Les Vendeurs de Patrie (La Parade des Sadiques, des Voyous et des Pleurnicheurs)!

Les vendeurs de patrie

(La parade des sadiques, des voyous et des pleurnicheurs)

 

Par Réginal Souffrant

 

Les apatrides sont légion. On les retrouve et dans le camp du régime de fait de Jovenel  Moise et dans l’opposition haïtienne. Savez-vous pourquoi ils militent des deux côtés de la barricade?  Ils ont tous deux les mêmes maitres, i.e. la bourgeoisie locale et les USA. Pour faciliter la compréhension du topic, je vais me référer, tout au long de l’article,  au régime PHTK par l’adjectif « sadique». Quant à l’opposition, je la divise en trois secteurs: Les « militants », les  «voyous» et les «pleurnicheurs».

  1. Les sadiques

Je ne vais pas trop épiloguer sur les « sadiques»  mafieux du PHTK. On est unanime à reconnaitre que ces fripouilles ont jeté le pays dans un fossé abyssal.  Versés dans la sorcellerie, ces psychosopathes ont perdu leur humanité : Ils sont affreusement tristes quand leurs vis-à-vis connaissent le bonheur, tandis qu’ils festoient à la vue de cadavres bruissant de mouches, par exemple. C’est une horde criminelle composée de trafiquants de drogues, d’organes humains, d’armes à feu et de tueurs à gage. Ils ont la manie de la gâchette et, de leurs projectiles, saute la mort comme l’eau d’une pomme d’arrosoir.

De concert avec les puissantes ambassades étrangères installées en Haïti et l’oligarchie, les PHTKiens  ont dilapidé près de 4 milliards de dollars US des fonds PétroCaribe. Craignant la grogne inévitable de la population, due à ce pillage, ils ont créé_ avec le support de leurs mentors nationaux et internationaux_ des gangs (fédérés autour de «G-9 ») qui terrorisent le jour comme la nuit. De cet état de fait, Haïti est devenue une société décomposée au-delà de la faillite. C’est de l’asphyxie totale!  Mais, qui est le maitre de ces « sadiques » au pouvoir? C’est bien le « Core Group » qui réunit tous les pays impérialistes avec les USA en tête. Donc, un « Blanc » nous dirige via PHTK, sa succursale locale.

  1. L’opposition haïtienne: un véritable imbroglio

1.- Les militants

Dans l’opposition haïtienne, on retrouve trois courants. Il y en a un qui lutte sincèrement pour un meilleur lendemain. Cependant, ce dernier manque de visibilité et reçoit très peu d’invitations de la part des médias dont la survie économique dépend exclusivement de la publicité de cette même bourgeoisie qui a accouché le régime Tèt Kale. Ces vrais militants doivent s’unir tout en se dissociant des faux « révolutionnaires» et offrir une alternative viable à la population.

2.- Les voyous

La seconde catégorie regorge d’antinationaux de droite et de pseudo-gauche qui avaient fait corps avec le nanti André Apaid au sein du groupe des 184. (C’est cet Apaid à qui Jovenel Moise vient d’octroyer $18 millions de dollars et toute la savane Diane d’où gisent d’importantes ressources minières). Ce regroupement politique donnait un coup de pouce à la France et aux USA dans le deuxième renversement de Jean Bertrand Aristide du pouvoir et au boycott de la célébration du bicentenaire de l’indépendance du pays en 2004. Lors, la France reprochait à Aristide d’avoir abordé la question de la restitution de l’indemnité évaluée à 21 milliards de dollars US. Pour leur part, les USA en voulaient à Aristide de  trainer le processus d’implémentation du plan néolibéral qui consiste (aujourd’hui encore) à liquider les ressources du terroir en faveur des multinationales.

De nos jours, ces transfuges du Groupe 184 grognent comme des sangliers pour  réclamer le départ de Jovenel Moise. Cependant, leurs désidérata ne vont pas plus loin que le principe « Ȏte-toi que je m’y mette!». S’ils parviennent au pouvoir, ces «voyous» n’hésiteront pas à céder tous les biens du pays aux puissances impérialistes et à leurs représentants sur place. D’ailleurs, beaucoup d’entre eux doivent leur vivre et leur vêtir à ces rapaces qui aident Jovenel Moise à se visser au palais national. Pourtant, à les voir mettre la bouche en cul-de-poule pour hurler leur amour de la patrie, on leur prêterait les plus nobles intentions. (« Ou tande bèf, ale wè kòn »).

3.- Les pleurnicheurs

Laissez-moi vous dire sans ambages que le 3ème clan de l’opposition constitue ma plus grande préoccupation, car j’y compte pas mal de vieilles connaissances. Il est composé exclusivement de gens du 2ème et 3ème âges. Ces individus sont pourtant bien intentionnés; mais, ils sont à bout de  résistance. Leur tactique de combat se caractérise par une fatigue révolutionnaire aigue. Essoufflés, ils pensent pouvoir tirer les marrons du feu en pliant l’échine faute de réussir, selon eux, à travers un engagement musclé. Du moins, c’est l’impression angoissante qui ne cesse de me happer. Ils se lassent de lutter depuis des décennies. Certains d’entre eux ont pris des rides au cours de la bataille de libération, et ils commencent à questionner une existence ne leur permettant pas de piloter la voiture désirée, de ne pas habiter la maison luxueuse souhaitée ou de ne pas pouvoir aller en croisière d’année en année…

Dans cette même frange, vivent de bonnes âmes en Amérique du Nord depuis des lustres. Ces pleurnicheurs-là se lassent de protester malgré le froid et la neige, ou d’être crottés de sueur en parcourant des kilomètres à pied, pendant l’été, sous l’effet d’une chaleur torride, en faveur de la démocratie en Haïti.  L’âge de la retraite frappe à  la porte. Ils rêvent de se faire bruler la peau en permanence par le soleil de leur pays natal. Pour cause, ces « pleurnicheurs » de la diaspora sont prêts à accepter et même encourager une occupation militaire par ces mêmes colonisateurs qui avaient envahi le sol national, maltraité les natifs et qui continuent de sponsoriser le régime sanguinaire présidé par le PHTK.

 

Points communs entre sadiques, voyous et pleurnicheurs

Si l’on compare le gouvernement Tèt Kale à l’opposition traditionnelle (faite de « voyous » et de « pleurnicheurs»), on déduira qu’ils ont des caractéristiques communes. D’une part, les « sadiques», via Jovenel Moise, ont supplié le conseil de sécurité de l’ONU, l’OEA et la République Dominicaine de voler à leur secours lorsque cela semble ne pas tourner en rond. De l’autre, les « voyous » de l’opposition datée de 2004 sous l’égide d’Apaid jasent dans les médias contre la dictature en place selon les limites prescrites par l’ambassade américaine. Ils élaborent des calendriers de mobilisations populaires (du style « pays-lock ») qu’ils se plaisent à casser de temps en  temps selon les instructions de Washington. Finalement, viennent les lâches « pleurnicheurs»_ réunissant des centristes et des ex-marxistes de pacotille_ qui se sont résignés à lécher les bottes des militaires yankees, toutefois que cette courbette leur donnera l’assurance d’aller se la couler douce en Haïti en se jetant dans l’apothéose des festivités champêtres ou autres plaisirs mondains. Conclusion: Les discours et les approches se diffèrent, mais la résultante est concordante, i.e. les trois entités considèrent Washington comme leur ultime sauvetage.

La bêtise de 1994 rééditée?    

Au reste, les « pleurnicheurs » sont en train de commettre la même bêtise qu’en 1994, laquelle aurait porté l’historien Roger Gaillard à crier « Les Blancs Débarquent » [1]! Un simple rappel: Epuisés par les exactions du groupe paramilitaire FRAP (Front pour l’Avancement et le Progrès), les Lavalassiens accueillaient, à bras ouverts, l’arrivée des troupes onusiennes (sous le leadership des USA) pour remettre Aristide au pouvoir le 15 octobre 1994. Cette mission de l’organisme international changeait de nom comme un caméléon de couleur: MINUSTAH, MINU, MINUJUSTH…Peu importe l’appellation! Les résultats étaient indemnes. La présence de l’ONU était catastrophique : Les partisans de Lavalas étaient constamment harcelés, tabassés, tués…Le viol et la prostitution des  jeunes se multipliaient. Pire, des cadavres s’amoncelaient, suite  à la pandémie de cholera causée par les soldats onusiens.

Va-t-on rééditer la même imbécilité? Serions-nous assez myopes? Aurions-nous la mémoire aussi courte? Malheureusement, on est en train de glisser sur la même pente qui a toujours conduit à cette falaise socio-politique. Voyons voir! En 1991, Aristide fut renversé par l’establishment étasunien sous le gouvernement de Bush, père. En 1994, les Lavalassiens, amoureux de Bill Clinton, accueillirent l’occupant comme les Amérindiens avaient réservé une bienvenue royale à Christophe Colomb. Confiants de la bonhomie imaginaire des « Blancs », les Lavalassiens justifiaient le protectorat en établissant un distinguo farfelu entre « force d’occupation » et « force d’intervention». Pour eux, les « Blancs-sauveurs » intervenaient pour protéger Titid et non pour le «manger». Plus tard, les fans de l’ancien prêtre s’étaient rendus à l’évidence que c’était leur Titid-chéri qui constituait la proie à être dévorée (et non le FRAP), tout comme ce fut le cas des Amérindiens lynchés par Christophe Colomb et sa suite. Titid a subi un second coup d’état en 2004 (sous le règne du président américain George Bush, Jr.).

Déçu de la malversation de Bill Clinton en Haïti qui a avoué avoir détruit la rizière de la vallée de l’Artibonite [2], le segment de l’opposition qui forme aujourd’hui l’ossature des « pleurnicheurs » applaudissait l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche. Parce qu’il est noir. Parce qu’il est le premier président « noir » nord-américain.  Pourtant, Obama et les Démocrates allaient nous coincer le PHTK à la gorge avec Hillary Clinton en tête comme secrétaire d’état. Après cet échec,  les « pleurnicheurs » se trouvaient un autre « Blanc» messiaque: Donald Trump…qui avait promis d’être leur « champion », une fois installé à la magistrature suprême. Pendant son règne, celui-ci les esquivait, pactisait avec les PHTkiens et leur fit savoir que leur « shit hole country » (pays de merde) n’était même pas le cadet de ses soucis. Malgré ces déceptions successives, ces fameux «pleurnicheurs» n’ont rien appris des expériences amères. En 2020, ils se jetaient aveuglément dans les bras de Joe Biden _ oubliant que celui-ci était vice-président au moment où le parti Démocrate concevait, fabriquait et armait le parti PHTK, sa famille politique, ses gangs et alliés « manyen yonn, manyen tout ». Devenu président le 20 janvier 2021, «papi » Biden leur a botté le cul en réitérant son soutien au régime anarchique des «crânes rasés».

Vraiment, cette amnésie sélective provoque une « Nausée » pire que celle de Sartre [3]. Le conteur Maurice A. Sixto eut raison de remarquer que « Nous sommes des oublieux, des exotiques, et nous aimons les paradoxes [4].» Bien que les pleurnicheurs fatigués adoptent une stratégie différente par rapport à celle de l’énergumène Jovenel Moise, les deux continuent de s’arc-bouter aux basques du Core Group. Ce drôle de dichotomie explique la raison pour laquelle la lutte peine à apporter des fruits, malgré les prémices favorables à un  changement en profondeur. Le hic, c’est qu’il n’existe pas une avant-garde populaire consciencieuse, libérée des fantaisies d’un « Blanc », capable de matérialiser les aspirations des masses.

Conclusion

Enfin, il revient aux Haïtiens et aux Haïtiens seuls de se frayer une brèche pour sortir des galères. Pendant la période coloniale, Toussaint et Dessalines n’avaient pas envoyé de courriels à Napoléon Bonaparte pour se plaindre de la barbarie proverbiale du cruel Donatien Rochambeau comme des gamins d’une classe maternelle. Non! Ils étaient assez nuancés pour comprendre que les atrocités de ce vicomte visaient à pérenniser l’emprise du 1er  consul de France à St. Domingue. Ainsi se battaient-ils comme de beaux diables dans un bénitier pour mettre fin à l’esclavage sans faire de génuflexions auprès du patron de leur bourreau à l’instar des béni-oui-oui. Dans cette même optique, il est aberrant de croire que le Core Group se mettrait aux travers de la route de Jovenel Moise et des gangs armés qui travaillent pour lui à l’effet de maintenir Haïti dans une condition infrahumaine qui rapporte gros au grand capital international. « Di jab bonjou, pa di djab bonjou, l ap manje w kanmenm

Dès que sa méthode de lutter consiste à supplier le « Blanc », on ne fait qu’allonger la liste des vendeurs de patrie, peu importe sa bonne ou mauvaise foi. Très long est le chemin qui mène à la victoire, certes. Mais, la douleur qu’engendre le combat ne doit point servir de prétexte pour hisser le drapeau blanc de la honte aux premiers coups de feu. Jamais! Gardons la foi. Le triomphe glorieux appartient à ceux qui se relèvent après avoir connu plusieurs revers.

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Références

 

[1] Gaillard, Roger. « Les Blancs Débarquent Tome 6 : Charlemagne Péralte le Caco».  Port-

au-Prince: Imprimerie Le Natal, 1982, 345 pp.

 

[2] Democracy Now. (11 octobre 2016). Bill Clinton’s Trade Policies Destroyed Haitian Rice Farming, Now Haiti Faces Post-Hurricane Famine. [Video]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=RSE9wKUAMS8.

[3] Sartre, Jean-Paul. “La Nausée». Paris. Editions Gallimard, 1938, 253 pp.

[4] Sixto, Maurice A. (3 mars 2015). « Choses et Gens Entendus. J’ai Vengé la Race ». [Audio]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=1f5j4qwMb6g.

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