Les remous de l’actualité de la semaine écoulée étaient dominés par la décision des géants des médias sociaux ( Facebook, Twitter et autres) de bannir définitivement certaines personnalités politiques, dont l’ancien président américain de leur adhérence à ces plateformes de la communication.
Alors que cette décision a été chaleureusement accueillie par beaucoup, d’autres en revanche, se sont montrés plus mesurés. C’est le cas des gens sensibles à tout ce qui se rapporte au respect de la liberté individuelle qui se questionnent sur la légalité d’une telle action. Pour eux il s’agit purement et simplement d’une atteinte à la liberté de la parole clairement garantie par le premier amendement de la constitution américaine.
Pour ces gens, il est encore plus sidérant que la justice américaine soit restée silencieuse dans cette affaire. Ils interprètent ce mutisme comme une sorte de blanc-seing accordé à ces géants technologiques dans leur tentative de museler les gens.
Mais les raisons avancées par l’administration de ces médias est leur volonté de combattre le phénomène de travesti des faits( ou “faits alternatifs” ) qui devient une sorte de fléau récurrent de la toile. Ainsi naît donc une vraie dualité liée au fait d’établir un équilibrage entre le respect de la liberté d’expression et le combat contre la désinformation.
Cette question se pose donc : entre le respect de la liberté d’expression et la bataille contre la désinformation— laquelle des deux est la plus importante?
Voyons d’abord ce que c’est que la désinformation. On parle de désinformation quand on se sert des médias pour faire passer des messages délibérément erronés ou orientés.
Elle peut revêtir deux formes :
1)–une forme plus ou moins anodine mais non moins dangereuse. 2)– quand la personne ment effrontément dans le but de nuire aux autres.
La première forme —c’est lorsque quelqu’un déblatère sur des sujets dont il ne maîtrise pas tous les paramètres. Dans ce cas, on utilise le terme ultracrépidarianisme qui se définit comme un concept consistant à donner son avis sur des points à propos desquels on n’a pas de compétence avérée.
Récemment une étude publiée par la revue scientifique “science” a montré que les fausses informations se propagent à une vitesse plus ahurissante que les vraies informations sur les réseaux sociaux. Selon cette même étude, il est rare qu’une vraie histoire soit partagée par plus de 1000 personnes. Mais parallèlement le 1% des fausse informations qui parviennent à se glisser sur le net se partagent à plus 100 000 individus. Ce qui prouve que les gens ont tendance à ajouter foi au mensonge beaucoup plus qu’à la vérité.
Cette forme pernicieuse de désinformation, d’apparence bénigne, n’en est pas moins dangereuse pour autant. Ses conséquences peuvent être désastreuses dans une société. C’est le cas par exemple des gens qui font croire aux autres que l’actuel vaccin contre la covid-19 est inventé dans le but de diminuer la taille de la population mondiale, à un moment crucial où la nécessité d’une cure contre ce satané virus s’avère plus que vitale.
La deuxième forme de désinformation est plus dangereuse en ce cens que la personne ment sciemment ou délibérément dans le but de rallier des opinions à sa cause, qu’à cela ne tienne le remue-ménage que ces mensonges éhontés peuvent causer dans l’esprit collectif des gens.
Un cas révélateur est celui de ces groupes de personnes qui ont véhiculé des informations erronées portant sur le résultat des joutes électorales américaines qui a déjà été promulgué et certifié. Le candidat perdant fait feu de tout bois pour persuader les gens que c’est de son côté que s’asseoit la vérité. Quand c’est devenu un peut trop insoutenable pour les médias sociaux, ils ont décidé de mettre ces individus à la porte.
On peut ne pas être d’accord avec leurs décisions, mais à cet égard beaucoup comprennent qu’ils ne pouvaient pas cautionner ces comportements plus longtemps —d’autant que ces fausses informations se sont déjà soldées par la mort d’un certain nombre de personnes.
Maintenant pour en revenir au titre de mon analyse, je veux dire que la liberté d’expression est un l’un des droits inaliénables de chaque individu. Mais quand vous vous servez de ce droit pour débiner quelque chose dont tout le monde reconnait la véracité limpide, alors on peut vous démettre de ce droit. Pour parodier Jhon Stewart Mill votre liberté prend automatiquement fin quand elle piétine celle des autres.
Et il se peut que vous ne soyez pas être directement impliqué dans des actes séditieux de nature à provoquer de l’agitation sociale, cependant le discours que vous véhiculez aux oreilles des autres peut vous valoir de la rétribution s’ils portent atteinte à la morale publique. Les paroles qui vous sortent par la bouche ont donc leur conséquence!
Que l’on ait tenu des gens redevables pour le pouvoir de leurs paroles n’a rien de nouveau. Par exemple, le philosophe grec Socrate a été condamné à la ciguë, parce qu’on estimait à cette époque-là qu’il transmettait des enseignements corrosifs aux esprits des jeunes.
Évidemment la mort de Socrate est sujet à débat quand à savoir si oui ou non il méritait un tel sort. Mais j’évoque ce fait pour vous montrer qu’il y a jurisprudence pour priver quelqu’un du pouvoir de la parole si celui-ci émet des pensées virulentes de manière à semer la pagaille au sein d’une société.
Ducasse Alcin.