Kenneth Merten, Merci !

Kenneth Merten, Merci !

 

Par Joel Leon

 

Pennsylvania, USA 04/15/2022 – Au cours d’un entretien que j’avais eu avec l’ancien ambassadeur d’Haïti à Washington au cours de l’année 2021, Mr Raymond Joseph, lors du retour de Kenneth Merten en Haïti pour une énième fois, je voulais avoir ses perspectives non seulement comme diplomates mais aussi à cause de son accointance politique américaine. Ray avait reconnu que ce Kenneth Merten faisait beaucoup de torts à Haïti, le fait que c’était lui qui avait demandé qu’on lui envoie à nouveau dans le pays, Il pensait que cette décision était motivée par le regret qui le rongeait de l’intérieur. Il déciderait d’entamer un processus de rectification afin de trouver rédemption ou absolution de ses péchés mortels de la part de Dieu. En perpétuel optimiste, notre Raymond Joseph s’était trompé de bonne foi !

J’avais contacté aussi, Mr. Harry Fouché, lui aussi ancien consul d’Haïti à Chicago. Il voyait les choses totalement différentes de Raymond Joseph. Pour lui, le retour de Kenneth Merten a la tête de la diplomatie américaine en Haïti est une aberration et un autre coup dur porté au peuple haïtien. De ce fait, rien de bon ne sortira de cette scélérate entreprise. Harry avait raison !

Cependant, je pense qu’il est temps que les élites haïtiennes commencent à se responsabiliser. C’est pourquoi quand Kenneth Merten déclarait que, et je cite : « Je ne travaille pas pour Haïti. Je travaille pour le gouvernement américain. Je n’ai pas la responsabilité de faire quoique ce soit pour Haïti. C’est aux haïtiens de faire des choses pour Haïti », il rend un grand service à la nation.

Kenneth Merten est un diplomate de carrière qui fait la navette en Haïti depuis l’année 1980. S’il y a quelqu’un qui peut s’attitrer le titre de spécialiste aux affaires haïtiennes aux États-Unis, c’est bien lui. Donc, ses dernières déclarations avant son départ, représentent ce que l’américain appelle un « wake up call » aux élites politiques, économiques et intellectuelles du pays. Mr. Merten lance un message solennel qu’il est temps de cesser d’attendre des solutions américaines aux crises successives qui bouleversent Haïti. Cela ne fait pas partie de la mission historique du département d’état de trouver la bonne formule aux maux haïtiens, c’est aux haïtiens de la chercher et l’implémenter.

Kenneth Merten, sans s’en apercevoir, reprends le postulat d’Antenor Firmin : « Honte à tous ceux qui, oubliant leur devoir envers la patrie, en appellent à l’étranger. ». Ainsi, il rejette les déclarations du président de ce qui reste du Sénat de la république, Joseph Lambert, qui s’était enorgueilli d’être au service du gouvernement américain depuis plus de 25 ans, et en même temps déçu du fait que son coup de politique n’a pas été entériné par les Américains.

Guy Philippe en prison aux Etats-Unis (Haiti-Liberte)

Kenneth Merten lance un message direct à Guy Philippe, qui aujourd’hui croupit dans les geôles américaines, après avoir mis le pays à feu et à sang au nom de la défense des intérêts américains en Haïti. Il y va aussi à Stanley Lucas, le « chimère de Washington », qui au cours de l’année 2004, après le kidnapping d’Aristide, pressurait les americains pour ajouter Haïti sur la triste célèbre liste du terrorisme international. Ces Haïtiens qui se croient plus américains que l’américain lui-même, Kenneth Merten s’adresse à vous personnellement. Il supplie à tous les valets de l’international en Haïti de mettre fin à ce comportement d’apatride, d’œuvrer en faveur du pays !

Quand Mr Kenneth Merten, matraqué par sa conscience, va jusqu’à dire que même lorsque les actions injustes du gouvernement américain font mal à Haïti, patriotiquement il est astreint à les exécuter. Parce que son allégeance va aux Etats-Unis d’Amérique qui paient son salaire, non à Haïti. Quel exemple de patriotisme !

 Ce n’est pas la première fois qu’un diplomate américain, envahi de remords de conscience, envoie des messages clairs aux élites nationales pour prendre leur destin de peuple en mains. Brian Dean Curran, depuis l’année 2003, nous points la direction qu’il faut prendre à travers son adresse d’adieu, et je cite :« Cherchez de préférence parmi vos incroyablement talentueux jeunes professionnels éduqués à Harvard, Columbia, Stanford, Georgetown et autres universités américaines, à la Sorbonne ou l’HEC, à McGill ou Laval, pour une nouvelle génération de leadership politique, éprouvés dans le creuset des idées modernes, mais maintenant en Haïti, préparant un meilleur avenir pour Haïti».  

Les intérêts de toute puissance déterminent leurs actions dans n’importe quel pays. Il y va des dirigeants nationaux de résister face à leurs assauts répétés contre votre pays. Les grands principes républicains ne sont pas intransigeants devant l’injustice internationale. Il n’y pas de considération de la taille du pays ou de son degré de développement économique et social, l’intérêt d’abord. Il n’y pas de morale internationale.

Marcel Gilbert

Nous sommes enfouis dans un tunnel sans exit. Avec ces inqualifiables au pouvoir, la bêtise n’a plus de limites. Il faut renverser la tendance en plaçant des patriotes, des intègres et compétents au pouvoir.

Le règne du ridicule fait mal au ventre/cœur/esprit.

Chers compatriotes, franchement, je ne vous reconnais plus. Ou sont passées les grandes promesses de 1804 et l’espoir qu’elles engendraient pour tous les autres peuples. Être la risée du monde fait pleurer même les plus cyniques. Aujourd’hui, je ne suis pas fière de mes frères haïtiens.

Kenneth Merten, dans ses déclarations, est en train de fouetter votre conscience nationale. Prenons-le aux mots, rapatrions le centre national de décision en Haïti. Appliquons les formules du feu professeur Marcel Gilbert lancées en 1990 : « L’unité historique de peuple ».

 

Joel Leon

Photo: The Haitian Times

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