Et si…

Et si…

Esau Jean-Baptiste

Boukan News, 10/17/2024 – Lors du prochain remaniement ministériel, on sépare le ministère des Haïtiens Vivants à l’étranger (MHAV) de celui des Affaires étrangères. Et puis, on met à sa tête quelqu’un qui est non seulement compétent, mais qui connaît aussi les problèmes des communautés haïtiennes en terre étrangère. Les hommes de Port-au-Prince ne peuvent pas continuer dans ces affaires imparfaites à savoir, envoyer des consultes et ambassadeurs qui ne connaissent pas la langue, la culture, et réalité politique des pays où ils sont en postes, ou tout simplement, choisir, un ministre pour la diaspora et qui, dans bien des cas, ne connait pas les communautés haïtiennes.

Des consuls valables, oui
Des consuls incompétents, non
Des ambassadeurs valables, oui
Des ambassadeurs incompétents, non
Un ministre de la Diaspora, oui
Mais il faut que ce soit quelqu’un qui vit et connaisse les réalités des Haïtiens dans les communautés.
L’écartement de la diaspora aux affaires politiques du pays, une barricade à enlever

La diaspora haïtienne du fait de sa contribution financière ou son implication dans certaines organisations régionales de développement du pays est devenue, depuis plusieurs décennies, une force implacable dans la vie économique d’Haïti. Cette diaspora qui vit dans les grandes villes européennes, caribéennes et américaines, augmente quotidiennement en nombre, s’enrichit économiquement et, chaque jour, progresse en expertise et ne manque aucune occasion de se former académiquement. Mais jusqu’à date, « on oublie les engagements pris, les sacrifices consentis et les luttes embauchées. Car, ceux qui se séparent de corps d’Haïti, mais leur esprit y demeure, font partie intégrale de la solution aux gros maux du pays. Pour arriver à profiter pleinement de l’apport de la diaspora haïtienne, il faut enlever toutes les barrières migratoires et de nationalité. Car, une fois Haïtien, c’est une bénédiction éternelle. Il n’y a pas de substitut », écrit Joel Leon, directeur du journal Boukan News.

Joël Léon a aussi tenu à rappeler que la diaspora haïtienne devient et s’impose comme le défenseur intraitable de la République. Cette mission s’étend au fil des ans à tous les échelons de l’existence d’Haïti, plus spécialement dans le domaine des finances et de l’économie ou la contribution haïtienne dépasse les 5 milliards de dollars l’an. Ce qui représente plus de 25% du PIB national. Toutefois, l’intégration totale des Haïtiens vivant à l’étranger reste encore pendante, citait Schultz Laurent Junior dans son texte Plaidoyer pour l’intégration de la diaspora haïtienne dans la vie politique en Haïti », le nouvel ouvrage du professeur Esaü Jean-Baptiste, publié dans le Journal Le National.

De plus, mon neuvième livre, publié l’année dernière par la Maison d’Édition l’Harmattan, intitulée « Plaidoyer pour l’intégration de la diaspora dans la vie politique en Haïti », met en lumière les impacts négatifs des pratiques d’exclusion contre la diaspora sur le développement économique du pays ou même sa viabilité politique. Avec plus de 85 % de professionnels qualifiés du pays se retrouvant dans la diaspora, cette dernière, réserve de ressources inestimables pour le pays, mais souvent mise à l’écart, est l’oxygène qui permet à Haïti de respirer économiquement.

Car, construire la paix en Haïti : inclure les Haïtiens de l’étranger, titrait un texte de la communauté internationale sur le rapport Amérique Latine/Caraïbes en date du 14 décembre 2007. Ce même rapport de synthèse et recommandations dans le premier paragraphe continue pour dire que « l’inclusion dans la destinée du pays des quelque trois millions d’Haïtiens qui vivent à l’étranger, à condition qu’elle se fasse dans le cadre d’une initiative d’envergure s’inscrivant dans la durée, pourrait permettre de dépasser l’historique sentiment de méfiance que les Haïtiens nourrissent à l’égard de l’extérieur, d’avoir accès à une classe moyenne qui fait défaut en Haïti et d’aider ce pays à échapper à son statut d’État fragile. »

En conclusion, on ne sépare donc pas ce que Dieu a uni, dit-on. Mais on peut séparer ce qu’un Premier ministre avait fait mal.

Prof. Esau Jean-Baptiste

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