Jean-Jacques Dessalines, le 1er janvier 1804, fonda la première République nègre indépendante du monde: Haïti.Pour y parvenir, il passa douze (12) années à se battre envers et contre tous ( 1791 /1803 ).
Son initiation à l’art de la guerre et son ascension dans la hiérarchie militaire, pour quelqu’un qui est issu de la matrice du système colonial- esclavagiste, sont des faits qui sont dignes de figurer dans les manuels scolaires de n’ importe quel pays de la planète.
En effet, guerrier des bandes de Jean-François et de Biassou et lieutenant de Toussaint Louverture, au fil du temps et grâce à son génie militaire, il s’illustra face et à côté des meilleurs officiers indigènes ( Noirs et Mulâtres ) et européens (Français, Anglais, Espagnols, Allemands et Polonais). Sa dernière bataille ( à la suite de la déportation de Toussaint et à travers la Guerre de l’Indépendance ), il la gagna, de façon épique, le 18 novembre 1803, à Vertières, aux dépens de l’ armée de Napoléon Bonaparte ( la plus puissante de l’époque).
L’ homme fut vraiment extraordinaire pour sa condition sociale. Le terrible général français, Donatien Rochambeau, pour parler de lui, de ses officiers et de ses soldats durant la Guerre de l’Indépendance, n’avait- il pas déclaré dans une correspondance adressée à Napoléon Bonaparte que “c’est une race supérieure qui nous fait la guerre”.
Donatien Rochambeau, general francais vaincu a Saint-Domingue (Photo Wikipedia)
Pourtant, une fois arrivé au timon des affaires de l’Etat, son esprit d’ équité, son humanisme, son austérité et sa vision civilisatrice allaient jouer contre lui. La majorité de ses généraux (Noirs et Mulâtres), en dépit de l’ apothéose de 1804, étaient encore, mentalement parlant, emprisonnés dans les séquelles de la mesquinerie et de la cupidité coloniales. Ainsi ils ne pouvaient admettre qu’un ancien esclave des champs et à talent, surtout réputé “illétré”, quoique doué d’ une intelligence supérieure, puisse les diriger dans la période de paix qui devait suivre la proclamation l’ indépendance.
Et se basant sur ses erreurs et de prétendues fautes administratives, ils ont planifié avec beaucoup de patience son assassinat, qui a eu lieu dans la matinée du 17 octobre 1806: date à jamais lugubre à travers notre histoire atypique.
Certains ont longtemps tenté de salir la mémoire du Père Fondateur. Des révisionnistes, tant nationaux qu’internationaux, ont fait tout ce qui est en leur pouvoir pour dénaturer les pages d’histoire qu’il a écrites avec sa bravoure, sa fraternelle passion et son amour de la liberté. Cependant il est resté grand à nos yeux. Et la quasi- totalité de la population, aujourd’hui ( où nous vivons l’ un des moments les plus sombres de notre existence de peuple), ne jure que par son nom.
Jean Jacques Dessalines a la Crete a Pierrot ( Photo:Wikipedia)
Pour comprendre pourquoi, plus de deux siècles après le crime odieux et le parricide du Pont- Rouge, le nom de Dessalines est resté si vivant parmi nous, il faut questionner, dans un premier temps, notre présent de peuple indépendant ( le pays le plus pauvre du continent américain ), et admettre, dans un second temps, que l’ IDEAL DESSALINIEN, pétri de nationalisme et de justice sociale, a été bafoué.
Tout compte fait, Dessalines caressait le rêve de faire d’Haïti un Etat-nation nègre puissant et prospère au sein de l’ Occident raciste. Un pays fonctionnant sans le poison social qu’est le préjugé de couleur.