Faire taire les armes…. En politique, Chez Nous : Un Pari à Gagner… ?

Faire taire les armes…. En politique, Chez Nous : Un Pari à Gagner… ?

Professeur Wilfrid Suprena

Boukan News, 05/10/2024 – Les temps sont durs. Les temps sont difficiles. Notes pays Les vit à l’intérieur d’une spirale ascendante impitoyable menaçant de tout emporter, frêles structures institutionnelles et balises mises   en place à la bonne franquette et jamais soigneusement entretenues pour offrir une résistance solide, sereine et continue aux assauts répétés et tiraillements politiques intéressés, internes et externes.

Les dernières secousses des événements sanglants  de Janvier, Février et Mars 2024 ayant abouti au départ forcé d’un imposteur politique doublé d’un calculateur froid et cynique  incomparable dans l’histoire récente d’Haïti  et les tâtonnements et les atermoiements éhontés qui en suivirent devraient  interpeller la conscience collective et individuelle de chaque Haïtien pour identifier les vraies « Causes de Nos Malheurs » récents et explorer les « voies et moyens » possibles de cautérisation, de réparations et de restauration politique et sociale…

Pour Un temps on a cru Que c’était révolu, le défilé des hommes armés de carabine, de fusils Springfield, de fusils d’assaut Uzi, de revolver calibre 38 (pye kochon ), et d’autres armes de poing, de machettes et surtout d’amulettes et de l’éternel  mouchoir  rouge à l’arrière poche  gauche  en vue de  Les protéger du mauvais sort et des balles, furieux, en colère, criant A bas  le  Cacique en Place! Tel président, Vil assassin et corrompu doit laisser le pouvoir immédiatement, sans déchanter… « Dechoukaj la poko fini Rache Manyòk ou Bèy tèr a blanch, Vle Pa Vle, Fòk l ale ».

Si non, le pays sera mis à feu et à sang !

Au 19e et au début du 20ème siècle !

Dévalant Les mornes, traversant Cour d’eau Après Cour d’eau, ils arrivaient à Port-au-Prince, exténués, fatigués, à leur tête un général auto proclamée ou Un avocat affairiste qui leur a promis monts et merveilles pour Se défaire du gouvernement répressif et anti humain, qui règne en « Maîtres et Seigneurs » sur la terre de Dessalines. Disons mieux : La République de Port-au-Prince.

Afrique

Parfois, ça finissait en bien ! Et, le président ayant utilisé la force des armes pour conquérir le pouvoir s’embarquait sur le premier paquebot, toujours en attente dans la rade de Port-au-Prince, en partance vers la Jamaïque, Cuba, et autres territoires moins agités politiquement dans la Caraïbe …Ou En Afrique, tout récemment… dans des pays comme la République Centrafricaine, Afrique du Sud, Kenya…Adieu « veau, vache et lait » ! Adieu Haïti, Terre Glorieuse et Mystérieuse !

En bien, ça veut dire que l’ancien chef d’état a eu la vie sauve mais qu’il allait finir ses vieux jours dans la honte, dans la disgrâce, la gêne et la crasse …En lisant sur Haïti ! Avec regrets et colère !

La femme de l’un de ces chefs d’état « honnis » a été « suppliciée » par un chansonnier « haut en couleurs » et à la verve brutale et rébarbative : « MBD, I am sorry for you… Se nan videyo w a gade pèp  Aysyen » ….

Parfois, ça finissait assez mal pour  les politiciens « va-t’en guerre », quand le général Ou un affairiste, arrivé de force au sommet de l’état ne pouvait pas démêler le fil de la discorde politique trop étriquée et Bien ficelée au bénéfice évident des Bien-pensants et des Bien lotis…Alors, il finissait sur Un Poteau d’exécution ( Sylvain Salnave); empoisonné ( Tancrède Auguste); réduit en cendres lors d’une explosion ( Jean Jacques Dessalines Cincinnatus Leconte); mutilé, déchiqueté, dépecé et traîné dans Les rues..( Vilbrun Guillaume Sam)…

Cas particuliers…

Jean-Bertrand Aristide

Élu au suffrage universel, le « petit prêtre des bidonvilles », Jean Bertrand Aristide a failli laisser sa peau à deux reprises…. (1991, 2004) …Mais Jovenel Moïse arrivé au pouvoir dans les mêmes conditions n’a pas pu échapper à cette sentence terrible (2021) guettant n’importe quel chef d’État Haïtien légal ou illégal, élu aux urnes ou porté au pouvoir par Les armes.

Eh oui, la violence armée non révolutionnaire destinée à intimider, déstabiliser, partir à la conquête du pouvoir et le garder n’a jamais chômé. À plein temps. A temps partiel. A vie….

L’histoire de l’utilisation des armes à feu à des fins clairement politiques et politiciennes dans notre pays est à la fois déchirante, traumatisante et terrifiante, est encore bien vivante et c’est le pays comme un tout qui en fait et paie les frais…

Du 17 Octobre 1806 Au 29 Juillet 1915, des Caudillos, des grands dons, des Généraux galonnés pour des conquêtes fictives et d’efficacité remarquable et indéniable dans la répression populaire, des négociants sous fifres et magiciens des chiffres à l’achat et à la vente de biens importés Ou volés, des seigneurs de la guerre fratricide et Parricide Ont allumé leur pipe aux deux bouts pour le plus grand malheur de leur terre et des coreligionnaires qu’ils prétendent aimer et servir….

Et le désastre Suprême arriva : La perte de la souveraineté nationale et le pouvoir de décider pour le pays et la patrie… Pour des Nationaux et par des Nationaux !!!

1957.Pendant ces 67 dernières Années Les armes et leur utilisation officielle Ou sous le boisseau Ont été au centre ou mieux au cœur même de la malfaisance politique dans Notre beau pays !

L’implication directe de L’Armée D’Haïti créée par Les forces d’occupation américaines dans le départ d’Elie Lescot 1946 et le renversement du gouvernement de Dumarsais Estimé quelque trois années après a marqué un tournant décisif dans l’ère de gouvernement d’autorité civile que les chevaliers de L’Oncle Sam vendaient de force aux élites Politiques Haïtiennes pendant 19 années (1915-1934) et après…

En l’année 1950, L’Armée d’Haïti avec le support indéniable de son créateur, Tonton Sam, revint en direct et en force, sans fard, sans déguisements, sans masques sur la scène politique et relègue carrément à l’arrière-plan la fonction des institutions à caractère civil, dites démocratiques…

L’Armée, donc les armes, a commandé, dirigé, et décidé…Avec l’un des leurs, Paul E. Magloire, sous le regard complaisant de l’inévitable Tonton Sam…

Francois Duvalier

Les déchirures internes (Armand/Cantave) pendant les élections tumultueuses de 1957 n’avaient occasionné aucun dommage sérieux dans la structure hégémonique centralisatrice du pouvoir des armes… Et le général Antonio Thrasybule Kébreau, homme de linge de François Duvalier pendant Les élections de 1957, s’est mis les deux pieds dans le plat en remettant les clefs des armements  lourds des Casernes Dessalines au dictateur en herbe….Avec ce geste, le coup de grâce définitif était donné aux institutions à caractère Démocratique civil à travers un président civil placé au pouvoir après le vote des citoyens Haïtiens…Mais dont Les réelles intentions sur l’exercice du pouvoir  républicain à lui remis n’étaient jamais élucidées… Du moins ouvertement !

Les armes, oui Les armes à feu au service du pouvoir politique et d’un politicien sournois et revanchard ne se sont pas tués pour autant. Au contraire. Elles ont proliféré. Et Un Tango à trois allait être exécuté pendant 29 années entre le pouvoir civil (un homme), et deux pouvoirs armés (L’Armée d’Haïti se relevant des dissensions internes et affaiblie et Une milice armée au service d’une gent politicienne mafieuse n’ayant de rêve que la jouissance du pouvoir politique et les privilèges y afférents. Un tango à Trois pour contrôler, intimider et réprimer…

Pendant environ trois longues décennies où les armes sous le chemisier ou tenues à la main et exposées visiblement pour jouer un rôle de déterrence ! Le pouvoir des armes pas symbolique mais réel à chaque carrefour et canton a donné une longue vie au pouvoir politique personnel démoniaque…

Le Président civil était « le Chef Suprême des Forces Armées et de Police et des Volontaires et de la Sécurité nationale » En ce sens, toutes les tentatives de chambardement armé à travers tout le pays pour attaquer et renverser le Tango étaient combattues avec une cruauté et une sauvagerie sans pareil, jamais Connue auparavant. Les débarquements armés des organisations de droite comme de gauche, plus d’une demi-douzaine, la guérilla urbaine du PUCH, Révolte au sein de l’armée, les officiers de la Marine Haïtienne…Tous ont connu le même sort : L’échec. !

En fait, qui disposait du plus large volume de forces légalement ou illégalement armées contrôlait parallèlement le pouvoir politique… !

Pas nécessairement les institutions de service. Mais les forces armées !

Et, tout ce temps ! La dictature a fleuri et grandi grâce et à cause justement de la peur collective générée et distillée par des cagoulards en armes, des hommes en kaki en armes, des hommes et des femmes en bleu avec des lunettes noires en armes.

Le CNG 

Et depuis 1986, Haïti va renouer avec ses anciens vieux démons de terreur militaire (armée) cachés impatiemment sous les aisselles du pouvoir politique civil et que la dictature avait rendu somnolents. De coup d’état en coup d’état, d’élections contestées en élections ratées, de gouvernements de transition les uns plus fantoches que les autres, on a abouti à cet « État Failli » cet « État Paria » dont nos tuteurs internationaux n’ont de cesse de nous le rappeler vivement, « ad nauseam » dans leurs forums, leurs journaux et magazines…

Les changements tant souhaités par l’ensemble de la population ont été soumis au caprice des hommes armés (généraux, colonels, et même des sergents secondant les premiers) qui ont tout fait pour saborder les promesses d’un lendemain politique enchanteur basé sur le respect de La Loi et des Lois et non sur le sabre et la poudre…

Et, depuis le début de cette Année 2024, deux anciens officiers drapés autrefois des uniformes de police, symboles de protection, et de Défense de la Loi, de la population et des institutions de l’état même moribond et agonisant se sont associés avec des hommes de sac et de corde pour imposer leurs quatre volontés à l’ensemble de la population en s’auto proclamant « Révolutionnaires ». De pacotille, Faudrait ajouter.

Eux et leurs subordonnés pillent, incendient, violent, volent, tuent en toute impunité et même s’en glorifient sous le prétexte fallacieux d’envoyer aux géhennes le système socio politique rendu responsable de leur échec personnel et démence. Attention ! On devient révolutionnaire par conviction, par engagement personnel, patriotique et idéologique et on prend les armes pour défendre sa conviction. Et le reste du bazar.

On ne prend pas les armes d’abord et commettre toutes sortes de forfaits avec et comme pour se justifier des actes répréhensibles perpétrés on devient soudainement partisans d’un chambardement total dans la société …, Révolution, concept sublime qu’on ne peut et ne doit ni dénaturer ni dégrader…

Pis ! Certains de ces « Ré vo lu tion naires » deviennent les « Chouchous » des grandes agences de presse Nord-américaines et européennes et accordent des entrevues « en veux-tu ! En voilà » pour exhiber de façon éhontée leurs demeures et leurs possessions luxueuses comme celles  des politiciens haïtiens, accumulées sans gêne et sans vergogne sur le dos, le sang et la sueur de beaucoup d’honorables et respectueux citoyens Haïtiens qui ont trimé, bêché ici et là pour s’offrir une petite place au soleil et qui se retrouvent du jour au lendemain à la merci de forbans disposant à volonté de  leurs  biens et même  de leur corps…..engloutissant de fait leur joie de vivre et leur utilité pour le bien être de leur famille et leur patrie..

Voilà ! La violence armée Révolutionnaire (1791-1804) qui a posé les bases, les jalons d’un État moderne où les valeurs de Liberté, d’égalité, de fraternité et de solidarité sont garanties comme des droits inaliénables est réduite aujourd’hui à sa plus simple expression… Une Peau de chagrin, est-elle devenue, réduite !

Comment la société haïtienne va -t-elle procéder pour faire échec à cette nouvelle forme de violence armée débridée qui cherche malencontreusement à s’imposer comme mode opératoire politique ?

Vers Quelles nouvelles institutions socio-politiques internes les Haïtiens vont-ils tourner pour pousser les caïds et mafieux locaux au service des forces occultes Étrangères dans leurs derniers retranchements et les mettre hors d’état de nuire ? Définitivement.

Les forces d’intervention étrangère, en préparation pour un énième débarquement vont-elles œuvrer en ce sens ?

Quid de ce regroupement multicéphale de gouvernance au bord de l’implosion au tout début et de l’enlisement à venir ? Trop d’intérêts politiques contradictoires en son sein ? Ces opérateurs politiques traditionnels dans cette nouvelle ambiance de travail au nom et pour le collectif Haïtien sauront ou pourront-ils se surpasser pour aider le peuple Haïtien à Contrer victorieusement cette nouvelle flambée de violence armée qu’on peut qualifier sans coup férir, de réactionnaire, aux antipodes de la bataille pour le travail, la dignité, la paix, la prospérité, le progrès et l’unité que mène   le peuple Haïtien ou qu’il appelle de tous ses vœux… ?

On ne peut plus attendre…

C’est un droit et un devoir pour nous Haïtiens de toutes les couches sociales à l’intérieur comme à l’extérieur du pays d’espérer que le bon temps reviendra… Et qu’Haïti avec ses grandes villes et ses grands villages, ses « bitasyons et lakous renaîtra de ses cendres ».

Inévitablement !

Wilfrid Supréna

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