Frederic Boisrond, sociologue Haitien, demande à la présidente du Sommet International de l’Écocitoyenneté de ne pas accorder la parole a Ban Ki-moon!

Jasmin Roy, Président
Sophie Desmarais, Présidente
Sommet International de l’Écocitoyenneté
296, rue St-Paul Ouest, Bureau 300
Montréal, Québec H2Y 2A3

Objet : Ban Ki-moon au Sommet international de l’écocitoyenneté
Madame, Monsieur,
J’ai pris connaissance de la programmation du Sommet International de
l’Écocitoyenneté. J’ai noté que Ban Ki-moon y prononcera la conférence de
clôture. Je vous demande de ne pas offrir ce prestigieux forum à Ban Ki-moon,
un personnage contesté qui a été identifié comme étant personnellement
responsable d’un crime environnemental qui a fait plus de 800 000 victimes, un
écocide qui a fait plus de 30 000 morts.
En octobre 2010, quelques mois après le tremblement de terre du 12 janvier de
la même année, la plus importante épidémie de choléra des cents dernières
années a été déclarée en Haïti. Les enquêtes menées sur le terrain, dont celle
de l’épidémiologue français, le Dr Renaud Piarroux, avaient confirmé que la
souche de la maladie avait été importée par des Casque bleus népalais qui
étaient sous commandement de l’ONU.
Les Casques bleus avaient déversé leurs matières fécales dans le fleuve de
l’Artibonite qui est la plus importante source d’eau potable du pays. Plus de
800 000 cas avaient été recensés faisant près de 10 000 morts. Notez que le US
Centers for Disease and prevention avait estimé que 87% des décès n’aurait pas
été enregistré. Le CDC a estimé que le nombre de victimes devrait plutôt se
situer autour de 30 000 personnes. L’impact effroyable de ce désastre sur le
tissu social, particulièrement sur les femmes et les fillettes, a été largement
documenté dans les résultats d’une enquête publiée par Avocats sans frontières
Canada le 17 juin 2019.
Le journal américain The Atlantic avait rapporté le 16 août 2013 que sur la base
de données scientifiques, le Transnational Development Clinic du Yale Law
School et le Global Health Justice Partnership, avaient démontré que l’ONU était
responsable de la propagation du choléra en Haïti et avait aussi dit que le refus
de l’organisation d’admettre ses responsabilités était immoral, illégal et relevait
de la négligence, une négligence ayant causé la mort.

Ce qui est moins connu c’est que le choléra avait fait plus de morts que
l’épidémie de Ébola de 2013-2014 en Afrique. De plus, elle avait aussi fait des
victimes en République dominicaine, à Cuba, à Porto-Rico, en Jamaïque, au
Mexique et dans la communauté haïtienne de la ville de New-York, ce qui en
avait fait une pandémie. Oui, une pandémie.
Plusieurs négligences ont été relevées :
Première négligence. Dans le cas Marie Laventure et All contre l’ONU et Ban Ki-
moon, déposé le 11 mars 2014 devant le US District Court, Eastern District Court
of New York au nom de plusieurs centaines de victimes, il avait été démontré
que les Casques bleus népalais n’avaient pas été convenablement testés par les
autorités de l’ONU avant d’être transportés en Haïti.
Deuxième négligence. Les installations sanitaires approuvées et utilisées par les
Casques bleus ne respectaient pas les normes minimales d’hygiène. Elles
avaient malheureusement contaminé une source où est puisée l’eau potable qui
sert à irriguer des jardins et des terres agricoles.
Troisième négligence. Dans le cas Marie Laventure et All, les Avocats avaient
démontré que l’ONU n’avait pas pris les moyens pour empêcher la propagation
du choléra. Au contraire, quand la situation a été portée à l’attention de Ban Ki-
moon, moins soucieux de réduire le nombre de victimes, l’Ex-secrétaire général
de l’ONU avait multiplié les enquêtes, les salamalecs, les réunions et les
commissions. C’est justement une de ces commissions qui avait révélé la
responsabilité personnelle de votre invité dans cette catastrophe apocalyptique.
En mars 2016, Ban Ki-moon avait mandaté un comité de 5 experts de l’ONU
pour enquêter sur la crise du choléra en Haïti. À sa grande surprise, le comité
avait conclu que par la manière dont il avait géré cette crise, Ban Ki-moon avait
jeté de la disgrâce sur son organisation. Parce qu’il avait rejeté toute
responsabilité dans cette crise, les experts avaient précisé que Ban Ki-moon
avait contribué à ternir la réputation de l’ONU. Les experts avaient aussi confirmé
que Ban Ki-moon avait tout fait pour cacher les évènements, ce qui avait
contribué à accélérer la propagation de la maladie. Sa pauvre gestion de la crise
avait enlevé de la crédibilité à l’institution qui contrairement à sa mission de
sauver des vies, avait semé la mort sans remords.
Les experts avaient confirmé les résultats des recherches du Dr René Piarroux
sur l’origine du choléra. Ils avaient ajouté que la non-reconnaissance des faits
par Ban Ki-moon avait privé des milliers d’Haïtiennes et d’Haïtiens de leurs droits
fondamentaux. Plus dommageable encore pour la réputation de votre invité, ces
mêmes experts de l’ONU qui relevaient de Ban Ki-moon lui-même, avaient
ajouté que celui-ci s’était caché derrière les règles d’immunité de l’ONU pour ne
pas assumer ses responsabilités. Ils lui ont reproché son manque d’éthique et
son insouciance avant de lui rappeler de ne pas confondre immunité et impunité.

Beatrice Lindstrom, Avocate pour le Institute for Justice & Democracy in Haiti
disait que le rapport des experts mentionnait que l’intransigeance de Ban Ki-
moon avait fini par contaminer l’État-major de son organisation. Ban Ki-moon
avait poussé toute son équipe à tomber dans le déni et la perte de toute
conscience morale face à la situation en Haïti. Puisqu’il lui était impossible de
trouver des prétextes pour sortir de l’imbroglio, Ban Ki-moon, avait dit « qu’il était
plus important de soigner les malades que de trouver des responsables ». Qui
étaient ces responsables ?
Pointé du doigt de toutes parts, plus de 6 ans après les évènements, Ban Ki-
moon avait finalement admis que l’organisation qu’il dirigeait était directement
responsable de la contamination qui aurait fait plus de 30 000 morts. Faute
avouée, il avait présenté des excuses aux Haïtiennes et aux Haïtiens le 1 er
décembre 2016. Il avait dit « nous n’avons tout simplement pas fait assez
concernant l’épidémie de choléra et sa propagation. Nous sommes
profondément désolés pour notre rôle ». Qui n’avait pas fait assez ? Assez de
quoi ?
Ban Ki-moon disait que l’ONU avait une responsabilité morale envers les
victimes. Mais, un des experts avait confirmé que le Secrétaire général de l’ONU,
aussi, avait cette même responsabilité. Cet expert, c’est Philip Alston, Professeur
de droit au New York University et Reporteur spécial de l’ONU.
Philip Alston avait ouvertement reproché à votre invité d’avoir tardé à présenter
ce qu’il qualifie de demi-excuses et cela, sans admettre ses responsabilités dans
la catastrophe. Il avait qualifié la posture de Ban Ki-moon de manœuvre
scandaleuse pour s’esquiver de ses responsabilités légales. Philip Alston avait
dit que Ban Ki-moon n’avait pas agi à temps pour éviter l’épidémie et qu’il n’avait
pas fait ce qu’il fallait à temps pour éviter la propagation de la bactérie.
Mona Ali Khalil, Directrice du MAK Law International qui a passé plus de 25 ans
au service de l’ONU avait écrit que dans la crise du choléra en Haïti, le
Secrétaire général de l’ONU avait manqué à ses responsabilités morales et
légales. Dans une entrevue accordée à France 24, Philippe Alston avait comparé
cette crise au scandale du Watergate. Il faisait référence au Cover-up. Pour le
magazine Slate, ce camouflage avait été sciemment décidé en haut lieu.
Savez-vous que plusieurs organisations de défense des droits mènent
présentement des actions pour amener Ban Ki-moon et l’ONU devant la justice ?
Entre autres, lors d’une visio-conférence à laquelle j’ai assisté en juin 2019, Mme
Sienna Merope, Avocate au Institute for Justice & Democracy in Haiti, avait
confirmé que son organisation maintenait la pression pour obtenir justice et
compensation pour les familles des victimes du choléra.
Pour ma part, le 6 janvier 2017, j’ai fait parvenir une lettre à M. Antonio Guterres
pour lui demander de lever l’immunité de Ban Ki-moon. J’ai rappelé à l’actuel
Secrétaire général de l’ONU que dans les documents issus de la 59e session

des Nations-Unies, il est inscrit que ses employés sont protégés par la
Convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies. Cette règle prévoit
que le Secrétaire général peut lever l’immunité de Ban Ki-moon s’il estime que
son maintien empêcherait que justice soit faite. L’ONU confirme ainsi qu’il ne faut
jamais confondre immunité et impunité.
À partir de ce principe, j’ai démontré à M. Guterres que Ban Ki-moon avait
volontairement fermé les yeux et omis d’accomplir son devoir. Le comportement
de Ban Ki-moon n’était pas celui d’un citoyen raisonnable. Je voulais surtout dire
à M. Guterres que je ne cesserai jamais de soulever la question de la négligence
criminelle de Ban Ki-moon tant que justice ne sera pas rendue. Je l’ai invité à ne
pas confondre immunité et imputabilité.
C’est pour toutes ces raisons que je vous invite à ne pas donner la parole à Ban
Ki-moon. Ce personnage au parcours ténébreux, a été au cœur d’un des plus
importants crimes environnementaux des dernières décennies. Ban Ki-moon n’a
pas la légitimité pour venir faire la leçon et la morale aux décideurs de notre ville.
Sa participation à votre évènement pourrait entacher la réputation du Sommet
International de l’Écocitoyenneté, des conférenciers et des conférencières, des
ambassadrices et des ambassadeurs, des membres de votre comité consultatif
ainsi que celle de vos commanditaires.
Puisque votre organisation exige la protection de l’eau et puisque vous rappelez
l’impact de l’accès à cette ressource sur la santé des gens et sur leur dignité,
vous admettrez que, d’offrir à l’Ex-secrétaire général de l’ONU, l’honneur de
clôturer le Sommet international de l’écocitoyenneté, est incompatible avec vos
nobles objectifs.
Comme vous le dites si bien, « toutes les décisions doivent être soupesées à la
lumière de leurs impacts, positifs et négatifs ». Alors, vous conviendrez avec moi
que la présence de Ban Ki-moon, celui qui est associé de près à un écocide, est
une insulte aux victimes de la pandémie de choléra.
Nous méritons mieux que ça. Nous valons mieux que ça. De grâce, épargnez les
Montréalaises et les Montréalais de cette disgrâce.
Je vous prie de recevoir, Madame Desmarais, Monsieur Roy, mes
respectueuses salutations.

Frédéric Boisrond
Sociologue
fboisrond@gmail.com

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