Dignité perdue, mais impérativement à regagner

Dignité perdue, mais impérativement à regagner

Esau Jean-Baptiste

Boukan News, 06/11/2025 – Le dossier d’Haïti a été fois agité ce lundi par le nouveau secrétaire général de l’OEA. Dans une publication sur le site de The Dialogue ce lundi 9 juin 2025, les crises politique et humanitaire en Haïti ont été débattues. Le nouveau Secrétaire général de l’Organisation des États américains Albert Ramdin dans un entretien accordé à Jack Quinn du Conseil pour l’Amérique Latine de l’organisation continentale a déclaré ce lundi que des discussions étaient nécessaires « avec la totalité ou la plupart des parties prenantes », et il n’a pas exclu un dialogue avec les gangs qui contrôlent la quasi-totalité de la capitale du pays, peut-on lire dans lire dans l’introduction du texte de Gazette Haïti, publié le 10 juin 2025.

Mais quand l’OEA continue, maladroitement, d’enfoncer le doigt dans la plaie du malheur d’Haïti, cela sous-entend que dans leur laboratoire, elle planifie d’autres formes d’élections illégales, cette fois, avec d’autres pays bandits encore plus illégaux.

Sans doute, certains vont se demander à quoi ça sert d’un autre texte commentant la déclaration du Secrétaire générale de l’OEA alors que des tonnes d’articles ont déjà été écrits à ce sujet. Est-ce une simple répétition de tout ce qui a été déjà dit ? Tandis que d’autres pourraient arriver à cette conclusion que le contexte politique a évolué et une telle analyse à partir des récents événements, par conséquent, n’est plus appropriée pour aider à comprendre la conjoncture de crise à laquelle le responsable de l’OEA a fait mention. Quelle que soit la préoccupation soulevée, ce texte est un exercice pour aider à comprendre, dans un sens ou un autre, le projet politique macabre de l’international pour le pays.

 

Naturellement quand un diplomate fait des commentaires sur la problématique des crises politiques, surtout dans l’Haïti post Duvalier, il faut regarder ou penser beaucoup plus loin que la valeur de vérité de sa déclaration. Car cette dernière pourrait, à court et à long terme, avoir des conséquences très sérieuses dans la gestion politique du pays. Mais quand c’est le Secrétaire général de l’organisation hémisphérique qui dit une chose, il y a donc lieu de comprendre que, en tant qu’acteurs influents dans les élections en Haïti, leurs intérêts personnels dans l’avenir du pays de Dessalines reflètent toujours le contraire du jeu démocratique et de justice pour le peuple haïtien.

Il est important et même nécessaire de s’interroger, d’une part, sur les circonstances dans lesquelles le responsable de l’OEA, Albert Ramdin a choisi pour faire sa déclaration dans un contexte d’insécurité généralisée.

Sans entrer dans les détails d’une discussion qui serait définitivement trop longue, mais quand on sait que cette déclaration est faite au moment où les dirigeants haïtiens cherchent d’autres solutions à une crise qui a trop durée, il y a donc lieu de penser que l’organisation que dirige le nouveau SG, Albert Ramdin voulait lancer un message fort aux dirigeants et dirigés d’Haïti.

Car si la crise politique actuelle en Haïti interpelle la conscience de tout Haïtien, par son analyse, elle nous montre combien est grande l’ingérence de la communauté internationale dans les affaires internes du pays. Et c’est cette ingérence, érigée en système de gouvernance, qui a engendré une classe politique médiocre, insouciante, arrogante, immorale aussi bien que des bandits qui kidnappent, violent et tuent.

Depuis des décennies, à chaque fois que l’international voulait imposer leur décision de faux résultats d’élections, c’était l’OEA, à travers son réseau de “bienfaiteur”, comme le Core Group et autres, qui intervenaient toujours pour empêcher Haïti d’en avoir des dirigeants responsables et compétents.

L’OEA et son groupe de bons amis et experts étaient présents lors des élections de 2010 et de 2011. C’était, malheureusement, à ces experts qu’Haïti avait eu le président musicien.  Et ce n’était pas le seul et dernier cas.  Quelques années plus tard, dans les laboratoires de tous les maux d’Haïti, l’international avait un autre candidat aux élections présidentielles de 2016. Encore, c’était avec des experts de l’organisation hémisphérique qu’Haïti avait eu l’homme bannann. Un grand merci à l’OEA qui, dans le cadre du processus de gouvernement par le chaos de l’international, était toujours présent pour enfoncer le pays dans des catastrophes politiques irréparables.

L’OEA est en grande partie responsable de la crise qui perdure en Haïti.  Définitivement, cette déclaration n’arrive pas à convaincre même le citoyen ordinaire des citoyens haïtiens. Elle donne plutôt à réfléchir à ceux qui peuvent encore le faire de la mauvaise foi de l’organisation hémisphérique dans la crise haïtienne. Et pour le plus avisé, elle donne aussi une idée de ce qui est en train de planifier dans leurs laboratoires de tous les maux d’Haïti.

Et pour mieux comprendre l’instabilité chronique du pouvoir politique des dernières années, lisez ou relisez le texte de Robinson Alphonse du Quotidien Le Nouvelliste titré ”OEA again!, « …s’exclament certains, pas trop fans de l’organisation hémisphérique, actrice à des niveaux divers et avec des fortunes diverses de notre transition démocratique en dents de scie et mouvementée depuis au moins 25 ans. Si Ocampo, Dante Caputo, Orlando Marville, Luiggi Einaudi, Colin Granderson et Ricardo Seitenfus, des fonctionnaires de l’OEA avaient écrit leur mémoire, que de choses aurait apprises l’opinion sur les acteurs politiques d’ici, champions du marronnage, champions des coups fourrés et prêts à avaler des couleuvres pour obtenir le pouvoir. On aurait appris aussi des choses sur des ambassadeurs en poste ici et sur les combines de pays amis d’Haïti pour imposer leur vision de la démocratie. Ricardo Seitenfus est le seul à avoir craché le morceau sur l’échec de l’aide au développement, mais surtout sur les combines de représentants de la communauté internationale pour éjecter René Préval, réputé maître du temps, fin manoeuvrier. Le maître du temps n’a pas eu assez de temps. Et son courroux se fit rouge comme le cramoisi quand il a compris qu’il avait été lâché par les Blancs, USA en tête, au profit de Michel Joseph Martelly, ‘’fait président’’ face à Mirlande Manigat»

En fin de compte, vu que depuis des années, l’Organisation des États américains est un véritable levier de cette démocratie instable en Haïti, donc aujourd’hui, dans cette situation d’insécurité généralisée que fait face le pays, l’OEA doit faire un effort de dépassement pour comprendre que la place des bandits est derrière les barreaux ou aux cimetières.

Prof Esau Jean-Baptiste

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