La Transition de Rupture est en marche!

La Transition de Rupture est en marche!

Rony Mondestin

Boukan News, 03/30/2024 – Le coup de lundi soir, asséné par la bande des trois et alliés contre les quatre autres entités a porté fruit.

Tétanisés par la forme et le fond du coup, les autres entités n’ont pas pu et n’ont pas su en tirer profit. D’une part, l’impossible capacité de cohésion due à la non-habitude « serrée » de travailler dans la perspective de construction d’alternative, d’autre part le poids de Montana du fait de liens divers tissés au cours des quatre dernières années, tant au niveau des secteurs clés de l’oligarchie haïtienne que des pouvoirs américains.

Ces quatre entités sont de fait à la remorque de Montana qui leur impose sa volonté, soit brutalement, soit par adhésion tacite.

Le nier révèle d’une pure imbécilité et de puérile égo …surdimensionné.

Membres du Conseil Présidentiel

La cohésion organique qui se profile au sein du « Conseil Présidentiel-CP » à venir prend forme.

L’accord de Montana fut vilipendé 36 heures qui ont suivi son coup. Le coup lui assure une victoire nette sur ces compétiteurs. Ces derniers n’ayant pipé mot sur le coup reçu …donc subséquemment, ils ont blanchi Montana d’une quelconque malfaisance.

C’est que toutes les autres entités sont à divers degrés liés aux aussi aux américains, même que l’une est au service et en service des americains depuis 1998, je parle ici de La Bande à Moïse…trompeusement appelée Pitit Dessalines.

Quelle ignominie !!!

Bref, Montana les a battus en brèche…tout simplement.

Une construction tissée durant une année, précédant l’assassinat du président Jovenel Moïse ; armée de deux ans et 8 mois de pratique dans sa lutte pour la conquête du pouvoir est une véritable machine politique. Il est impératif de noter que Montana ne luttait pas pour le renversement d’Ariel Henry. Si c’était le cas elle se serait associée à d’autres forces politiques.

Montana menait un combat pour la prise du pouvoir. Au grand dam des autres fractions de la classe politique. Je vous aide à mieux saisir la nuance,

-Assassinat de Jovenel Moïse – colombiens/ haïtiens.

Pour Montana : La chance à prendre

-Séquestration du PM Ariel Henry- USA/ Viv Ansanm

Pour Montana : La chance à ne pas perdre

Avez-vous compris ?

Simple pourtant, les politiques qui animent cette si opaque structure sont des adeptes de : « la chance qui passe, la chance à prendre ».

Théorie illustrative, applicable en Haïti de la notion de « fenêtre d’opportunité ». Elle fut avancée par le très regretté géographe Georges Anglade en 1990, dès que Jean Bertrand Aristide s’était décidé à se porter candidat à la présidence. Alors aujourd’hui RIEN N’ARRETERA Montana.

En 1991 les meneurs de Montana étaient âgés de 32-40 années. Ils étaient cadres ou opérateurs politiques du mouvement Lavalas, les véritables fers de lance, les jeunes de 18 à 28 ans étaient sous leurs ordres.

Faites donc l’addition, 33 années plus tard.

Plus de belles années devant eux…alors prenez garde. C’est humain et psychologique, il faut bien les comprendre.

Mercredi dernier, une déclaration à l’unisson fut émise et signée par un attaché de presse, la bonne entente est en marche.

Hier apres midi, jeudi 28, le ton est donné quant à la marche que prendront les choses…une cohésion se dessine. Ce qui est très positif de mon point de vue ! Tout sous la houlette habile des madrés de Montana et alliés.

Or, les bandits continuent à kidnapper, à tuer, à bloquer les routes reliant la capitale aux autres départements, ils pillent et brulent tout. Ports et aéroports sont toujours fermés.

Toute solution nationale haïtienne est ignorée, sinon combattue.

La pression est maintenue sur notre société via « Viv Ansanm » pour imposer cette solution assez complexe.  Les bourgeois entrepreneurs pressurent sans relâche les politiques car leurs industries sont menacées. Nul ne peut manifester publiquement sa désapprobation à cette affaire de « Conseil Présidentiel ». Les maitres des rues, les bandits, ne plaisantent pas. Les rues n’appartiennent qu’à ceux-là qui les soutiennent.

Les politiques qui sont impliqués dans la mise en application de cette solution si alambiquée se doivent d’admettre qu’ils bénéficient objectivement de l’appui des bandits. La complicité des uns avec les bandits est imposée aux autres.

Le faux combat que « Viv Ansanm » s’apprête à livrer contre toutes forces adverses n’est que de la farine, du bluff !

Dessalines détruisait les plantations des colons. Nos Robin des Bois, détruisent surtout les commerces, et les maisons des gens du peuple. Les hôpitaux et les établissements scolaires public. 

Qui prend-t-on pour imbécile ici ?

N’avez-vous pas remarqué une sorte de silence par rapport à la mission d’assistance sécuritaire. La soumission préalable de l’ensemble de la classe semble être une additionnelle condition à ce déploiement qui, admettons-le, en toute sincérité avait reçu une approbation explicite du peuple haïtien dans sa majorité…et de la classe des affaires.

L’opération « mare kon krab » doit être complétée préalablement, sans doute. Les deux contestataires majeurs sont : une frange de la classe politique. Il importe de faire les distinctions ici :

Ariel Henry

Elle est divisée en deux cas distincts : ceux à qui feignaient d’être contre ébruitement, question de jouer au nationaliste, ceux-là qui étaient contre par « principe » et qui ne demandent qu’à se plier aux grés de la volonté de leurs alliés de la bourgeoisie et de l’impérialisme. Tout ce beau monde-là, la quasi-totalité est maintenant couchée à même le sol. L’autre entité contestataire sont les bandits – cela va de soi – promus explicitement en forces politiques par les Américains et tacitement par certaines fractions de notre classe politique. En effet ils ont été sous-traités indirectement pour mener à bien et à terme l’opération « Deyò Deyò Nèt ».

On parle de souveraineté à cor et à cri, pourtant en ce jour de la Constitution de 29 mars 1987, nous marchons à reculons dans notre lutte séculaire pour le recouvrement de notre souveraineté de nation…Toute fierté bue, d’aucuns se plient sans état d’âme aux dictats de l’impérialisme américain.

Qui ose me contredire au vu de la marche inévitable de la mise en application de cette solution extra constitutionnelle ?  Qui ose me contredire face à ce refus de marbre de considérer une solution institutionnelle à partir de laquelle nous serons obligés de nous armer de courage, de collective détermination, de volonté, et de patriotisme afin de faire face à cette impasse au niveau du pouvoir exécutif et à la crise sécuritaire ?

Ceux-là qui comme moi sont favorables à ce que je décris « la mauvaise bonne solution », à savoir la Cour de Cassation, doivent bien comprendre que mener une lutte est un gage. On peut la gagner ou la perdre. Dans l’éventualité du second, on s’y adapte, le rapport des forces en présence leur était tout simplement défavorable.

Alors, on se retire du terrain de combat et on se met à l’étude. C’est une lutte qui se mène, pas un combat.

Les souverainistes, au-delà de leur appartenance de classe, ont une lutte très âpre à mener.

Il importe de se renforcer et de persévérer sans désemparer malgré les revers.

Une transition de rupture ne saurait être assujettie à aucune loi de la république. Les droits et les libertés individuelles, les libertés publiques ne seront nullement garanties voire protégées. A l’oral oui, ces messieurs de Montana et de la Fanmi lavalas ont une histoire mémorable, en la matière. Elle est toute fraiche, les rapports du RNDDH d’hier – avant sa déviance ahurissante – sont assez éloquents.

On se demande bien pourquoi je reviens avec cette affaire. Une victoire du représentant de Montana à la présidence du Conseil présidentiel servira de justification pour implémenter cette lubie. Je les connais bien dans leur pratique, avec l’appui de ce qui leur est à portée de mains, ces messieurs porteront un coup brutal aux autres membres du Conseil. Même l’accès au palais national sera interdit aux récalcitrants. Et aucune force politique nationale ne pourra les stopper, croyez-moi. Ces gens-là sont cyniques et n’ont pas froid aux yeux. Vu le niveau du chômage ambiant « des militants » seront jours et nuits à leur service pour intimider tout contrevenant. Ils gagneront les élections à venir AVEC L’ACCORD DES PUISSANCES TUTRICES.

Je le redis une nouvelle fois…ILS ONT DE L’EXPÉRIENCE DU POUVOIR.

« Si moun sa yo ka san oken wont dakò jodya ak fòs Misyon Miltinasyonal Sekirite a, aprè ke yo pase 16 mwa ap denonse Dr Ariel Henry kòm trèt ?

 NAN PWEN ANYEN YO PAP FÈ»

Organiser des élections présidentielles dans une chambre fermée à la face de la population sans avoir le sens du ridicule relève d’une très rare outrecuidance. De quoi ces gens-là ne sont pas capables ?  Dites-le-vous ?

On doit bien se rappeler du pompeux document rendu public le 10 mars dernier, intitulé : « Consensus politique sur une transition ordonnée pour rétablir la sécurité… »

Je vous cite le point D de ce document :

« Un Conseil de Sécurité Nationale nommé immédiatement pour assumer la responsabilité d’une réponse en matière de sécurité nationale ciblant les différentes dimensions de cette crise, surveillant son application avec les parties prenantes publiques, civiques et sécuritaires, ainsi que des experts internationaux. Le Conseil de Sécurité Nationale aura, en collaboration avec la Police Nationale d’Haïti, à développer les modalités de coopération liées à l’assistance internationale en matière de sécurité (Résolution 2699 du CSNU et autres) », Fin de citation.

Document initié par Montana signé par La Fanmi Lavalas, par deux membres de l’Accord de Montana et d’autres personnes dont Laurent St Cyr, transfuge du HCT, l’actuel choix du « Secteur Privé » au sein de l’actuel « Conseil Présidentiel » de sept membres.

Où parle-t-on ici des FAD’H ? Point question des Forces Armées haïtiennes dans ce document.

Le problème de l’Armée haïtienne et la question nationale doit être exploré.

Je le fais sommairement ici, sans prétention aucune d’épuiser ici le sujet.

Historiquement, l’armée est au cœur de la création de l’Etat haïtien et représente, dans la foulée, la force publique garantissant la sécurité de la nation.

-la tradition anti colonialiste, indépendantiste, anti impérialiste et nationaliste haïtienne fait de l’armée une institution centrale de la religion civile nationale.

-il est évident que les intromissions intempestives de l’armée nationale dans les affaires politiques lui ont valu d’être reformée par les occupants américains (1915-1934) et même d’être démantelée en 1995 en absence de tout plan de démobilisation. Et ceci, en dépit de sa légitimité constitutionnelle et l’existence d’un plan de modernisation de cette institution unique, jouant à la fois le rôle de police de la sécurité intérieure et de force de sécurité nationale, de protection et de surveillance des frontières.

-L’importance et l’utilité de l’armée se sont révélées dans le contexte de la dégradation continue de la sécurité dans le pays malgré les efforts évidemment insuffisants de cette jeune force de police inexpérimentée et mal équipée qui a pris la relève de notre armée. Le développement vertigineux du phénomène des gangs armés depuis 2003, avec une accélération incommensurable de 2017 à ce jour, achève de montrer l’incohérence de la décision de démanteler notre armée.

-Malgré les oppositions politiques tous azimuts de l’intérieur comme de l’extérieur , le président Jovenel emboîtant le pas au geste initial du président Michel Martelly, me referrant ici à la présentation du ” Livre Blanc, sur la Sécurité et la Défense Nationale pour le Développement Économique et Durable d’Haïti ” au cours du mois de juin 2015, assassiné dans sa résidence quatre ans plus tard , ayant bien compris les enjeux sécuritaires et nationaux a eu le courage de poursuivre l’œuvre de la remobilisation de l’armée initiée par son prédécesseur.

-Les évolutions qui ont suivi, surtout la dégradation de la sécurité et le déchainement de la violence des bandes armées, ont donné raison au président assassiné, car tous et toutes, et même que bien de ces anciens opposants à l’armée déchue, sollicitent et appellent de leurs vœux l’intervention de l’armée étrangère rétablie pour combattre et « stopper » les gangs.

-L’armée remobilisée demeure encore embryonnaire. Son effectif n’a pas encore atteint le niveau nécessaire pour affronter avec succès les gangs armés. Ajouté à ce problème, celui de l’équipement de cette nouvelle force en armes et en munitions, toujours contenu par l’embargo international sur les armes et les munitions à l’encontre du pays.

Forces Armées d’Haiti

L’illustration du peuple à l’armée haïtienne ne pouvait trouver meilleure illustration quand, chassée par les gangs, la population de Carrefour- Feuilles débarquait devant le Grand Quartier des Forces Armées d’Haïti (FAD’H) pour demander l’aide de l’armée face à la violence inouïe des gangsters. L’illustration la plus déchirante et si émouvante est celle observée lors de la question de la construction du canal d’irrigation dans la zone frontalière, adossée à la rivière Massacre. Les bruits des bottes dominicains résonnaient sur nos 28000 km carrés.

-Aujourd’hui au-delà de tout utilitarisme même, l’armée se révèle une composante naturelle de la construction nationale. L’attachement du peuple haïtien aux principes anti coloniaux, d’indépendance, de souveraineté et d’auto-détermination remet sur le devant de la scène l’intérêt d’une force armée moderne capable d’assurer non seulement la sécurité nationale mais également d’offrir une réponse appropriée quand les forces de polices auront été dépassées par des phénomènes d’insécurité qui portent atteinte à l’intégrité et à l’unité nationale.

Aussi une solution haïtienne qui ne reconnaisse pas les FAD’H est vouée à l’échec.

Elle ne saurait non plus être haïtienne…d’ailleurs.

En cette fin de journée commémorative de notre constitution, le pays est si triste.

Mais la lutte se poursuit. Inlassablement.

Ce texte est dédié à mes camarades du Parti Unifié des Communistes Haïtiens ( PUCH ) qui eurent à donner leur jeunesse pour notre pays et même à y sacrifier leur  vie.

Il est également dédié à la vie et aux durs combats menés par ce militant exemplaire, la droiture même, qu’était notre spécial camarade Paul Denis, non-militant du PUCH.

Rony Mondestin, ex-sénateur

Photo: Loop Haiti News

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