CARL HENRY BOUCHER, A SCAPE GOAT (bouc-émissaire) !
« Quand je suis arrivé, les véhicules blindés étaient déjà à l’intérieur du Village de Dieu. Je veux connaître les raisons pour lesquelles on me demande de donner une explication. Qu’ai-je fait de mal ? Quel a été mon rôle dans l’opération ? Étais-je le chef de l’opération ? Ai-je eu des responsabilités pour l’opération ? » (Carl Henry Boucher)
Par Joel Léon
Le massacre des policiers au village de Dieu fut la première partie d’un feuilleton sanglant à je ne sais combien d’épisodes.
Carl Henry Boucher, un inspecteur de police, vient d’être immolé dans le train-train de Jovenel Moise d’accaparer indéfiniment le pouvoir politique. L’opération policière au Village de Dieu fut un échec total que l’équipe au pouvoir s’empresse de transformer en gains politiques, à l’intérieur et à l’extérieur du pays. En premier lieu, l’aspect interne !
Si on croit M. Yves Lafortune, Mr Boucher est un bon citoyen. Au sein de la PNH, on ne dit pas le contraire. Cependant il est toujours seul, il ne se fraternise pas assez avec ces frères d’armes. On a l’impression que M. Boucher est habité par un sentiment supérieur. Tous ses collègues respectent son professionnalisme. Son grand défaut, il ne fait pas de politique.
Être membre d’une institution sécuritaire aussi importante, qui relève de l’autorité du pouvoir civil (dans un pays comme Haïti), le professionnalisme ne suffit pas. Il faut certainement des ramifications politiques pour qu’on soit un bon policier. Ce qu’il a toujours refusé de s’associer avec. Donc, Boucher n’était protégé par aucune force politique interne ou externe, ce qui explique sa faiblesse.
En addition, Jovenel Moïse a une dent contre Carl Henry Boucher. Il n’arrive pas à le saisir, c’est-à-dire sa position par rapport aux bouleversements politiques qui agitent toutes les institutions dans le pays. En un mot, Boucher n’est pas un homme sûr pour qu’il fasse partie du haut commandement de la PNH. On le disait trop proche de Mme Gauthier, elle aussi inspectrice de police et incarcéré depuis le 8 février 2021 dernier, sous l’accusation de fomenter un coup d’État ou tentative d’assassinat (ici on a le choix) contre la personne de Jovenel Moise. La présence du syndicaliste de l’institution policière qui était à la télévision ( Chaîne 20/ Sa kap Kwit ) fait partie d’un montage pour couler l’inspecteur Boucher. C’était prélude à sa démise, une opération de relation publique pour préparer l’opinion publique à la décision qui allait être prise.
Effectivement, sans surprise la nouvelle est tombée. Mr Boucher, nouvellement affecté au service de renseignement de la police, est mis à l’isolement. Le coup a réussi, au moins pour l’instant, il a même failli perdre sa peau, car des policiers manipulés par le pouvoir le tiennent comme le seul responsable de la débâcle du Village de Dieu et tentaient même de le frapper. Pourtant, il y a un autre policier, Jacques Joel Orival, qui pourrait aider à dénouer cette crise artificielle, il ne l’a pas fait.
Le commissaire divisionnaire, Jacques Joel Orival, qui vient de remplacer Frantz Lerebours qui a été promu au poste de chef de cabinet du directeur général par intérim de la police nationale, doit des explications au public sur le massacre du Village de Dieu. Qu’il se comporte en homme, conformément au serment :«Je jure sur mon honneur et devant la collectivité de respecter et de faire respecter la Constitution, le Drapeau, les Lois et Règlements régissant les forces de police nationale, de protéger les droits et libertés de tous les habitants sans aucune forme d’ostracisme ou discrimination, de maintenir l’ordre, la paix, la sûreté, la sécurité et la tranquillité publique sur toute l’étendue du territoire et de me comporter en toutes circonstances comme un honnête et digne auxiliaire soumis aux ordres des autorités établies par la Constitution.». Jacques Orival, la nation attend la vérité de votre bouche!
Pendant ce temps, l’épuration se poursuit à la direction de la PNH. Tout policier qui respecte l’article 8 du fonctionnement qui lit comme suit : « Les fonctionnaires de police sont essentiellement apolitiques et sont soumis aux ordres des autorités de police prévues par la loi. Ils sont tenus, sous peine de sanctions, de déférer avec promptitude à toute réquisition légale de ces autorités, ainsi que des autorités administratives et judiciaires locales », doit être écarté de l’institution pour mieux le convertir en une police politique. Léon Charles, est le mieux placé pour compléter froidement ce plan sinistre de Jovenel Moise. Donc, Carl Henry Boucher est foutu, jeté dans la fosse aux lions, c’est fini pour lui… Peut-être!
D’ailleurs, on l’a déjà attribué d’un « Handler », il s’agit de Reginald Boulos. Ce monsieur qui, malgré des pressions énormes de toutes sortes exercées contre lui, nage comme un poisson dans de l’eau tiède. Il refuse de partir, comme c’était le cas pour Dimitri Vorbes. Réginald Boulos est un type malin, il sait quand se couler pour réapparaitre. Il a aussi ses ramifications internationales qui le protègent aussi, mais le courant est trop fort. Il se rendra. Et d’après une communication que j’ai eue avec qui de droit, Boulos n’a aucun contact avec Mr Boucher. C’est un moyen de le foutre en prison pour qu’il cesse d’emmerder le pouvoir, ou de vider les lieux.
Je vous promets de revenir sur Réginald Boulos, c’est un cas extrêmement intéressant et que le public sait très peu à propos. En attendant, ouvrons une fenêtre sur le mystérieux Léon Charles, l’actuel directeur de la PNH.
Léon Charles, l’actuel chef de la police, est un transfuge de l’Organisation des Etats Américains-OEA. Son retour à la tête de la police est dû à sa performance de 2004, après le kidnapping d’Aristide. Il a une mission claire, procéder à l’élimination des « deux extrêmes ». La contradiction, c’est qu’il n’y a pas de groupes extrémistes en Haïti, donc il faut les créer. La multiplication des gangs constitue l’élément fondamental du « playbook » de Léon Charles. L’un ne marche pas sans l’autre, les gangs qui terrorisent la population vont nécessairement produire des réactions proportionnelles aux abus des hommes armés. A partir de ce moment, le motif tant recherché sera trouvé pour complaire le plan machiavélique de l’international contre Haïti. Lisez cet article : « Quand une Mine d’Or Signifie la Mise à Mort d’une Nation », juste pour avoir une idée claire de ce qui attend le peuple haïtien.
Revenons à notre immolé, Monsieur Carl Henry Boucher. Cet homme devrait quitter la police depuis des années. On dit qu’il s’agit d’un coup composé d’anciens militaires qui intégrait la police contre des policiers réguliers. On souligne aussi que Boucher fut le dernier policier naturel du haut état-major de la PNH, c’est-à-dire qui avait été à l’académie sans avoir été déjà un militaire.
En termes de conclusion, d’une pierre Jovenel Moïse a fait plusieurs coups. Il avance son plan de la politisation totale de l’institution policière, il arrive à militariser le haut état-major et il acompte le plan de l’international d’élimination des « deux extrêmes”. Carl Henry Boucher est sacrifié pour asseoir le pouvoir personnel de Moise Jovenel, dont l’objectif fondamental est la liquidation des ressources minières nationales aux puissances internationales. L’échec de l’opération policière au Village de Dieu est celui de tout le commandement de la PNH et du pouvoir politique, sauf la responsabilité d’un seul homme !
Joel Léon