À Vertières, Moise Jean Charles lance un appel à incendier toutes les banques d’Haïti !

À Vertières, Moise Jean Charles lance un appel à incendier toutes les banques d’Haïti !

Michaud Joanier

Paris, France, 08 ;23/2022 – À Vertières, au Cap-Haïtien, le 22 août 2022, date qui rappelle le soulèvement des esclaves contre la barbarie colonialiste/esclavagiste/raciste des blancs. Le leader du Parti Politique « Pitit Dessalines », Jean Charles Moïse, devant plusieurs milliers de personnes, dans un discours fleuve, appelle à s’attaquer aux banques, après les avoir nommément cités : Sogebank- Unibank- BNC- BUH…

Si en termes de rassemblement populaire, Jean Charles Moïse a fait le plein, mais d’un autre point de vue, il a fait une irréparable dérive langagière quand il appelle à brûler toutes les banques du pays. Il en a très certainement touché le plafond de la connerie !

Tout semblait avoir l’air d’une campagne électorale avant l’heure, et, la suite allait le démontrer. Le 22 août 1791, en marche vers la liberté, la masse des esclaves n’avait pas eu pas le temps de construire des stands politiques mais. Ils furent rassemblés autour d’un discours révolutionnaire après avoir bu une sorte de « Sainte Cène révolutionnaire », ce qui allait changer du coup, le cours de l’histoire.

Banque de la Republique d’Haiti-BRH

Le combat des hommes pour le pain est un facteur qui assure chaque jour la continuité de l’histoire. Tout ça, on le sait, Mais aujourd’hui, personne ne comprend le sens de cette bataille politique que mène le leader de Pitit Dessalines, Jean Charles Moïse. Est-ce une bataille contre le système bancaire en soi ou celle tendant à renverser le système politique en place, générateur de l’insécurité, de la cherté de la vie et de la gangstérisation du pays ? Personne ne le sait vraiment ! On sent qu’il veut aller dans tous les sens sans une trajectoire politique bien définie !

Si on part du principe que la politique prime sur tout, on peut essayer de comprendre que Moïse Jean Charles lutte contre le système qu’on a en Haïti de façon de le chambarder. Là aussi, l’on doit comprendre que Moïse n’entend pas saper la branche sur laquelle il est assis. Car, sous peu il aura besoin d’un autre passeport, parce qu’Ariel Henry va le lui enlever le passeport diplomatique dont il est détenteur. En ce sens, il fragilise la position de son ministre de l’Intérieur au sein du gouvernement, Listz Quitel, le présumé kidnappeur.

A l’occasion du 22 Août 2022, date charnière dans l’histoire d’Haïti, le fils tentait de démontrer à la face du monde qu’il est vraiment le fils de son père, en l’occurrence Jean Jacques Dessalines. Ainsi, il a choisi de galvaniser la foule vers la libération du pays par des slogans incendiaires. Moïse Jean Charles se contentait uniquement d’inviter ses partisans à s’en prendre aux banques. Elles restent, en dépit de tout, le poumon de l’économie nationale. Reste à savoir, lequel on doit casser, le thermomètre ou la fièvre qu’on doit guérir ?

C’est assez irresponsable pour quelqu’un qui aspire à être le chef suprême de la nation haïtienne de se laisser emporter dans cette vague de violence verbale. Alors qu’il a bien vu ce que les excès de langage avaient coûté à ses prédécesseurs. C’est sûr que dans les heures, jours, mois, années qui suivent, les adversaires politiques de Monsieur Jean Charles Moïse vont s’en servir largement pour lui mettre les bois dans les roues.

Soudainement, le gouverneur de la banque centrale annonce l’injection de 150 millions de dollars américains dans l’économie. L’on n’a pas besoin d’être de grands clercs en sciences économiques pour savoir que cette action ne va pas inverser la tendance haussière du coût de la vie. Mais cela se joue à toute une conjonction de mesures et de mécanismes allant de la production nationale, d’une politique monétaire, de la stabilité politique, la création d’emplois, l’équilibre de la balance commerciale…pour véritablement corriger cette réalité inflationniste.

Injecter mille milliards de dollars dans l’économie ne résoudra aucunement le problème de la dévaluation de la gourde par rapport au dollar américain. Du fait que dans les mêmes conditions, les mêmes causes produiront les mêmes effets. Ces derniers jours, pas mal d’entreprises du pays se déménagent vers Saint-Domingue ou vers d’autres états des caraïbes, fuyant ainsi la prolifération des gangs, la coupure récurrente de l’électricité etc…Rien ne dit si on ne s’achemine pas vers la dollarisation pure et simple du marché haïtien. Cette prédiction peut paraître osée, mais d’autres pays ont déjà emboîté le pas !

Donc, le leader de « Pitit Dessalines » ferait mieux de s’attaquer aux problèmes urgents, par exemple en encourageant son gouvernement à agir raisonnablement de façon à créer les conditions pour la reprise des activités économiques et sociales pouvant déboucher sur le plein emploi, au lieu de faire appel à l’incendie des banques.

Nous espérons qu’au cours des prochains rassemblements que Jean Charles se débarrasse de son infantilisme, en faisant preuve de plus de maturité politique.

Michaud Joanier, Journaliste

 

 

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