Crimes et arrogance, déchirures et destructions

Boukan News, 12/14/2024 – C’était le 5 décembre 1919, ils s’exerçaient, tels des prédateurs, dans l’art cynique de massacrer et de bombarder la population de la ville des Cayes. Le 6 décembre 1929, leurs mitrailleuses ont encore fauché sans pitié 1 500 paysans de la ville des Cayes. Ces âmes brisées ne réclamaient qu’une maigre rétribution pour leur labeur. Aucune réparation, aucun regret ne leur a été accordé. Haïti, humiliée, les entrailles béantes, n’a pu que pleurer son impuissance face à cette boucherie. La main sanglante des États-Unis s’abattait avec une froideur inhumaine, broyant la dignité haïtienne sans une hésitation, sans un frisson d’âme.
C’était une époque sans réseaux sociaux, et pourtant, le massacre de 1929 secoua la conscience du monde entier. Le massacre d’Haïti, loin d’être une aberration, était une stratégie froide, méthodique, conçue par des occupants dénués de toute humanité. Quelques mois plus tôt, le 20 février 1929, Haïti, contrainte, sous la menace, signait un traité frontalier avec la République dominicaine. Ce document, grotesque dans son hypocrisie, proclamait : « La République d’Haïti, libre, indépendante et souveraine, signe avec la République Dominicaine… » Quelle moquerie immonde ! Haïti, à genoux, écrasée sous la botte impériale des États-Unis, n’était ni libre, ni souveraine, ni indépendante. Ils imposèrent ce traité léonin, fruit d’une perfidie calculée, au peuple haïtien. Pour Thomas Jefferson, les Haïtiens étaient une menace à éradiquer. John Tyler, autre président américain, proclamait qu’Haïti ne méritait pas d’exister, refusant même toute relation diplomatique avec cette nation qui, par sa seule existence, défiait l’ordre esclavagiste. Depuis sa naissance, Haïti a été marquée du sceau de l’infamie par l’Occident.
Le 11 juin 1872, le capitaine Batsch, figure de l’arrogance, commanda une expédition de représailles contre Haïti. Il s’empara de deux navires de guerre haïtiens dans la rade de Port-au-Prince. Après avoir extorqué ce qu’il exigeait, il rendit les navires, mais non sans profaner l’honneur national. Le drapeau haïtien, étalé sur les ponts des deux navires, fut souillé par un acte abject : cet homme, baissant sa culotte, s’accroupit et osa ce que vous devinez.
Le 6 décembre 1897, un autre affront, d’une bassesse inégalée, fut infligé à Haïti. Le chargé d’affaires allemand Ulrick Friedrich Karl Schwerin, dans un mépris absolu, lança un ultimatum au gouvernement haïtien pour protéger Émile Lüders, un sujet germano-haïtien arrêté pour violences contre les autorités. Les exigences étaient d’une ignominie ahurissante : révoquer les policiers impliqués dans l’arrestation, destituer les juges ayant traité l’affaire, permettre à Lüders de rester en Haïti, lui verser une indemnité de 20 000 dollars, présenter une lettre d’excuses au gouvernement allemand, hisser un drapeau blanc sur le mât du palais national, saluer le drapeau allemand par 21 coups de canon et trinquer avec le chargé d’affaires. L’indignité et la servitude forcée étaient érigées en loi pour piétiner l’honneur haïtien.
En 1912, l’ambassadeur américain imposa une autre humiliation: il interdit à Cincinnatus Leconte d’expulser les Syro-Libanais comploteurs sous prétexte qu’ils détenaient des passeports américains. La suite est connue : le palais national explosa, emportant Leconte et des centaines d’innocents.
Le 17 décembre 1914, des marins américaines, débarquant du navire Le Mathias, pénétrèrent dans la Banque nationale d’Haïti et emportèrent toutes les caisses d’or d’une valeur de 500 000 dollars, l’équivalent aujourd’hui de 64 133 180 dollars. Ce vol à main armée, orchestré à visage découvert, était un acte de banditisme d’État, un crime de lèse-nation.
L’occupation brutale de 1915 ne fut qu’un chapitre de plus dans cette entreprise de destruction. Les multiples coups d’État, fomentés depuis l’étranger, furent exécutés, ancrant Haïti dans un chaos savamment entretenu. L’assassinat de Jovenel Moïse, en la forme et son exécution, constitue un crime sans égal dans les annales de l’humanité, un sommet de l’insulte à la souveraineté d’un peuple.
Quand un président des États-Unis traite Haïti de « trou de merde », il ne fait pas qu’insulter ; il déshumanise. Quand un autre président affirme qu’Haïti pourrait disparaître sous les eaux sans émouvoir quiconque, il scelle le mépris occidental dans un cynisme glacial. Ces paroles sont des cicatrices infligées à l’âme haïtienne.
Et que dire du président Macron? Cet homme, caricature de l’arrogance diplomatique, incarne une médiocrité qui fait honte à l’histoire de la France. Spécialiste des volte-face et des déclarations contradictoires à l’emporte-pièce, il est une plaie sur la diplomatie française. Son ignorance historique, son immaturité politique, et sa science à multiplier les maladresses diplomatiques font de lui une menace non seulement pour la France, mais pour l’humanité tout entière. Ce président, intellectuellement indigent, est une épée de Damoclès suspendue au-dessus de son propre pays. La France mérite mieux que ce naufrage de la pensée.
Dr. Haendel Carré