Le président William Ruto en visite d’État à Washington pour profiter d’Haïti !

Boukan News, 05/13/2024 – Karine Jean Pierre, la secrétaire de presse de la maison blanche, annonçait depuis le 16 février dernier la visite du président Kenyan en ces termes : « Le président Joe Biden et la première dame Jill Biden accueilleront le président William Ruto et la première dame Rachel Ruto de la République du Kenya pour une visite d’État aux États-Unis le 23 mai 2024. »
Il faut noter qu’il s’agit d’une visite d’état, cela dit que c’est Joe Biden lui-même qui a décidé d’inviter William Ruto à Washington pour des discussions de haut niveau dans la capitale fédérale. En général, le protocole est un peu différent d’une visite officielle et consacre la coopération et l’amitié entre les deux peuples.
La note de presse qui annonçait la visite ne pouvait être plus claire aux initiés de la diplomatie : « La visite confirmera notre partenariat stratégique avec le Kenya et renforcera la vision exposée lors du Sommet des dirigeants États-Unis-Afrique : le leadership africain est essentiel pour répondre aux priorités mondiale ». Donc, la république du Kenya fait partie d’un plan stratégique du gouvernement américain a un moment ou la Chine et la Russie, ses deux redoutables adversaires, étendent exponentiellement leur influence africaine. Donc, on peut se poser la question, Kenya, va-t-il remplacer l’Afrique du Sud qui, avant la fin du régime d’apartheid, constituait l’allié sûr des Etats-Unis dans tout le continent africain ?
Qu’est-ce que Ruto à gagner dans cet axe stratégique américano-kenyan ?
Pour répondre à cette question, j’ai dialogué avec un journaliste kényan, mais il veut rester dans l’anonymat. Pour lui, William Ruto est le plus intelligent des chefs d’État africains actuels. Il a une vision très moderne du monde et sait comment se faire des amis internationaux et est prêt à en profiter au maximum. Donc, il est correct de dire que Ruto a un plan lorsqu’on considère que la politique est « who gets what, when and how ».
À la fin du mandat du secrétaire général des Nations-Unies, le portugais António Manuel de Oliveira Guterres, il est question de le remplacer par un africain. William Ruto veut que ce soit lui. Ainsi, Il entend profiter au maximum de la crise haïtienne actuelle pour matérialiser son ambition politique démesurée sur le plan international. Il veut être le prochain secrétaire général des Nations-Unies. Le succès de la « MMS » en Haïti est essentiel pour renforcer son résumé comme celui qui avait traversé 7546 kilomètres carrés pour maintenir la paix dans un pays de l’Amérique, ce qui est une grande première. Il faut noter aussi la participation antérieure du Kenya dans des missions de paix au Liberia, au Timor Oriental et dans l’ex-Yougoslavie.
Nul ne peut être secrétaire général de l’ONU sans l’aval des Etats-Unis d’Amérique. Ce pays est le plus grand contributeur financier de la plus grande organisation mondiale, donc il jouit d’un droit non-écrit de faire et de défaire à sa guise. Donc, la rencontre entre Joe Biden et William Ruto a une importance capitale pour son futur sur l’échiquier international, qu’en est-il de l’administration américaine ?
Joe Biden et les élections de novembre
Joe Biden a tout à gagner pour pacifier Haïti avant les élections présidentielles de novembre prochain. Parce que, « you broke it, you own it ». Il traîne derrière Donald Trump dans tous les sondages, spécialement au niveau des « swing States ». Il a besoin d’une victoire diplomatique pour calmer les nerfs de millions d’américains qui ont peur d’un potentiellement déversement de millions d’haïtiens dans l’État de la Floride. Car, l’immigration fait partie des trois plus grandes préoccupations du peuple américain. Donc, Joe Biden a intérêt à agir vite pour rétablir la sécurité en Haïti avant les élections afin de bénéficier des votes des sceptiques.
De plus, Donald Trump, le candidat républicain en 2016, utilisa beaucoup l’échec de « Clinton Fondation » en Haïti, résumé dans ce fameux livre, « Clinton Cash », pour acculer sa rivale démocrate a l’échec, Mme Hilary Clinton. Va-t-il utiliser la même méthode pour embarrasser Joe Biden aujourd’hui, autour de la gangstérisassion d’Haïti ? On ne le sait pas encore. Cependant, Trump est extrêmement aguerri et motivé, il n’hésitera devant rien pour reprendre le contrôle de la maison blanche.
William Ruto, se veut un leader global
William Ruto, dans son rêve de leader global, présente le Kenya comme un État doté d’un « devoir de solidarité envers toutes les personnes afro-descendantes à travers le monde ». Une volonté qui dépasse beaucoup de leaders africains, y compris Mouammar Kadhafi. Il se place dans la lignée de Kwame Nkrumah, Patrice Lumumba…la crise haïtienne peut-être la manette de cette ascendance intercontinentale dont il a besoin.
C’est ainsi que rien n’est laissé au hasard. L’épouse du président Ruto, madame Rachel Ruto, a établi des contacts téléphoniques, via des réseaux protestants, avec Jimmy Cherizier, dit Barbecue, le chef et porte-parole du groupe « G-9 en famille ». Cette entreprise de la première dame du Kenya peut être interprétée comme un sentiment d’inquiétude qui traverse l’administration de Ruto sur la possibilité que des agents kenyans soient tués par les gangs. Je me souviens avoir adressé ce problème avec un ancien candidat à la présidence et chef de l’opposition du Kenya, Mr Ekuru Aukot, il m’avait déclaré froidement : « Je ne sais pas, mais en considérant le niveau de violence délivré par les gangs, tout peut arriver aux soldats kenyans ». Ainsi, à travers son épouse, il entend anticiper les événements en prenant les initiatives lui-même, car il redoute un échec de sa mission en Haïti. Ce serait la fin d’un rêve !
De toute évidence, l’idée d’envoyer des troupes en Haïti est très impopulaire au Kenya !
D’après ce même journaliste, des contacts sont déjà établis entre le gouvernement de Ruto et le « Conseil Présidentiel de Transition ». L’ambassadeur américain en Haïti a confirmé que plus de soldats Kenyans seront sur le sol avant la fin de ce mois de mai. En fait, il s’agit d’un renforcement, parce qu’il y a déjà environ 300 kenyans présents à Port-au-Prince, ils travaillent dans le domaine du renseignement et d’assistance technique à la PNH.
Joel Leon