Le PM Gary Conille, est-il conscient de l’espérance placée en lui ?

Le PM Gary Conille, est-il conscient de l’espérance placée en lui ?

« Les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais plutôt celles qui s’adaptent le mieux au changement en harmonisant les principes avec la réalité »

Joel Leon

Boukan News, 06/09/2024 – Hier, j’étais à New York pour participer au « Salon du Livre Haïtien de New York » organisé par « l’Organisation Culturelle Jean Price-Mars et le Mouvement Patriotique des Haïtiens Conscients ». Par la suite, j’ai décidé de visiter quelques amis du « Big Apple » avant de revenir chez moi à Philadelphie. C’est ainsi que via un ami j’ai eu connaissance du malaise asthmatique dont notre « re-premier ministre », le Dr Gary Conille, fut victime. Chez cette accointance, la tension était vive, Conille est un frère pour lui. Après avoir dégusté un plat de riz blanc couvert de « Lalo » de l’Artibonite, je commençais par prendre connaissance de ce qui se passait autour de moi. Le journaliste d’opinion, très souvent observe avec attention les faits et les gestes, suit les émotions et la passion…en essayant de saisir l’insaisissable pour faire les délices des lecteurs et lectrices.

Les appels pleuvaient avec une rare sauvagerie. Les téléphones cellulaires se déchargent et se rechargent, mais jamais assez de charges. Les commentaires crachinaient à flots, tous teintés de peur, de stupeur et d’énervement dans l’attente des dernières nouvelles rassurantes sur l’état de santé du PM Gary Conille. Finalement, des membres immédiats de la famille divulguaient de bonnes nouvelles, tout est sous contrôle. Il est stable. À ce point, j’ai pu palper le soulagement qui régnait autour de moi, même ceux qui étaient à l’autre bout du fil retrouvaient leur tranquillité en saisissant le débit de leurs voix. À ce moment précis je m’interrogeais en se référant au crapuleux assassinat du 7 juillet 2021, que quelqu’un allait vivement répéter : Gary Conille, est-il conscient de l’espoir placé en lui ?

J’ai repris la route aux environs de minuit. La ville de New York est toujours réputée pour ses monstrueux embouteillages et ceci même après minuit. Il m’a pris environ une heure pour atteindre le « New Jersey Turnpike ». Finalement, je suis arrivé chez moi à deux heures du matin, non sans ingurgiter un medium cup de café noir et fort pour tenir mes nerfs en éveil. Car, lorsqu’on on atteignait 80 miles à l’heure sur cette route qui tue et blesse, cela porte à réfléchir !

Ainsi, j’ai commencé par feuilleter les réseaux sociaux, particulièrement Facebook qui ne dort jamais. J’étais stupéfait de lire un nombre incalculable de souhaits de « bons rétablissements » à l’endroit du PM. Ce qui crachait « my feed ». Le plus important, c’étaient des réactions de simples citoyens, ceux qui n’ont pas de noms publics ni de titres ronflants et qui vivent au jour le jour, sans histoire et sans référence généalogique. Ces personnes voient quelque chose en Gary Conille. S’il parvient à le cristalliser en un simple projet de 18 mois, ce sera le seul succès du 21e siècle, encore très jeune. Cependant, il faut une stratégie qui gagne !

« En ingénierie, il existe un acronyme appelé « KISS » qui signifie rester simple et stupide. La politique est à peu près la même. Si les tactiques sont trop complexes, cela crée des situations où les choses pourraient mal tourner. Aucun plan ne survit au contact avec l’ennemi, les plans doivent donc être simples et flexibles ». C’est ce principe qu’Alexandre LeGrand utilisa pour accomplir ses prouesses militaires en dépit de l’effectif défavorable de son armée.

Pour réussir à conserver cette confiance placée en lui, comme l’a si bien dit, mon collaborateur Yves Pierre, Gary Conille « devra faire preuve d’audace et de créativité pour insuffler une nouvelle dynamique porteuse d’espoir. Son rôle sera de redonner au peuple haïtien la capacité d’imaginer et de construire un avenir meilleur, au-delà des simples stratégies de survie. Une tâche qui exige de sortir des sentiers battus et d’élaborer une vision ambitieuse et novatrice ». En un mot, Mr Conille doit se défoncer pour que cette transition soit la dernière, en initiant un nouveau modèle d’exercice du pouvoir ponctué de patriotisme, d’intégrité et de compétence. Nous sommes en train de jouer notre dernière partie de cartes, nous n’avons plus droit à l’erreur, cela exige une grande capacité conceptrice.

Ce n’est plus le temps de la bravade. Ce qui compte, ce sont les résultats. C’est une constante de l’histoire qui revient sans cesse. Le PM ne doit pas perdre de vue que sa mission unique est d’organiser des élections crédibles et démocratiques pour dérouter les transitionnistes triomphateurs. C’est la volonté populaire. Sans de bonnes élections, la crise générale s’enlisera davantage comme nous l’observons depuis l’échec de celles de l’an 2000. Cette têtue récurrence coûte trop chère au pays, celui qui parvient à la mettre en déroute sera glorifié. Si c’est l’objectif de Gary Conille, allez-y mon pot ! Les patriotes intègres et compétents vous suivront dans ce combat historique ou aucune « marche-arrière » n’est possible. Le sentiment de peur qui envahissait les gens d’hier soir au cours de votre crise asthmatique est lié à cette espérance nationale d’avoir finalement un leader pragmatique et avisé au plus sommet de l’État.

Pour y parvenir, Il faut poursuivre avec la mise en place des institutions indispensables à la gestion de l’État. « L’organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale-OCAG » est un acquis à consolider afin de freiner les appétits gargantuesques qui ont toujours marqué le fonctionnement des serviteurs de l’État. L’OCAG est un aval au peuple haïtien, dont l’objectif est de contrôler les activités étatiques, en l’absence du pouvoir législatif. Du contrôle, on en a besoin. Surtout, après la fin du gouvernement illégitime d’Ariel Henry, on est censé retourner dans la logique d’initiation de l’État moderne. L’OCAG a ce rôle central au cours de cette transition. D’abord, le caractère impersonnel de cet organe enjoignant à sa représentativité territoriale élargie répond à un besoin essentiel pour passer du provisoire au définitif. Il faut faire école, Mr le premier ministre !

Les chants des sirènes sifflent en permanence, il est nécessaire d’être fort pour ne pas se laisser amadouer par les politiciens traditionnels, regroupés au « sein du front des transitionnistes ». Ils ne pensent qu’à leur grosse panse à remplir. Aujourd’hui, comme je le disais toujours, c’est l’heure de l’intégrité et du savoir-faire, que ce drapeau flotte sur toutes les administrations publiques du pays. Car, du succès de cette transition dépend l’existence de la république d’Haïti qui est déjà sous le contrôle du « Chapitre 7 » des Nations-Unies, dont vous avez été un haut fonctionnaire. Mr Gary Conille a du pain sur la planche. C’est le moment de se réinventer, c’est aussi le temps du génie…car les méthodes traditionnelles sont nettement dépassées.

L’enjeu est énorme, la réussite de la transition déterminera l’avenir d’Haïti. Les initiés, on en a besoin dans tous les contours administratifs et politiques du pays. L’harmonie est indispensable au niveau de l’appareil de l’État. C’est l’heure du grand dépassement de soi pour sauver la république de cette « Transition qui n’en finit pas ! »

Joel Leon

One comment

  1. Bien l’appel à l’harmonie au sein de l’appareil d’État peut sembler quelque peu naïf étant donné les luttes de pouvoir et les intérêts divergents en jeu. Une certaine dose de réalisme politique sera indispensable pour Conille afin de naviguer ces écueils.
    Néanmoins, ce plaidoyer engagé en faveur d’un véritable renouveau rappelle à quel point les attentes sont immenses en Haïti. Gary Conille aura fort à faire pour concrétiser ces espoirs, mais de tels encouragements citoyens peuvent aussi constituer une source de motivation supplémentaire dans cette tâche ardue.

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