La ville de Port-au-Prince, est-elle récupérable ou réparable ?

La ville de Port-au-Prince, est-elle récupérable ou réparable ?

Joel Leon

Boukan News, 04/26/2025 – Hier soir, ne pouvant pas dormir, j’ai passé des heures à regarder des vidéos dans lesquelles se dépelotonnait la plus répugnante désolation.

Commençons par mon quartier, Carrefour-Feuilles, connu pour sa résistance historique à l’oppression. Actuellement, la situation est critique ; il y a des pertes importantes en vies humaines et en biens matériels. La rue a subi des dommages considérables dans les affrontements violents impliquant des gangs. Ces gangs ont creusé des trous importants au milieu d’un pont dont les deux extrémités sont obstruées par des amas de débris. Cela rend tout passage extrêmement difficile, même pour les chats.

En observant attentivement la vidéo, il apparaît que certains groupes semblent avoir développé une expertise particulière dans l’art de bloquer les routes. Ces actes de perturbation et de vandalisme sont exécutés avec une précision qui ne peut être attribuée à des amateurs. Il serait pertinent que les journalistes, lors d’interviews avec Tilapli et ses lieutenants, s’enquissent de l’existence éventuelle d’une institution dans la 3e circonscription dédiée à l’apprentissage systématique de telles compétences destructrices.

De l’autre cote, les gangs arrivent à creuser des passages de plusieurs kilomètres à l’intérieur des maisons vidées de leurs occupants sans jamais avoir à mettre les pieds dans la rue. Ils défoncent les murs des maisons en utilisant des pioches en acier jusqu’à créer des corridors qui les servent de cachettes et de retraites quand ils affrontent les forces publiques. Un ami m’a raconté comment les hommes armés transforment sa maison de 4 étages en un gigantesque dépôt de minutions.

Tout au long de la route des dalles, la vidéo montre des habitations partiellement ou totalement détruites par le feu, même des arbres sont consumés par les flammes. Seuls quelques chiens errants se déplacent dans cette jungle tropicale marquée par la solitude et le silence. Ces animaux semblent involontairement devenir les nouveaux maîtres des lieux.

Ce matin, j’ai visionné une vidéo de la rue d’Ennery, que je connais bien, et elle est devenue méconnaissable. L’ami qui a partagé cette vidéo sur Facebook précise qu’il a grandi dans ce quartier. Il est évident qu’il est profondément affecté par ces changements, même si je ne suis pas psychologue. Je ressens également de la tristesse en observant les transformations de lieux tels que le carrefour Saintus, l’avenue Fouchard et la route des Dalles.

Ensuite, j’ai consulté des images probablement capturées par un drone ou un satellite, montrant une large partie de la capitale de la république d’Haïti en ruines. Ces images révèlent l’ampleur des dégâts causés. La situation est extrêmement grave.

À l’âge de cinq ans, ma mère m’a emmené à Port-au-Prince. Le premier quartier où j’ai séjourné était la 5e avenue Bolosse, et j’ai fréquenté l’école « Juan Vazquez » pendant une année située à « Gran-Ravine ». Par la suite, j’ai intégré l’école Nationale Duval Duvalier, précédemment appelée Valcius Estinval, située à « Portail Léogâne ». J’ai poursuivi des études en art dramatique au théâtre national du Bicentenaire sous la supervision de Hervé Denis, Robert Bauduy, Gerard Rezil et Lobo.

Le stade Sylvio Cator, le temple du football haïtien, était comme une deuxième maison pour moi.

Le Champ-de-Mars, en grandissant, fut mon coin préféré. C’est là que j’ai appris à rouler en cabrouet, à moto et à bicyclette. C’est aussi dans ce lieu tout fleuri de toutes les plantes et de tous les oiseaux ou je passais du temps favori avec ma mère quand j’étais petit et en grandissant plus tard avec mes précieuses « tiboubout ». Le Champ-de-Mars, c’est là aussi où j’ai appris à me battre tous les 24 et 31 décembre contre les jeunes venus des autres quartiers de Port-au-Prince.

Pendant le carnaval, on affrontait les « grimo » de Pétionville tout au long de la rue Capoix jusqu’à la rue St Honoré, spécialement devant le légendaire « Rex Théâtre ». Sans oublier le kiosque Oxide Jeanty ou l’on jouait à des parties folles de football à l’infini !

Au Champ-de-Mars, il y avait trois salles de cinéma : Rex Théâtre, Triomphe, Paramount. Capitol, le cinéma de la classe moyenne était tout près. Étant un amateur de cinéma, je fréquentais cette zone régulièrement pour regarder un film, jouer au football, faire du vélo ou de la moto, ou promener mes amours.

Je connais ces zones par cœur et une partie de moi y vit toujours. C’est ainsi que j’arrive à me poser cette pertinente question : Port-au-Prince, est-il récupérable ou réparable ?

Joel Leon

One comment

  1. *”Port-au-Prince en ruines : un cri de désespoir”

    Leon décrit avec émotion la désolation de Port-au-Prince, ville qu’il connaît intimement. Les gangs ont détruit les infrastructures, les maisons et les vies. Les routes sont bloquées, les bâtiments sont en ruines, et les habitants sont terrifiés.

    La question qui se pose est : Port-au-Prince est-il récupérable ou réparable ? La réponse est complexe, mais une chose est certaine : il faut agir maintenant pour sauver la ville et ses habitants. Il est temps de trouver des solutions concrètes pour mettre fin à la violence et restaurer la paix.

    Que faire ?

    – Mettre fin à la violence des gangs
    – Rétablir la sécurité et la stabilité
    – Réparer les infrastructures et les bâtiments
    – Soutenir les habitants et les communautés affectées

    L’avenir de Port-au-Prince est entre nos mains.

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