De M. Joseph Jouthe au Dr Claude Joseph : Haïti en Mode de Patin à Glace !
Par Joël Léon
La ronde joyeuse des gangs autour de Jouthe Joseph
Haïti, trahie par ses élites, est à genoux. Rien ne va. L’expression la plus fidèle de la désintégration de l’État est la composition de ce gouvernement, tout de suite après la démission attendue de l’ex-premier ministre Joseph Jouthe. Actuellement, c’est un gouvernement de crise qui dirige le pays. Claude Joseph, l’étoile montante de la mouvance « PHTK », est premier ministre et aussi détenteur du portefeuille des affaires étrangères.

Faisons une marche-arrière. L’ancien premier ministre Joseph Jouthe refusait catégoriquement de répondre aux questions de Boukan News. Il m’a déclaré, au cours d’une brève conversation téléphonique, que « Pour votre gouverne, je reste un proche du président ; on continue à travailler ensemble. » Pendant ce temps, d’anciens collègues ministres entreprennent une campagne silencieuse de destruction, mais énergique, contre cet ancien haut fonctionnaire de l’État. D’abord, on l’accuse d’avoir été de connivence avec les chefs de gangs : IZO et TILAPLI. D’après cette source, les deux premiers appels téléphoniques reçus par M. Jouthe, tout de suite après sa prestation de serment, venaient de ces deux leaders du crime organisé dans le pays. On dit tout cela pour établir la relation de proximité qui existait entre Jouthe et les deux chefs de gangs.
C’était bizarre pour un technocrate de la trempe de Jouthe, par-dessus tout arrogant, d’entretenir des relations privilégiées avec des chefs de gang, jusqu’à avoir son numéro de cellulaire. Ainsi, Boukan News avait jugé bon d’enquêter un peu plus sur cette affaire. En fait, la découverte n’était pas surprenante. C’était quelqu’un de la présidence qui faufilait le numéro de Jouthe aux deux chefs bandits. L’objectif consistait à intimider directement le nouveau locataire de la primature, lui qui venait juste de proférer des menaces verbales directes à l’encontre des gangs. Le message à l’endroit de Joseph Jouthe était clair et droit : « Nous avons accès à vous ; en temps et lieu nous pouvons vous faire du mal. »
En tant qu’ancien grand commis de l’État, Mr Jouthe est astreint aux devoirs de réserve. Cela est compris. Toutefois, quand les attaques sont dirigées illico contre son intégrité, une simple intelligence de la politique requiert une réponse face à cette accusation spécifique. Malheureusement, Mr Jouthe a décidé de ne pas éclaircir ce point d’ombre. La réalité est ce qu’elle a toujours été : Les gangs ont de solides ramifications politiques connectées au plus haut lieu du pouvoir en place. Cela en dit long !
Une autre source, très fiable, fait état du blocage auquel M. Jouthe faisait face tout au long de son administration dans sa volonté de combattre la prolifération et les actions criminelles des gangs. Cette source avance qu’à chaque fois qu’il faisait des déclarations médiatiques concernant des actions qui allaient être entreprises contre les gangs, notamment ceux du « Village de Dieu », et que rien n’a jamais été réalisé, cela était dû au fait qu’au palais national, des contre-ordres ont été passés pour stopper toute initiative d’attaque contre les chefs de gang. La révélation va plus loin pour citer le nom de Jovenel Moïse lui-même.
La pertinence de cette accusation, car elle implique directement le président de fait de la république, a poussé Boukan News à approfondir son enquête davantage. Là, la découverte était surprenante. Le président inculpé est directement impliqué dans le fonctionnement des gangs. Cela vient de confirmer toute une série d’informations, les unes plus irréelles que les autres, sur les contacts des chefs de gang à l’intérieur du système politique haïtien : L’exécutif, le Parlement et le judicaire…certaines voix s’élèvent aussi pour impliquer une frange de l’opposition dans cette sale affaire.
Mr Joseph Jouthe, en dépit de son tempérament impétueux, entrera dans l’histoire comme le plus nul de tous ceux-là ayant servi comme chef de gouvernement en Haïti. Son actif est complètement vide. Il ne dirigeait absolument rien. Homme vertical, s’il avait été, il aurait dû démissionner depuis longtemps. Il fut une entité virtuelle. Le pouvoir réel se trouvait entre les mains d’Ardouin Zéphirin et de Jovenel Moise. Dans une certaine mesure, on peut citer aussi les noms de Guichard Doré, Renald Luberice et, en dernier lieu, Claude Joseph. Donc, Jouthe ne faisait pas partie des décideurs de la nation ; il était tout simplement là. Personne ne le prenait au sérieux. Il a démissionné ; on l’a déjà oublié dans le cercle de la présidence. D’ailleurs, Jovenel Moise avait déjà annoncé à Claude Joseph qu’il allait être le prochain premier ministre, au moins quatre jours avant l’abandon de Joseph Jouthe. Même le directeur général de la Police Nationale, Mr Léon Charles, le détestait.
Joseph Jouthe versus Léon Charles : Une aversion mutuelle

L’autre accroc de Joseph Jouthe relevait de ses relations houleuses avec le directeur général de la Police Nationale, Mr Léon Charles. Celui-ci était le pire ennemi de l’ancien premier ministre. L’arrogance de Jouthe l’agaçait au plus haut niveau. Jouthe le traitait d’incompétent partout où il passait. Si tout dépendait de lui, Léon Charles serait longtemps révoqué de sa fonction. Jouthe poussait son arrogance jusqu’à entreprendre des contacts avec des subalternes du directeur de la PNH, outrepassant ainsi la chaîne de commandement. Ce qui est une violation flagrante des lois régissant le code de conduite du conseil supérieur de la Police Nationale. L’animosité entre les deux chefs de la sécurité nationale du pays ne fut un secret pour personne. Léon Charles portait des plaintes constamment au président contre Jouthe. Il souhaitait ardemment son départ. Quand la nouvelle de la démission du l’ex-premier ministre tombait à ses oreilles, il était heureux et prêt à embrasser n’importe qui, pourvu qu’il ne soit pas Joseph Jouthe. L’accueil réservé à son remplaçant, Mr Claude Joseph, en dit long !
Claude Joseph : La surprenante étoile filante
Claude Joseph, une figure énigmatique de la politique d’État haïtienne, a été choisi par le « président » pour diriger la primature provisoirement. Faisons un petit coup d’œil en arrière. Environ deux mois avant la nomination de M. Claude, au cours d’un échange, je l’avais mis au courant d’une information que j’avais en ma possession, selon laquelle, il figurait sur une liste de Jovenel Moïse comme potentiel premier ministre. Il avait répondu en ces termes : « Je suis un ami personnel de Mr Jouthe. Je le considère comme un père, un mentor. Je ne suis pas intéressé à le remplacer. D’ailleurs ce n’est pas à l’ordre du jour ; nous sommes en parfaite harmonie. » Il répondit de cette façon, juste pour essayer de discréditer la source de mes informations.

Le lendemain, après sa nomination à la primature, je lui ai envoyé un message pour lui souhaiter bonne chance. Comme toujours, en gentleman, il a répondu, en disant merci. À ce moment, j’avais abordé avec lui un aspect important de sa vie politique. Considérant le caractère privé de la conversation, je ne vais pas révéler sa réponse. Toutefois, je vais partager mes réflexions sur les étapes brulées pour qu’il soit là où il est aujourd’hui.
Le Dr Claude Joseph avait été « Chargé d’Affaires » de la République d’Haïti en Espagne.
Moins de deux ans après, on le retrouvait déjà à la chancellerie haïtienne comme ministre. Pour les initiés de la diplomatie, on sait qu’on n’obtient pas souvent de grades en un laps de temps aussi court, comme c’est le cas de l’homme en question. La diplomatie reste, en dépit des âges, une « science bourgeoise ». Elle est traditionnellement conservatrice. L’ancienneté et l’expérience sont les deux éléments majeurs qui s’impliquent obligatoirement dans les mutations administratives et politiques. Il faut souligner qu’en Haïti, à l’heure actuelle, rien ne se fait dans le respect des normes. Car, c’est le ridicule qui dirige tout simplement. Toutefois, cela n’empêche pas que Mr Joseph soit considéré comme un cas atypique. Un mystère plane autour de l’homme. En trois ans seulement, il a gravi tous les hauts rangs politiques pour s’imposer comme le deuxième homme fort du pays.
L’arrêté qui l’a nommé comme nouveau premier ministre provisoire est on ne peut plus clair, et Jovenel Moïse l’avait ainsi exprimé : « La démission du gouvernement, que j’ai acceptée, permettra d’adresser le problème criant de l’insécurité et poursuivre (sic) les discussions en vue de dégager le consensus nécessaire à la stabilité politique et institutionnelle de notre pays. Le ministre Claude Joseph est nommé PM a.i. » Donc, combattre l’insécurité constituerait la principale mission de Claude Joseph.
Cependant, la nature du gouvernement qu’il dirige porte à désirer ! D’abord, le citoyen Michel Patrick Boisvert est reconduit au ministère de l’Économie et des Finances et celui de la Planification et de la Coopération Externe. Marie Gislaine Monpremier retient le ministère à la condition féminine. Ensuite, le président-inculpé a jugé bon d’ajouter celui des Affaires Sociales à sa charge. Qui pis est, Louis Gonzague Edner Day, le fils de l’ancien préfet d’acier de Port-au-Prince, est reconduit au ministère des Haïtiens Vivant à l’Étranger, puis à celui de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales.

Nous sommes en face d’un gouvernement d’état d’urgence et de crise aiguë qui opère avec un effectif réduit ou 4 membres dirigent 8 hautes fonctions de l’État.
Le « premier ministre » Claude Joseph, au lendemain de sa prestation de serment, se trouvait en pèlerinage. Il visitait presque toutes les installations policières de la zone métropolitaine. Accompagné du directeur général de la PNH, Mr Léon Charles, il s’entretenait avec les policiers, une façon de les rassurer probablement…les moraliser, car l’institution policière fait face à de graves difficultés internes qui menacent même son existence. Sans oublier de mentionner l’incapacité flagrante des policiers de combattre les gangs qui prennent la population en otage.
De plus en plus politisée, de moins en moins efficace, la Police Nationale est dépassée par l’insécurité qui s’installe dans le pays. Claude Joseph, un « premier ministre » qui n’a aucune connaissance, ni expérience en matière de sécurité publique, comment va-t-il réussir là où Jouthe Joseph avait échoué ?
En attendant des actes concrets, le nouveau « premier ministre » est perçu par la population comme tout simplement un politicien de « la chance qui passe, la chance à prendre ». Tout le monde attend sa démise !
Joël Léon
C’est blanc bonnet bonnet blanc.
Yo sé 2 vomi politic lap enteré Haiti nan labou kòm doktè ak voryen.