Ariel Henry, est-il en train de perdre les pédales du pouvoir ?
Boukan News, 03/05/2024 – Les événements politiques progressent à la vitesse du son, c’est une exclusivité haïtienne. On peut être chef d’état aujourd’hui, le lendemain on est dépouillé de tout pouvoir. L’histoire d’Haiti du 19e siècle est truffée de ces cas, où des généraux-présidents abandonnent le palais national en courant pour atteindre le port de Port-au-Prince afin de s’exiler.
Il semble que l’opposition a claqué la porte au nez du premier ministre Ariel Henry. Son périple qui l’emmenait en Guyane, le Kenya, puis chez son plus grand supporter, les Etats-Unis. Ce long voyage est probablement sur le point d’être mal fini.

L’opposition haïtienne, à travers un coup de maître, il faut l’admettre, parvient à créer une situation chaotique en exerçant une violence à l’état de nature à Port-au-Prince. Ce job sale an été attribué aux gangs. Eux, qui passaient près d’une décennie à kidnapper, assassiner, racketter et violer les femmes du peuple, qui finissent par atteindre une sorte de dominance dans l’art de tuer. A dire vrai, ils ont délivré une violence inouïe qui a nettement dépassé la violence légitime. Muni d’un permis de tuer en toute quiétude, ils se saoulent dans le sang du peuple, l’amnistie s’en suivra. Entretemps, Ariel est en cavale !
Hier soir, j’ai eu une conversation avec un contact sur la situation du PM. Il essayait de m’expliquer la complexité du cas d’Ariel Henry. Il a déclaré que nous sommes dans l’impossibilité de répéter l’opération du 15 octobre 1994, car, le monsieur n’est pas un leader légitime. Toutefois, le gouvernement américain est en train de réfléchir sur un moyen quelconque de retourner le colis piégé dans son pays. Mais, à quel prix ?
C’est exactement là que le bât blesse. L’administration de Joe Biden est à six mois des prochaines élections face à un candidat coriace et téméraire, Donald Trump, qui n’a plus rien à perdre. Les derniers sondages donnent un avantage de 5 points de plus à Trump, soit 48%-43%. Ce n’est pas un chiffre insurmontable, compte tenu des ennuis judiciaires de l’ancien président, mais le département d’État ne s’aventurera pas dans des décisions politiques impopulaires qui pourraient leur coûter la réélection. Donc, Ariel Henry est seul dans ce combat de retour au pays !
Les informations qui parviennent font état du refus de la République Dominicaine d’accepter l’atterrissage du premier ministre haïtien sur son territoire. Luis Abinader, le président dominicain, ne prendrait pas une telle décision sans l’assentiment du puissant voisin. D’autre en plus, le fait qu’Ariel Henry n’est pas retourné à New Jersey l’endroit où il avait bordé l’avion a aussi une signification importante. Il a finalement échoué à Porto Rico !
A partir de tous ces événements, on peut s’aventurer pour dire que le PM haïtien, ou l’ex-premier Ariel Henry est en difficulté. Mais tout espoir n’est pas perdu pour lui, la main des Américains est longue et puissante. C’est ce que les leaders haïtiens refusent de comprendre, le pouvoir politique est une responsabilité typiquement haïtienne.
En attendant, les politiciens continuent d’utiliser les services des gangs pour jeter les dernières bases de la police afin de procéder à l’intronisation de leur conseil exécutif au palais national. Toutefois, des voix s’élèvent dans les coulisses pour questionner la présence de Guy Philippe dans cette entité, du fait de sa condamnation aux Etats-Unis pour blanchiment d’argent de provenance de la drogue.
La grande question, est-ce que le puissant voisin acceptera le fait accompli imposé par la violence au pouvoir en Haïti?
Boukan News
Photo: Haitian Times