L’insécurité, l’urgent défi qui attend le « Conseil présidentiel »

L’insécurité, l’urgent défi qui attend le « Conseil présidentiel »

Joel Leon

 Boukan News, 04/06/2024 – Au cours de l’année 2023, les Nations-Unies publièrent un rapport sur la gravité de la situation de l’insécurité en Haïti. Dans ce document, les Etats-Unis étaient identifiés comme la principale source d’armes et de munitions qui étaient en possession des bandits. Donc, les Américains sont les premiers responsables de la violence urbaine qui paralyse la capitale politique et économique de la république d’Haïti, depuis au moins 2 ans. Ce qui constitue un colossal embarrassement pour la république étoilée surprise en train d’affaiblir davantage un état voisin, déjà classé comme le plus pauvre de l’hémisphère. Ainsi, si on croit les officiels de l’administration de Joe Biden, la lutte contre le trafic illégal d’armes dans les ports du pays, particulièrement à Miami, Floride, va être considérablement intensifiée afin de réduire le flot d’armes vers Haïti.

Cependant, ce ne sera pas facile. D’abord, il y a dans les lois américaines en matière de transport maritime une échappatoire « qui permet aux marchandises avec un manifeste rédigé à la main d’une valeur inférieure à 2 500 dollars d’éviter l’inspection, faisant de ces colis un endroit idéal pour dissimuler des armes ». Les trafiquants d’armes, composés aussi d’Haïtiens, utilisent abusivement ce trou législatif pour inonder Haïti avec toutes sortes d’armes de guerre, parmi les plus sophistiquées. Il y a ensuite l’astuce de ceux qui sont dans la contrebande d’armes qui utilisent tous les moyens, mêmes les plus inconcevables afin de tromper la vigilance des contrôleurs. Il y a aussi la masse de conteneurs qui entrent et sortent des ports américains, on parle de plus de 55 millions. Donc, selon Matt Shroeder, un chercheur de « swiss think tank », « les autorités ne peuvent pas contrôler chaque expédition qui entre et sort des ports américains ».

L’opération qui consiste à diminuer le flot d’armes qui entrent en Haïti n’est pas aussi facile que certains le pensaient. NBC News, dans un article « DHS attempts to stop a steadt stream of guns from America to Haiti », a écrit : « Solvere, le responsable des enquêtes sur la sécurité intérieure à Miami, a expliqué les difficultés liées à la détection de ces armes quittant le pays, ajoutant qu’elles pourraient être cachées de diverses manières, notamment à l’intérieur de produits de consommation, d’équipements électroniques, de doublures de vêtements, de produits alimentaires surgelés ou même les coques des cargos. Certaines armes ont été retrouvées cachées dans des palettes en bois déguisées en aide humanitaire. » C’est une tâche difficile mais indispensable si on veut vraiment résoudre le niveau de violence qui endeuille et vide la capitale d’Haïti.

La représentante d’origine haïtienne de la chambre des députés des Etats-Unis, madame Sheila Cherfilus-McCormick, déclara le mois dernier dans une note publique que : « Le trafic d’armes via les États-Unis contribue largement à la crise croissante des gangs en Haïti et à l’instabilité actuelle qui sévit dans le pays. » La source du mal est déjà publiquement identifiée, dans ce cas nous ne sommes pas loin de trouver une    solution à cette crise majeure. Elle a même introduit un projet de loi « Caribbean Arms Trafficking Causes Harm (CATCH) Act » aux congrès dans le but d’élargir la base légale nécessaire pour stopper les activités des trafiquants d’armes.

Violence en Haiti (Photo: Reuters)

Toutefois, il y a un nombre important d’Haïtiens et d’étrangers qui persistent à croire, non sans raison, que la criminalisation du pays fait partie d’un plan global. Qui consisterait à chasser une bonne partie de la population urbaine, en général pauvre, d’une série de zones réputées touristiques et d’affaires. C’est-à-dire, ou la grande finance internationale choisit traditionnellement d’investir des millions de dollars dans la construction de chaînes d’hôtels, luxueux restaurants, belles plages…dans les autres pays latino-américains et caribéens.

Donc, le « Conseil présidentiel-CP » qui s’annonce doit être disposé aux premières heures de son installation à s’attaquer au défi de l’insécurité. Tous les secteurs de la vie nationale s’accordent unanimement à prioriser la violence comme le plus grand défi national. De ce fait, elle s’impose comme l’urgence # 1 !

À côté des efforts déployés par l’international, les autorités haïtiennes doivent s’engager à prendre des dispositions aux triples niveaux : ports, aéroports et frontières afin de mettre fin aux pratiques clandestines des passeurs d’armes. Pour cela, il est nécessaire de créer une brigade spéciale de 200 personnes pour fouiller un à un tous les conteneurs qui entrent en Haïti. Cette mesure spéciale commencera par produire des résultats concrets dans une période de six mois. Parce que les gangs seront forcés de contrôler leurs réserves de munitions et d’armes à cause des difficultés confrontées à s’approvisionner via les ports, frontières et les aéroports.

Il faut nécessairement fermer le robinet de sang !

Joel Leon

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