Comment la Police Nationale devrait clarifier les faits criminels en Haïti :

 

Comment la Police Nationale devrait clarifier les faits criminels en Haïti :

Un travail scientifique est nécessaire pour reconnaître et conserver les preuves sur les scènes de crime

Par Patrick Moise

Commissaire de Police, Doctorant en Sécurité Nationale.

« Les échecs du pouvoir judiciaire dans les enquêtes sur les crimes » est une phrase fréquente dans les médias journalistiques, qui tente d’expliquer la vague d’insécurité qui est vécue. Cela se produit non seulement en Haïti, mais aussi en Amérique latine et j’ose le dire dans une grande partie du monde. Maintenant, au lieu de chercher à blâmer ce problème multi-causal, interdisciplinaire ou multiformes nous pourrions nous poser quelques questions :

– Enquêtons-nous sur les crimes de manière interdisciplinaire ?

– Travaillons-nous en équipe et en véritable équipe ?

– Connaissons-nous les outils disponibles pour enquêter sur un acte criminel ?

– Sommes-nous vraiment formés à la spécificité du sujet ?

Enquêter sur un crime nécessite un travail interdisciplinaire. Le juge ou le procureur qui supervisera la légalité de la procédure, les enquêteurs de police, les criminalistes du laboratoire et une figure qui n’existe pas encore doivent intervenir : les criminalistes de terrain et les grands investigateurs A1.

Et c’est là que nous échouons dès le départ : sur le terrain, sur les lieux, sur les lieux du crime, ou les lieux de fait.

En n’ayant pas la figure du criminaliste de terrain, ceux qui s’approchent de la scène du crime peuvent ne pas reconnaître les preuves qui doivent être préservées pour l’identification de l’auteur de l’acte.

Ceux qui arrivent les premiers sur le lieu de l’événement ne savent pas comment maintenir leur intangibilité, pour que plus tard l’événement historique puisse être reconstitué en un vrai cas de justice. Et, si le juge n’a pas de preuves, l’accusé doit recouvrer sa liberté mais, dans le cas contraire, il sera rapidement remis en prison avec des preuves tangibles de la Police scientifique et les témoins oculaires.

Un personnage, que nous appellerons le coordinateur de la scène de crime, devrait être celui qui organise l’équipe interdisciplinaire et qui conseille continuellement les responsables de l’enquête que ce soit le juge, le procureur ou autre sur les tâches qui sont effectuées et les résultats qui sont en cours d’exécution. C’est un travail d’équipe.

Maintenant, sur la base des preuves présentées plutôt que des faits, ce coordonnateur indiquerait au juge ou au procureur quel type d’expertise devrait être exercé sur eux, pourquoi et pourquoi.

Je vous conseillerais également sur le laboratoire approprié, non seulement en tenant compte de sa proximité mais aussi, de sa capacité d’expertise. Tous les laboratoires n’ont pas la même capacité d’expertise, ni le même équipement technologiquement avancé.

Il existe des laboratoires criminels dotés de très bons équipements forensiques ; dans d’autres cas, ces équipements sont moyens, rares ou obsolètes. Il s’agit de connaître les outils dont nous disposons dans le processus d’enquête de police judiciaire.

Quiconque enquête sur un acte criminel doit être formé à cette tâche, afin d’améliorer la qualité de la reconnaissance et de la conservation des preuves face à la présomption de commission d’un acte criminel. Cela permet, dans le secteur public, de contribuer à une administration efficace de la justice en garantissant le droit légitime à la défense, et dans le secteur privé d’optimiser les normes de soins pour les niveaux de gestion des entreprises qui doivent enquêter sur les délits « extrêmement difficiles ».

Dans le secteur public comme dans le secteur privé, la formation amènera les responsables à connaître les éléments, traces ou indications qui permettront la clarification immédiate d’un acte criminel et l’identification de ses auteurs.

– Les responsables pourront planifier, selon des méthodologies standardisées, un acte rapide et efficace avant la présomption de la commission d’un acte criminel, protégeant les éléments, traces ou indications de leur destruction ou contamination, garantissant le traitement de leurs propres informations.

– La formation les amènera à connaître les paramètres fixés par les agences d’investigation comme le FBI, la police française, la police canadienne et nos forces de sécurité, dans la préservation et la protection des éléments, traces ou indications permettant d’identifier les auteurs de crimes et de ne pas accuser les innocents sans raison. Cela signifie que nous formons un syndicat du crime en prison pour conscience ou par méchanceté de la police dans des investigations, induit en erreur par des enquêteurs médiocres et arrogants dans la Police en Haïti, ce qui entraîne une énorme lacune dans l’instruction des affaires devant les juges d’instruction. Alors, si le juge est corrompu ou manque de formation, pire sera l’affaire, ou il devra libérer l’accusé pour de l’argent ou faute de preuves.

La formation, si nécessaire, permettra également d’agir en tant qu’assistants de justice efficaces, de promouvoir les activités d’enquête discrète sur les délits internes, (vol, enlèvement, séquestration, fraude) et d’analyser les principales tendances (schémas) de délits spécifiques.

En conclusion, nous pouvons affirmer qu’il n’y a pas d’impunité. Il y a de mauvaises recherches. Cela peut être résolu en travaillant de manière interdisciplinaire, chacun à sa manière mais en équipe, avec une communication fluide et formée, générant également la figure du Coordonnateur de la scène de crime. Et si nous respectons les garanties constitutionnelles, respectons le principe « enquêter pour arrêter, ne pas nous arrêter pour enquêter ».

Par conséquent, nous sommes prêts à changer la police judiciaire et scientifique d’Haïti, à aider la justice à libérer les innocents et à réduire le coût de la sécurité économique des prisons afin de réhabiliter les citoyens après avoir été écroués. Et, comme l’avait mentionné Saint-Thomas d’Aquin : « On ne peut pas liquider un citoyen pour un acte criminel, mais on le réhabilite par l’éducation. »

 

Patrick Moise

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