À qui profite la destruction de Port-au-Prince ?

À qui profite la destruction de Port-au-Prince ?

Joel Leon

Boukan News, 03/28/2024 – Hier matin en prenant notre petit déjeuner avant d’aller au travail, ma femme et moi réfléchissions sur les terribles événements haïtiens, après avoir tout expliqué à propos des dernières attaques des « bandits » (pour moi, ils sont des missionnaires), elle me posait la question suivante : « Sont-ils des Haïtiens, ceux qui détruisent tout au passage ? ».

Cette question me renvoie à une profonde réflexion à propos de la réalité actuelle des citoyens de Port-au-Prince. Très souvent, la conjoncture nous aveugle à percevoir un aspect trop limité d’un colossal problème, spécialement quand on est en face des crimes odieux, notre émotion prend le dessus sur l’autorité de la raison. Ainsi, on s’enferme dans des conjectures à ne plus finir qui souvent déroutent l’intelligence vers des compréhensions obtuses sous l’emprise des demi-vérités que les médias nous matraquent l’esprit au quotidien.

La violence est indiscutablement inhérente à l’homo sapiens. Toutes les sociétés, depuis toujours, ont commis des actes d’extrême violence, mais la destruction est toujours l’œuvre d’un groupe caché qui entend profiter de la situation désastreuse. Ce matin, je lisais un article/reportage du nouvelliste de Jean Daniel Sénat, sous le titre « La destruction du secteur médical par les bandits se poursuit ». Au cours d’une opération criminelle des « missionnaires* », ils ont pillé et incendié des pharmacies, des cliniques, des boutiques, des maisons privées…l’école nationale des arts qui se trouve dans la zone n’a pas été épargnée non plus de leur fureur.

Ils ont incendié l’école normale Supérieure qui formait des milliers de professeurs haïtiens. Il s’agit là d’une autre tragédie qui va handicaper le système éducatif, déjà chancelant, pendant des années si rien n’est urgemment entrepris pour reconstruire une nouvelle école normale qui coûtera surement des millions de dollars.

L’incursion criminelle du 26-27 mars est une autre désolation, les « missionnaires » avaient déjà gaspillé un hôpital qui se trouvait à Delmas 18, l’école mythique des « Frères Nau » a été vidé de tout puis incendiée, le pénitencier national fut attaqué et brûlé, plus d’une vingtaine de commissariats de la Police Nationale eurent connus le même sort…Dans le quartier ou j’ai grandi, à Carrefour-Feuilles, c’est le désarroi total, même les chiens se taisaient de ne pas s’aventurer sur ce qui reste de la rue.

Port-au-Prince, la capitale économique et politique de la république est devenue la ville des zombies. Le lieu où des centaines milliers de personnes se brassaient à la recherche du pain quotidien est totalement vide au beau milieu du jour. Ce qui me renvoie à une émission de « Le Point » sur radio Métropole du vendredi 22 mars 2024. L’invité était Jean Rony Monestime, un chercheur en sciences des gènes, il tentait d’expliquer le phénomène de la violence qui semble avoir des connections génétiques à partir du brassage tribal lors de la traite. Il poursuivait pour dire, de tous les états latino-américains et caraïbéens, Haïti est le seul à ne pas avoir le centre-ville et les bord-de-mers occupés par le grand capital financier international. Partout où l’on va dans l’hémisphère, les grands magasins, les hôtels, les casinos, les plages…sont tous des propriétés des investisseurs occidentaux, notamment américains.

Voilà curieusement, les « missionnaires armés » sont en train de vider le centre-ville de Port-au-Prince avec des coups d’armes de guerre, sans la guerre interétatique ou intraétatique. Désormais, la Croix-des Bossales est vidée de tout animal vivant, à l’exception des rats et des souris, même les chiens restent à l’écart.  Le bord-de-mer est lourdement occupé par les hommes du chef narco-gang Izo, Ti Lapli, Boutba…Y a-t-il une meurtrière opération de conquête de ces zones afin de construire à l’avenir des zones touristiques avec les chaînes d’hôtels internationaux et les chics magasins de l’empire ?

Il est difficile de comprendre l’objectif des criminels. Ils agissent comme si le pays ne leur appartient pas. Définitivement, autre que les butins de ces rapts, il doit y avoir d’autres sources d’émoluments beaucoup plus importantes payées par des magnats de la finance internationale pour détruire Port-au-Prince. L’objectif est de récupérer ces espaces désertés par la force des armes et de les repeupler par des touristes en mal d’aventures et de moments agréables.

En attendant, nous assistons dans l’impuissance le démantèlement de la ville de Port-au-Prince avec tout ce qu’il y a d’histoire, d’êtres humains, de culture, d’architecture…habitée par 2.7 millions d’âmes et avec près de 300 ans d’histoire.

À dieu Port-au-Prince !

*Missionnaires : des bandits payés par des intérêts étrangers pour détruire Port-au-Prince.

Joel Leon

3 Comments

  1. Haiti te toujou Chita sou yon poudryè .ki te kapab explozè
    Ninpot ki lè.
    Inegalite sosyal two gran
    Demogasy se yon pwoses ke ayisyen poko kapab konpran
    Se poun kostwi dè Pati politik
    Ki pou fè travail mobilizasyon tout
    Tandanse goche ak dwate ak santre.

  2. Salut, c’est un beau article. J’aimerais ajouter que ces missionaries ou mercenaires travaillent pour l’interest de certains riches Haitiens et de certains “politichiens”.

  3. .un bien profond texte qui devrait encourager.tous les patriots a se reveiller etfaire echec a ce plan

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