Haïti : Élections 16 décembre 1990, du rêve au cauchemar

Boukan News, 12/16/2024 – Mais si le rêve des élections du 16 décembre 1990 n’avait pas été assassiné dans les labyrinthes d’une transition démocratique d’un style de gouverner par le chaos, Aristide, victime de deux coups d’État sanglant, aurait terminé ses deux mandats de cinq ans aussi bien que les parlementaires lors du putsch de 2004. Alors qu’on célébrait le Bicentenaire de l’indépendance du pays. En un mot, si les règles du jeu démocratique étaient respectées par les oligarques, les échéances démocratiques avec des élections présidentielles et législatives seraient tenues régulièrement en Haïti. Et dans l’intervalle, avec une stabilité politique, un développement environnemental, social et économique durable, le rêve que le peuple avait placé lavalassement dans son président serait une réalité.

N’en déplaise à ceux qui avaient fait des efforts pour changer et améliorer la vie des millions de gens en Haïti, mais quand, pendant des décennies, on fait les mêmes choses pour finalement arriver à cet état d’un État en mauvais état, n’a-ton pas droit de se poser cette question, qu’est-ce que devaient faire les dirigeants et qu’ils n’avaient pas fait ? Ou, et s’ils avaient tort en faisant ce qu’ils faisaient. Mais comme les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblaient être, ainsi, pour avoir une idée de cette époque tumultueuse de l’histoire contemporaine du peuple haïtien, donc à travers une démarche qui, dans un style de raisonnement par l’absurde, je cherche à comprendre, tout en posant cette question, et si, après le 7 février 1991, les chiens de garde du système faisaient de la politique différemment ou autrement ?
À noter, au départ du dictateur Jean-Claude Duvalier le 7 février 1986, le pays était malheureusement très mouvementé de faits négatifs. L’envie du pouvoir par la violence, c’était cette haine de l’âme méchante de certains Haïtiens qui poussait des militaires et des attachés, même après les élections générales du 16 décembre 1990 et l’investiture du chef de l’État le 7 février 1991, à continuer dans des sentiers obscurs et ténébreux du crime, à savoir : faire couler du sang dans les quartiers populaires. Question de faire payer aux masses des bidonvilles leur arrogance d’avoir cru à un changement politique, économique et social avec le jeune prêtre de tendance de gauche.
Mais au-delà de cette haine méchante de l’élite haïtienne contre les masses, le coup d’État du 30 septembre a contribué à dérailler le processus démocratique dès sa genèse. Et ce qui matérialise le rêve rêvé des rêveurs anti-changement du pays. Puisque le renversement du chef de l’État n’était pas une action spontanée, aléatoire, mais un acte prémédité par la bourgeoisie locale avec le support de l’international pour empêcher le peuple haïtien de développer un agenda collectif ou l’éducation, la santé, la sécurité, la paix, le développement, la croissance économique sont accessibles à la majorité du peuple haïtien comme leur bien commun.
Avec ce comportement démoniaque de ces fils de vipères, il était évident que la tangente à cette courbe tracée du sang des partisans du président dans tout le pays n’était pas celle qui, définitivement, allait déboucher sur le grand boulevard de la démocratie. Et, définitivement, cet agissement était le refus de l’aile dure du système oligarchique sanguinaire d’accepter la marche évolutive de l’histoire dans un contexte d’un nouvel ordre mondial. En un mot, pendant que les attachés avaient refusé de se détacher du pouvoir politique et de leurs privilèges, d’un autre côté, leurs alliés du FRAPH, des criminels, du style les escadrons de la mort, frappaient dans les quartiers populaires, fief du président Aristide.
Ainsi du 30 septembre 1991 à aujourd’hui, des décennies après le coup de force de l’oligarchie locale et internationale, du rêve démocratique qui avait poussé les Haïtiens à porter Aristide euphoriquement au pouvoir le 16 décembre 1990, malheureusement, ce mouvement populaire a fait place au cauchemar. Victime de deux coups de force (1991 et 2004), le renversement du président a aussi fait place à la peur, à l’occupation des forces multinationales, à la déstabilisation des institutions étatiques, à l’opportunisme politique, à l’insécurité, à l’invivabilité, à la corruption, au détournement des fonds du trésor public, à l’ingérence de l’internationale dans les affaires politiques du pays, au gangstérisme, à la propagande et enfin, au banditisme généralisé.
Prof. Esau Jean-Baptiste