÊTE FRENETIQUE DE DESTRUCTION DU PAYS PAR DES ELECTIONS. RIEN NE PRESSE…… CETTE FOIS-CI .
TIRONS LEÇONS DE NOS TURPITUDES ET DE NOS IMMENSES BÊTISES. OBSERVONS PLUTÔT NOTRE DEVENIR DE PEUPLE!
QUE LEGUERONS NOUS AUX GENERATIONS FUTURES ?
Il n ‘y aura pas d’élections portant les qualités spécifiques décrites au titre de cette réflexion dans ce pays ni en 2025, ni en 2026.
Tout concourt à la tenue de ces élections en 2027. Ce qui changera très certainement d’ici bien avant cette année de 2027, sera la nature du pouvoir exécutif provisoire car le mandat du CPT-cobaye- et tout son attirail prend fin le 6 février 2026.
Rony Mondestin
Convention Souveraine 2054