JOVENEL MOISE, LE KIDNAPPEUR DES DEUX CITOYENS DOMINICAINS EN HAITI !
Par Joel Leon
Jovenel Moise, le président de facto haïtien est tombé sur la tête. L’homme est devenu fou. Un kidnappeur s’installe illégalement au palais national, c’est le cas de le dire. En faisant chanter le gouvernement dominicain en utilisant le kidnapping de ses deux sujets relève des pratiques de la « Cosa Nostra ». Jamais un président de la république n’a utilisé cette biscornue méthode pour atteindre des objectifs politiques.
La vérité est que Jovenel Moise veut faire d’une pierre, deux coups. Il veut échanger les deux dominicains kidnappés contre Yvon M Chevry, l’ancien maire de Port-au-Prince, un opposant au régime en place qui réclame l’asile politique dans le pays voisin. En agissant ainsi, il admet publiquement qu’il est en possession des deux sujets étrangers kidnappés, près d’une semaine de cela. Donc, ceux qui avaient des doutes sur les connections entre Jovenel Moise et les groupes de kidnappeurs, vous êtes servis aujourd’hui. La vérité est comme de la fumée ; elle finit toujours par sortir.
Le deuxième objectif de Jovenel Moise, que le journal dominicain « Listin Diario » [1] a omis de mentionner, c’est de forcer la main au président dominicain, Luis Abinader, de céder à sa demande de préparer une force d’intervention rapide pour l’exfiltrer du pays en cas de trouble majeur. Chers lecteurs et lectrices, soyez patients pour comprendre les dessous de cette affaire sordide.
Le 9 décembre de l’année de 2020, j’avais publié un article sous le titre : « Le mensonge de Claude Joseph à propos de la nature de son voyage en République Dominicaine ! » dans les colonnes de « Rezonodwes »[2]. C’était une source fiable qui m’avait fourni les informations sur la raison fondamentale de la visite du ministre de facto des Affaires Etrangères en Dominicanie : l’exfiltration de Jovenel Moise !
Environ un mois après, soit le 10 janvier 2021, le président de facto, Jovenel Moise, rencontra le chef d’état légitime de la République Dominicaine, Mr Luis Abinader. Le lendemain, celui-là publia un tweet laconique pour résumer la rencontre, et je cite : « J’ai rencontré aujourd’hui le président dominicain @luisabinader pour discuter des priorités de l’agenda bilatéral : Sécurité, santé, commerce, migration, énergie ainsi que de l’évolution du processus politique en Haïti. » Comme Claude Joseph, Jovenel Moise a aussi menti sur les raisons essentielles de cette rencontre. La seule vérité que contient le tweet est « l’évolution du processus politique en Haïti ».
En fait, la visite s’était déroulée autour du mécanisme à mettre en place pour la réalisation d’une telle opération, le coût d’une telle action et surtout un alibi pour justifier la présence des troupes dominicaines sur la terre de Jean Jacques Dessalines. C’était un blackout total sur la position de la partie dominicaine.
Le kidnapping des deux citoyens dominicains arrive à un moment crucial où la situation haïtienne s’est détériorée du « Chaos à la Barbarie ». Jusqu’ici, aucune information n’a été filtrée sur la décision finale du gouvernement dominicain. Avec l’évolution de cette histoire de kidnapping, la réponse de Mr Luis Abinader était claire. Il refusait de s’associer à une telle opération. Donc, en bon disciple de Nicholo Machiaveli, c’est-à-dire d’obtenir des résultats satisfaisants « en passant par des voies obliques », Jovenel Moïse a créé les événements.
On peut déduire facilement que les deux citoyens dominicains kidnappés est l’œuvre satanique de Jovenel Moise. C’est un coup monté. Le vrai objectif que poursuit le mégalomane au pouvoir en Haïti est de mettre les Dominicains sur les dents, de les forcer d’agréer a sa requête d’exfiltration.
Toutefois, les autorités dominicaines ne peuvent s’aventurer tout seuls dans une telle galère. Cette décision peut remettre en question toute l’équilibre de la balance du pouvoir dans l’hémisphère. Il faut nécessairement que le gouvernement américain, conformément à la doctrine de Monroe, soit l’instigateur d’une initiative profondément stratégique de cette envergure. Donc, sommes-nous en face d’un grand complot international ?
Au cours de l’année 2009, j’avais publié cet article fort intéressant et révélateur, titré « L’Occupation Silencieuse d’Haïti par la République Dominicaine » [3]. C’était une démonstration factuelle de l’occupation de fait d’Haïti par la Dominicanie vue sous un angle socio-économique et politique. Aujourd’hui, nous sommes en 2021, les bruits des bottes de plusieurs unités spécialisées de la république voisine sont entendus de l’autre cote de la frontière. Un effectif de près de 8000 soldats de métier sont massés et prêts à intervenir. En Haïti, on dirait qu’il y a une attente curieuse pour voir si vraiment le gouvernement haïtien aura le toupet d’autoriser le débarquement des forces dominicaines sur le territoire.
Le gouvernement américain utilisait souvent cette rubrique de « sauver ses ressortissants » pour commettre des actes de violation des lois internationales. Ainsi, plusieurs états sont victimes d’invasion ou de bombardements. On dirait que la République Dominicaine est prête à prendre le relais au Brésil, tout de suite après le kidnapping d’Aristide en 2004. En ce sens, je vous invite à lire cet article publié en 2013 : « Haïti, Première Victime de la tentation Impériale du Brésil »[4].
Le phénomène du kidnapping, comme je l’avais maintes fois mentionné, est une arme politique. Le peuplement des gangs fait partie d’une stratégie de « containment », c’est-à-dire un moyen de créer une situation chaotique sur mesure, dans le but de terrifier la population à s’aventurer et à participer à des élections préfabriquées dans les laboratoires de l’OEA et de l’ONU. Ainsi, on aura toujours moins de 20% de la population à prendre part à ses joutes, ce qui favorisera le gouvernement en place à partir des avantages logistiques dont l’état dispose qui sont mis en branle pour faciliter les partisans du régime à voter en toute quiétude. Avec le fonctionnement d’un système pareil, « adios » à l’opposition et au changement. Jovenel Moise fut « élu » avec 590.627 voix sur une population de 7 millions en âge de voter. Comme l’avait averti, l’ancien premier ministre Lafontant : Le PHTK est au pouvoir pour 50 ans.
Tout ceci pour dire que le régime en place a le contrôle des gangs lourdement armés. Les ténors du pouvoir sont en mesure de les activer pour kidnapper les deux ressortissants étrangers afin de donner l’occasion aux autorités dominicaines de mobiliser leur armée nationale pour fouler le sol d’Haïti. L’alibi de justification d’un tel acte est magistralement produit par ceux-là mêmes qui avaient prêté serment de défendre la souveraineté nationale.
Le problème actuel du président Abinader, c’est que des groupes très influents de la société dominicaine, foncièrement racistes et anti Haïti, commencent par exprimer leur impatience. Pour eux, le gouvernement dominicain devrait déjà entreprendre des mesures punitives a l’égard d’Haïti. Pour eux, c’est une occasion en or qui se présente pour remettre la pendule a l’air, une fois pour toute. Il faut absolument la saisir. L’invasion et l’occupation d’Haïti même pour quelques heures règleraient le contentieux historique des 21 ans du règne Jean Pierre Boyer qui dirigeait l’ile entière (i.e. Haïti et la République Dominicaine), une période interprétée comme une occupation haïtienne de la terre de Juan Pablo Duarte par des secteurs dominicains très puissants.
D’après une communication avec un ancien consul haïtien en République Dominicaine, Il a été contacté par des officiers de l’armée de ce pays pour exprimer leur impatience. Ces derniers souhaitent que cet ancien consul utilise ses influences sur les dirigeants haïtiens pour aider à juguler cette crise le plus rapidement possible, c’est-à-dire, la libération inconditionnelle et rapide des deux ressortissants qui languissent dans les geôles secrètes de Jovenel Moise.
En ce sens, la déportation vers Haïti de l’ancien maire de Port-au-Prince, Mr Yvon Chevry, n’est pas l’objectif premier du chantage de Jovenel Moise, mais l’acceptation des dirigeants politiques de la Dominicanie de former une grande unité d’élites de l’armée dominicaine pour l’exfiltrer_ ainsi que sa bande_ hors d’Haïti, au cas où la situation deviendrait incontrôlable.
Qui vivra, verra !
Joel Leon
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[1] « Haití juega al “toma y daca” con dominicanos secuestrados ». https://listindiario.com/la-republica/2021/02/25/658667/haiti-juega-al-toma-y-daca-con-dominicanos-secuestrados.
[2]. « Le mensonge de Claude Joseph à propos de la nature de son voyage en République Dominicaine ! » :https://rezonodwes.com/2020/12/09/le-mensonge-de-claude-joseph-a-propos-de-la-nature-de-son-voyage-en-republique-dominicaine/.
[3] « L’occupation Silencieuse d’Haïti par la République Dominicaine ». https://www.mondialisation.ca/loccupation-silencieuse-dhaiti-par-la-republique-dominicaine/5551391, 16 octobre 2016.