Haïti profitera-t-elle de la prochaine réforme de la Banque mondiale ?
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a annoncé, le jeudi 9 février 2023, le début de la réforme de la Banque mondiale pour le mois d’avril prochain. Cette réforme devra permettre de mieux répondre aux besoins de financement des pays en développement, ce qui pourrait constituer une lueur d’espoir pour des pays comme Haïti. « La première phase de mise en œuvre devrait commencer lors des réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) en avril », a déclaré la ministre de l’Économie et des Finances de Joe Biden lors d’un discours à Washington, au Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), selon les propos rapportés par la presse internationale.
La réforme a été lancée en octobre 2022 au cours des réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, sous l’impulsion de certains pays membres, dont les États-Unis d’Amérique. Selon Janet Yellen, les changements porteront sur l’évolution de la vision de la Banque mondiale, de ses incitations, de son modèle opérationnel et de sa capacité financière. La réforme en question devra permettre de mobiliser les financements de manière plus efficace, afin que les pays pauvres et ceux en développement soient en mesure de mieux faire face aux crises causées par l’inflation, la dette ou encore le changement climatique.
D’après la secrétaire américaine au Trésor, la direction de la Banque mondiale et le Conseil des gouverneurs discutent de façon approfondie sur les mesures visant à augmenter la marge de manœuvre financière. Rappelons que le Conseil des gouverneurs est composé d’un gouverneur et d’un gouverneur suppléant pour chacun des 189 États membres. En général, c’est le ministre des Finances du pays considéré, ou le gouverneur de la banque centrale de ce pays, ou un autre haut responsable de rang analogue, qui occupe cette fonction. Ces gouverneurs et gouverneurs suppléants sont nommés par chaque État membre pour un mandat de cinq ans renouvelable.
La mise en œuvre des changements prévus se fera par étapes, a ajouté la secrétaire américaine au Trésor. « La Banque mondiale a produit une première feuille de route qu’elle utilise maintenant comme guide pour des discussions plus approfondies sur des réformes spécifiques », a-t-elle confirmé. Janet Yellen indique que la coordination se fera étroitement avec l’Inde puisque celle-ci fait de l’évolution des banques de développement une priorité de sa présidence du G20. Une réunion des ministres des Finances du G20 est d’ailleurs prévue à Bangalore, en Inde, à la fin du mois de février 2023.
La ministre de l’Économie et des Finances des États-Unis presse la Banque mondiale de mettre rapidement en œuvre une deuxième phase de la réforme, estimant que le travail ne pourrait pas s’arrêter à la première phase. Elle recommande que les réformes supplémentaires soient décidées et que leur mise en œuvre commence lors des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI en octobre». «Nous avons commencé avec la Banque mondiale. Nous prévoyons ensuite de réaliser cela avec les banques régionales de développement », a ajouté Mme Yellen dans son discours à Washington.
La Banque mondiale poursuit deux principales missions : mettre fin à la pauvreté extrême et promouvoir une prospérité partagée et le développement durable. Plus spécifiquement, la Banque mondiale veille à faire en sorte que la part de la population mondiale vivant en dessous du seuil de pauvreté avec moins de 1,90 dollar américain par jour passe sous la barre des 3 % d’ici 2030. Elle vise également à favoriser, dans chaque pays, l’augmentation des revenus des 40 % des personnes les plus pauvres.
Mais aujourd’hui encore en 2023, plus d’un milliard de personnes vivent dans un dénuement total à travers le monde. Parallèlement, les inégalités s’accroissent dans de nombreux pays en développement comme c’est le cas d’Haïti. Une preuve que la Banque mondiale est encore très loin de l’atteinte de ses objectifs. D’où la nécessité pour elle de concentrer les énergies globales sur ces principaux objectifs et d’envisager de profondes réformes.
Haïti pourra-t-elle profiter de ces réformes? Il faudra commencer par y mettre de l’ordre. Avec le climat d’insécurité et d’instabilité qui y règne présentement, il s’avère très difficile d’œuvrer à la réduction de la pauvreté extrême et à la promotion de la prospérité partagée en Haïti. On assiste plutôt au contraire.
Thomas Lalime
Haïti pourra-t-elle profiter de ces réformes?
Nous l’aimerions bien souhaiter, mais c’est bien domage