CPT: Les transitions affaiblissent la république !
Boukan News, 05/20/2024 – La répétition des transitions dans la vie politique haïtienne envoie un mauvais message au reste du monde. L’international est en droit de percevoir Haïti comme une république temporaire qui, de temps en temps, fait appel aux tuteurs internationaux pour remettre de l’ordre avant de remettre définitivement le tablier. Ce qui relève un contraste fondamental avec la vision des pères-fondateurs qui créaient une nation éternelle. Un phare qui servirait de guide concret aux autres peuples gisant encore dans la servitude.
Le président Alexandre Pétion avait compris le caractère universel de la révolution haïtienne quand il n’hésita pas à aider les Vénézuéliens, boliviens…à se libérer du joug de l’Espagne et du roi Henry Christophe d’exécuter les envoyés esclavagistes de Napoléon. Le message était fort et lumineux, qu’il s’agissait d’un empire ou d’un royaume ou d’une république, Haïti existe pour rester. Cette vérité avait finalement contraint les Etats-Unis à reconnaître l’indépendance d’Haïti en 1865. Les « transitions qui n’en finissent pas » placent Haïti dans un état d’effritement.
Les membres du « Conseil Présidentiel de Transition-CPT » et les « transitionnistes » de tout calibre, comprennent-ils l’urgence de l’heure qui consiste à agir vite pour sortir Haïti de la zone de turbulence. Hannibal Price parlerait de préférence du passage « des ténèbres à la lumière ».
Les dirigeants haïtiens ont une responsabilité historique à agir vite et bien pour rétablir la permanence de l’État à travers toutes ses institutions vitales. Au cours d’un échange avec des collègues journalistes latino-américains et americains, ils commencent par s’interroger sur les problèmes d’Haïti en des termes peu familiers. À savoir, est ce que la crise qui secoue le pays n’est pas plus profonde qu’un simple difficile passage à la démocratie. Pour traduire leur réflexion, ils commencent par douter de la capacité de l’homme haïtien à se créer un monde où il fait bon de vivre. Car, cette crise d’état-nation est vieille de plus de 200 ans. Voilà le dilemme du moment qui pousse des observateurs internationaux à questionner l’existence et la capacité du peuple haïtien.
Les problèmes que confrontent actuellement le CPT à jouer son rôle conformément à la nature de sa création et à sa mission sont préliminaires. Toutes les nations du monde firent l’expérience amère des politiciens qui se perdent dans des affrontements politiques mesquins, mais ils se ressaisissent en faisant taire leurs ambitions personnelles pour faire triompher la patrie. C’est exactement ce que la population d’Haïti attend impatiemment des nouveaux dirigeants au pouvoir. La république dominicaine fit l’expérience entre 1994 et 1996 ou les élites politiques de façon pragmatique inventèrent une solution qui favorise la pérennité de la nation afin d’éviter une 3e intervention militaire américaine dans leur pays. Agir ainsi, c’est démontrer la maturité des dirigeants politiques à s’assumer patriotiquement face à une crise menaçante.
Edgard Leblanc, en toute responsabilité, doit justifier son aptitude comme le vrai héritier spirituel du professeur Gérard Pierre-Charles en trouvant une formule qui garantit le fonctionnement normal des institutions vitales à la nation.
Il est clair que la nouvelle équipe présidentielle est en face d’un lourd héritage daté de plusieurs décennies de mauvaise gouvernance, d’incompétence et du laisser-faire. Toutefois, les membres du CPT ont une mission fondamentale de stabiliser le pays vers des élections. Une autre responsabilité qui n’est écrite nulle part, mais chère aux compatriotes, c’est de réduire la durée des forces étrangères des Nations-Unies dans le pays a moins de temps possible. Mais, tout dépend du rythme de travail et de l’engagement nécessaire à rétablir les institutions démocratiques en état de fonctionnement.
J’espère que les membres du CPT parviennent à comprendre la gravité de la situation et agir en conséquence. Sinon, ils risquent de se banaliser pour finalement disparaître !
Joel Leon