Et si le choléra avait eu bon dos pour supporter l’intervention militaire en Haïti ?
« La communauté internationale, avec les Etats-Unis d’Amérique en tête, est là pour nous tirer de l’Enfer mais pas pour nous conduire au Paradis », a dit un Nord-Américain !
Paris, France, 10/14/2022 – En effet, quand on veut noyer un chien, on dit qu’il est atteint de la rage.
Quand on veut dominer ou coloniser un peuple pour lui apporter de la « civilisation, du christianisme ». Jusqu’ici, ce sont des recettes du passé. De nos jours, les données géo-politico-stratégiques ont bel et bien changé. Nous sommes à fond, dans le 2 Corinthiens 5 : 17 sur le plan diplomatique : « Les choses anciennes sont passées ; Et voici toutes choses sont devenues nouvelles ». Amen !
Au 21e siècle, quand on veut vraiment occuper un peuple pour lui imposer les lois impérialistes et les idées néolibérales, on lui trouve une maladie. Une sorte d’exutoire pour mieux lui faire avaler la pilule. Surtout, quand on s’aperçoit que le ministre de la Santé d’Haïti, Dr. Alex Larsen se trouve en fauteuil roulant, tiré par un employé lambda de l’aéroport. Le ministre était sur le point de prendre l’avion vers un tiers pays, pour se faire soigner. De quelle maladie souffre le ministre Larsen, certainement pas ni le choléra ni le covid-19…
Ariel Henry, pas trop ingénieux, a utilisé les grands maux d’Haïti pour justifier la demande de mise sous tutelle du pays. Le choléra est en tête, suivi par l’insécurité, cette dernière est savamment entretenue par l’international, les deux sont assez forts pour faire souffler le vent de l’intervention militaire. A rappeler que de 1994 à 2022, Haïti est à la veille de sa troisième intervention militaire étrangère.
L’assassinat de Jovenel Moise, le 7 juillet 2021, n’était pas un facteur déclencheur d’intervention des forces étrangères. Surtout que le défunt avait ainsi bien trahi « l’Oncle Sam » en se ralliant à Vladimir Poutine, d’un côté, et à Receipt Erdogan de l’autre. Ariel Henry, dont le nom est cité à plusieurs reprises dans l’exécution du président, peut désormais s’assurer de la protection américaine en vue de la pérennisation du pouvoir Phtkiste. Et si le choléra avait eu bon dos !
Et si tout ça était pour ça ?
Fallait-il l’intervention de Bryan Nichols, ce haut fonctionnaire du Département d’État Américain, pour mettre tous les acteurs au travail pour s’assurer d’un potentiel climat sécuritaire en Haïti. Toute cette manigance vise l’organisation d’élections pour pouvoir finalement arriver à imposer l’homme ou la femme de leur choix au palais national, ou du moins ce qu’il en reste !
Quel paradoxe, sur les 19 ministres signataires du document qui demande l’intervention militaire, parmi eux figurent pas mal de médecins. C’est la preuve diagnostique d’un pays qui est malade de choléra…Il mérite des soins, il semble que les soigneurs du 28 juillet 1915, du 15 octobre 1994 et du 28 février 2004, n’étaient pas assez compétents. Ainsi, on a fait appel encore à ces mêmes médecins pour prodiguer les mêmes remèdes tout en attendant de meilleurs résultats. Haïti, « lève-toi, ils sont devenus fous ! »
Nos hommes politiques ont la mémoire courte. Ce n’est pas sans raison qu’un président américain, Roosevelt, si mes souvenirs sont bons, leur balançait à la figure : « Les politiciens haïtiens sont des fils de pute mais ce sont nos fils de pute ».
À un autre de renchérir : « Le politicien haïtien à la mentalité d’un enfant de 5 ans qui pleure pour un morceau de pain… »
Est-ce qu’Antony Blinken ne va pas dans le même sens ?
Les trains de mesures annoncées par le secrétaire d’État américain contre de potentiels financiers des bandes armées, dont la menace de révocation de leur visa peut aussi accélérer le processus électoral.
Le bateau militaire aperçu sur les côtes haïtiennes constitue une forme de pression ou un ultimatum à la classe politique. Car, le temps presse pour l’Oncle Sam de voir son poulain s’installer durablement au palais national !
Si l’on lit le tweet de Fritz Jean, président élu de l’Accord Montana, après sa rencontre avec l’émissaire américain, Bryan Nichols, on peut se dire qu’il se plie, lui aussi, à l’idée de trouver un consensus suffisant pour l’organisation des élections, quitte à garder Ariel Henry comme président et lui conseille d’accepter le poste de premier ministre.
C’est peut-être de la spéculation, mais il est toujours convenu que le choléra a bon dos. Cette maladie sera peut-être utilisée dans les jours à venir pour faire bouillir la chaudière électorale. Joe Biden pourrait bien exiger la mise au point d’une autre forme de maladie, préfabriquée dans les laboratoires américains, qui soit capable de booster davantage les raisons de l’intervention, que sais-je !
Affaire à suivre…
Michaud Joanier, journaliste