L’alliance politico-gang est immorale et machiavélique !

L’alliance politico-gang est immorale et machiavélique !

Joel Leon

Boukan News, 03/05/2024 – Avant même l’éclatement de la « révolution » de Guy Philippe, le 7 février dernier, un accord a été déjà conclu entre les jovenelistes, Pitit Dessalines, Jeantel Joseph, Guy Philippe et d’autres boulimiques de la classe politique avec les principaux chefs de gangs, notamment Barbecue. L’objectif n’a pas été changé de la tradition bicentenaire, s’accaparer du pouvoir politique pour s’enrichir. Les incrédules qui s’illusionnaient encore sur les motivations des politiciens haïtiens, aujourd’hui vous êtes tous servis. Mais, je vous garantis que le peuple haïtien ne s’inscrira jamais dans cette logique infâme de gouverner le pays de Jean Jacques Dessalines sous la dictée des gangs de la capitale.

L’organisation « Réveil National », l’ombrelle politique de Guy Philippe, que dirige l’ancien responsable du BSAP, Jeantel Joseph, n’était plus que claire dans une déclaration rendue publique. Guy Philippe dirigera un Conseil de gouvernement avec la participation de deux autres laquais : madame Françoise Saint-Vil Villier et le juge Durin Duret Junior.

Moise Jean Charles

Cependant, je ne peux m’empêcher de m’apitoyer sur le fait que Moise Jean Charles est plus confortable de signer un accord politique avec Barbecue, le boucher de La Saline, selon Pierre Espérance, qu’Ariel Henry. Ce chef de gang, est-il plus fréquentable que le neurochirurgien ? La politique en Haïti est extrêmement bizarre. C’est la démence qui dicte sa loi dans les réflexions de la majorité de nos hommes politiques ! Honnêtement, c’est répugnant de voir les futurs « statemen » de mon pays afficher des comportements aussi vils qu’indécents !

La revendication du pouvoir politique par Guy Philippe représente un coup dur pour les assoiffés de pouvoir !

Ceux qui se préparaient à écarter Guy Philippe du pouvoir, comme ce fut le cas en 2004, qu’ils se désillusionnent. L’homme de Pestel a pris toutes les dispositions pour qu’il ne soit plus manipulé une deuxième fois par les véreux de la place.  Et, Moïse Jean Charles, que représente Françoise Saint-Vil dans le conseil exécutif en gestation, est allé très loin ce 5 mars 2024, pour déclarer sur les ondes de la radio Caraïbes, que tous les criminels, les raquetteurs, les violeurs, les kidnappeurs…bénéficieront d’amnistie générale. En quelque sorte, Barbecue, Izo, Lanmò sanjou, Vitelhomme, Tilapli…seront récompensés à travers cet accord mafieux, faisant l’apologie du crime organisé.

Matthew Miller

Entretemps, le premier ministre est bloqué à Miami après avoir essuyé un sérieux revers du gouvernement américain qui lui a refusé de l’aider, via l’armée américaine, pour qu’il revienne en Haïti. En même temps, le porte-parole du département d’Etat, Matthew Muller, a déclaré en réponse à une question : « Nous croyons savoir que le Premier ministre reviendra au pays. Nous pensons qu’il est important qu’il le fasse et qu’il soit autorisé à le faire ». Beaucoup d’observateurs s’interrogent sur la vraie position des Etats-Unis en ce moment chaotique en Haïti, avec le premier ministre haïtien immobilisé sur son territoire. À rappeler qu’Ariel Henry, jusqu’à hier encore, jouissait du soutien total de la communauté internationale. Un contact m’a dit d’être patient, parce que la position américaine sera bientôt connue sur ce dossier, donc, on attend ! Toutefois, les rumeurs les plus folles se déferlent sur le pays, plusieurs présidents provisoires sont en vue, sans oublier des dizaines de cabinets ministériels…

On a appris aussi qu’il y a déjà des déçus. Au sein de la coalition anti Ariel, tous les acteurs ne s’adhèrent pas au projet de placer Guy Philippe a la présidence. Au moins, un interlocuteur anonyme a confié que : « cette décision n’a pas été discutée et je m’étonne de voir l’ancien sénateur s’aventurer dans une logique mort-née pareille ». Il faut être patient, bientôt les langues commenceront par être diluées. Quelqu’un finira par cracher les morceaux !

Evelyne Sincere

Avant de finir ce papier, je m’interroge sur la « ragione politica » qui guidait Moise Jean Charles, au moment de prendre la décision d’amnistier les assassins des masses populaires. J’imagine que cela devrait être difficile pour lui de cracher, en toute âme et en toute conscience, sur les cadavres des milliers de citoyens et de citoyennes du pays. Je pense personnellement à Evelyne Sincère, cette belle/intelligente jeune dame âgée seulement de 22 ans. Père de 3 filles moi-même, je vais prêter l’impeccable reportage de Roberson Alphonse du journal « Le Nouvelliste », pour exprimer ma peine : « Elle a été battue à mort », a confié au Nouvelliste le juge de paix. Particulièrement troublé, le magistrat souligne avoir relevé des ecchymoses au niveau du bras gauche, du dos, des fesses de la jeune fille. Elle a été battue au niveau de la plante de son pied droit. « Son vagin était enflé », a poursuivi Jean Flaury Raymond, qui n’écarte pas l’hypothèse de viol à répétition d’Evelyne Sincère. Sur les lieux, la sœur de la victime, Enette Sincère, dévastée, fait le récit de ses conversations avec les kidnappeurs qui ont exigé 100 000 dollars avant d’accepter 15 000 gourdes.  « Il a appelé pour dire qu’il n’attendrait pas lundi parce qu’il n’y a pas de place », a expliqué Enette Sincère, qui n’en finissait pas de répéter à des journalistes qu’elle avait intercédé, « demandé grâce pour sa seule petite sœur, sa princesse ». « J’ai demandé grâce et indiqué que j’apporterais l’argent après avoir fait des pirouettes », a expliqué Enette Sincère. Elle est revenue sur cette dernière conversation avec sa sœur, elle l’avait rassuré qu’elle ferait tout pour rassembler l’argent. »

Nul ne pouvait faire mieux que Roberson Alphonse !

Mon humanité ne me permettra jamais de cracher sur les cadavres des frères et sœurs de mon pays pour parvenir au pouvoir en amnistiant les perpétrateurs. Toutefois, je comprends que la société haïtienne, à un certain point, doit se réconcilier avec elle-même, car eux et nous, sommes tous des fils d’Haïti. Cependant, pas avant de les désarmer, d’exprimer regrets et remords, d’être jugé/condamné et purgé une partie de leur peine.

Joel Leon

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