Haïti : 365 jours d’abandon, des milliers de vies brisées.

Boukan News, 04/26/2025 – Le 25 avril 2024 et le 25 avril 2025, deux dates qui devraient être marquées par l’espoir et la détermination, mais qui, malheureusement, ne font que souligner l’aggravation de la crise en Haïti.
Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) est confronté à une situation désespérée. Les élections sont bloquées, la sécurité est inexistante, et les massacres se multiplient. Les gangs occupent désormais plus de 80% de la capitale Port-au-Prince et étendent leur emprise vers les provinces. Les chiffres sont effroyables : plus de 3 200 morts liés à la violence des gangs depuis janvier 2024, et près de 700 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays, dont 362 000 enfants, selon les dernières données de l’ONU.
Ces personnes déplacées vivent dans des conditions inhumaines, entassées dans des abris de fortune, sans accès aux services de base comme l’eau potable, les soins médicaux ou l’éducation. Plus de 1 600 écoles ont été fermées, privant près de 400 000 enfants d’éducation. Les hôpitaux qui restent ouverts fonctionnent avec un personnel réduit et des ressources limitées, incapables de traiter l’afflux de blessés et de malades.
Les institutions publiques et privées demeurent paralysées. Les viols sont utilisés comme arme de guerre par les gangs, les vols sont quotidiens, et des quartiers entiers ont été incendiés. La crise alimentaire s’aggrave, avec 4,9 millions d’Haïtiens en situation d’insécurité alimentaire aiguë.
Face à cette tragédie, pourquoi la communauté internationale continue-t-elle de faire de fausses promesses ? Des millions de dollars ont été promis, mais où sont-ils ? La Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), approuvée par l’ONU il y a un an, reste gravement sous-financée et sous-équipée, incapable de faire face à l’ampleur de la crise.
Et que dire du gouvernement haïtien ? Pourquoi ces mensonges répétés sur les progrès réalisés ? Le CPT a-t-il réellement la volonté politique de mettre fin à la corruption qui gangrène les institutions et d’établir un calendrier électoral crédible ? Comment expliquer que certains membres du gouvernement entretiennent des liens présumés avec des chefs de gangs ?
Le silence assourdissant de la classe politique traditionnelle et du secteur privé est tout aussi troublant. Où sont ces voix qui devraient s’élever pour défendre les intérêts du peuple haïtien ? Pourquoi les élites économiques continuent-elles leurs activités comme si de rien n’était, se réfugiant dans leurs enclaves sécurisées pendant que le reste de la population souffre ?
Cette année écoulée n’aura été qu’une succession de déceptions, de peurs et de honte. Honte de voir un pays abandonné par ses dirigeants et par ses partenaires internationaux. Honte de constater que la vie d’un Haïtien semble avoir moins de valeur que d’autres sur la scène internationale.
L’avenir d’Haïti est entre nos mains
Nous lançons un appel urgent à tous les acteurs concernés :
– Au CPT, nous demandons de prendre des mesures concrètes pour rétablir la sécurité et organiser des élections transparentes. Il est impératif de rompre les liens entre certains membres du gouvernement et les gangs, et de mettre fin à l’impunité.
– À la communauté internationale, nous demandons de tenir ses promesses et d’augmenter son soutien financier et logistique à la MMAS. Les besoins humanitaires sont immenses et nécessitent une réponse coordonnée et immédiate.
– Aux élites économiques haïtiennes, nous demandons de contribuer davantage aux efforts de reconstruction et de partager les sacrifices avec le reste de la population.
– Aux Haïtiens, nous demandons de rester unis et déterminés face à l’adversité, de renforcer les initiatives communautaires de résistance pacifique et de solidarité.
Ensemble, nous pouvons reconstruire Haïti et offrir un avenir meilleur à ses enfants. Il est temps de prendre conscience de la gravité de la situation et d’agir collectivement pour sauver Haïti. Mais la question demeure : avons-nous réellement la volonté politique et le courage moral nécessaires pour faire face à cette crise sans précédent ?
Prof. Pierre R Raymond