La sécurité, la seule priorité du peuple, est-ce si difficile ?
Plus de 700.000 déplacés, parmi eux des femmes/vieillards et bébés, veulent retourner chez eux ; des milliers d’enfants souhaitent retourner à l’école. Il ne faut pas oublier les victimes directes de l’insécurité, surtout pas.

Boukan News, 10/19/2024 – Il y a un point sur lequel tous les secteurs de la vie nationale se mettent d’accord, ce qui arrive rarement dans le pays, la nécessité de combattre l’insécurité. Pourtant, il semble que les dirigeants haïtiens définissent leurs propres priorités qui n’ont rien à voir avec la volonté populaire.
À rappeler que l’accord du 4 avril 2024 qui créa le Conseil Présidentiel de Transition et le gouvernement actuel a été signé sur la base de « trois priorités principales : sécurité, réformes institutionnelles et constitutionnelles, élections », selon l’article 11. En un mot, tout dépend de l’état sécuritaire du pays, sinon il n’y aura pas de réformes constitutionnelles ni d’élections ! Donc, la sécurité est le passe-partout qui ouvre toutes les portes du succès de la transition !
Toujours dans l’accord du 4 avril, la section 9 est consacrée à la mise en place d’un organe décisif pour la sécurité nationale appelé « Conseil National de Sécurité ». Dans son article 25, on peut lire ce qui suit : « Il sera mis en place un Conseil national de Sécurité (CNS) formé d’experts nationaux, de professionnels de la diaspora, et d’autres personnalités pour donner une réponse aux différents aspects de la crise de sécurité du pays ». Pourquoi après 6 mois le CNS n’est toujours pas en place ?
À ce propos, on a sous les yeux un document relatif au CNS. Le Conseil Présidentiel de Transition a déjà envoyé un projet de décret sur la création du « Conseil national de Sécurité » au gouvernement pour les suites légales au début du mois d’octobre. Le premier ministre Gary Conille n’a pas encore donné suite à la requête du CPT pour des raisons jusqu’ici inconnues. Pourtant, dans l’article 20 de l’accord du 4 avril, il est clairement défini que : « La mission fondamentale du gouvernement, muni d’une feuille de route convenue entre les parties prenantes est de : Rétablir les conditions de sécurité publique et définir avec les partenaires internationaux les conditions d’un soutien efficace aux forces de sécurité haïtiennes, dans le respect de la souveraineté nationale » …
Ensuite, on est en possession d’un projet de décret rédigé par le CPT envoyé à la primature pour les suites légales daté du 11 octobre 2024 portant création du Fonds de Soutien à la Sécurité Nationale (FSSN). Cet organe « est un mécanisme financier souverain lié à la politique de sécurité nationale, conçu pour soutenir les dépenses d’investissement visant à renforcer les capacités stratégiques et opérationnelles des forces de sécurité et de défense ». Ce projet a été acheminé à la primature pour les suites nécessaires.
On ne doit pas omettre de mentionner que le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a acheminé un projet de décret portant création de l’Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG) depuis au moins trois mois. Rien n’est fait au niveau de la primature pour finaliser le processus en vue de sa publication dans le journal officiel de la république « Le Moniteur ». Pourtant, l’Accord du 4 Avril prévoit ceci dans son article 2 : « Il sera établi 3 instances de gouvernance : Le Conseil Présidentiel ; le gouvernement dirigé par un premier ou une première ministre et l’Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale. »
Il y a encore une autre possibilité qui permettra d’attaquer frontalement l’insécurité qui paralyse la vie dans au moins deux départements géographiques du pays. Le 6 janvier 2021, quelques mois avant l’assassinat crapuleux du président Jovenel Moise, dans un numéro spécial du journal officiel « Le Moniteur » a été publié un décret sur la création d’un « Conseil National de Sécurité et de Défense (CNSD) ». Pourquoi ne pas appliquer ce décret pour activer le « Conseil National de Sécurité » prévu dans l’accord du 4 avril 2024 ?
Ensuite, il y a lieu de transformer le cabinet ministériel en un instrument de guerre conforme à la réalité actuelle et concentrer aussi l’essentiel des ressources nationales vers l’activation d’un plan d’affrontement contre les groupes terroristes.
Le premier ministre Gary Conille et le président Lesly Voltaire doivent aussi reconstituer leur cabinet privé avec des professionnels du métier des armes et de la sécurité publique. La direction du pays doit refléter l’état d’urgence dans lequel trépigne le pays en s’appuyant principalement sur les forces locales de sécurité que sur la mission internationale.
En termes de conclusion, tous les citoyens et les vrais amis internationaux de la république d’Haïti souhaitent unanimement la pacification du pays. Plus de 700.000 déplacés, parmi eux des femmes/vieillards et bébés, veulent retourner chez eux ; des milliers d’enfants souhaitent retourner à l’école. Il ne faut pas oublier les victimes directes de l’insécurité, surtout pas. Pour atteindre cet objectif, on doit nécessairement passer par l’élimination, sous une forme ou une autre, de tous les groupes terroristes qui prennent une bonne partie du territoire haïtien en otage. Il faut lancer un processus de rectification basé sur l’inévitable harmonie entre les différents corps constitués de l’État, le CPT et la Primature. C’est ce que la nation attend de vous !
Joel Leon