À l’Arcahaie, une fête du drapeau célébrée sous le signe de l’insouciance, du laxisme et du kidnapping !
Déjà, Haïti a-t-elle encore un drapeau ? Peut-on fêter l’inexistence ? S’il y avait effectivement un drapeau, qu’est-ce qu’en reste ? Le mât sur lequel s’attache le bicolore, tient-il encore débout ?
Voyons voir quelques définitions, ce qui nous permettra de voir où nous en sommes par rapport à ce drapeau, ô combien vilipendé, martyrisé, piétiné, trahi non seulement par l’ensemble de la classique politique haïtienne mais surtout par l’hébété premier-ministre-président d’Ariel Henry qui vient de salir, une fois de plus, à l’Arcahaie, le bicolore, à l’occasion de son 219e année de sa création !
« Le drapeau est un symbole, un insigne facilement reconnaissable et compréhensible permettant à celui ou à celle qui le brandit d’affirmer son appartenance à une organisation ou à une nation plus grande que lui et au sein de laquelle il se sent vivant ! »
Disons que le drapeau est un lien, un symbole d’unité vers lequel on se tourne dans des moments de tristesse ou de grande joie !
Toutes ces définitions devraient nous ramener à notre cher bicolore haïtien, s’il existait encore, bien entendu, histoire de le présenter comme le symbole des valeurs de la république, d’égalité, de liberté et de fraternité. Des valeurs qui devraient être ancrées, articulées, axées dans la culture nationale, dans la sauce haïtienne, tout en faisant partie de notre ADN, appartenant à chaque citoyen en particulier !
En 2022, c’est bien dommage de le dire, le poids de la division est tel qu’il nous fait oublier que notre drapeau a été tissé dans l’unité, à la suite de la guerre de la colonisation, au fil des épreuves et des ambitions de notre pays !
Ce 18 mai 2022 marque le 219e anniversaire de la création de notre drapeau après tant de sacrifices, de gicle de sang ! Mais quel bilan peut-on présenter, en termes d’image, de fierté et de réalisations spectaculaires ?
Si oui, une nation sous l’occupation, placée sous la perfusion de l’aide internationale, toujours incapable de donner d’un dirigisme politico-économique, environnemental au point qu’on devient la poubelle mondiale, une « république humanitaire », une république des organisations non-gouvernementales (ONG).
Comment un premier ministre-président peut-il s’arroger le droit de parler de la fierté d’un drapeau, quand son pays devient la référence de l’insécurité pour toute une planète caractérisée par des dizaines de morts au quotidien ? Où est passée cette fierté de célébration quand nos compatriotes se font déchiqueter par des requins sur les côtes portoricaines, se font humilier en république voisine, à Saint-Domingue, en France, au Texas, aux Etats-Unis !
Nous croyons qu’Ariel Henry devrait renoncer d’aller cracher sur le drapeau à l’Arcahaie s’il avait honte ? « On ne donne pas ce qu’on n’a pas »!
Une entente avait débouché sur le Congrès de l’Arcahaie, en 1803 ? Pourquoi 219 années après, nos politiciens ne sont-ils en mesure de rééditer 1803 sous une autre forme en fondant leurs accords en vue d’une solution à cette crise haïtienne qui ne peut plus durer ? Ainsi, les populations de Martissant, de Bel-Air, de la Plaine du Cul-de-Sac pourraient se sentir appartenir à un pays dans lequel flotte un drapeau digne de ce nom où elles pourront chanter en chœur, et avec raison : Pour le drapeau, pour la patrie mourir est beau !
Michaud Joanier
Photo: Yahoo News