Nouveau gouvernement, nouvelle attitude !

Nouveau gouvernement, nouvelle attitude !

Joel Leon

Boukan News, 06/11/2024 – Depuis l’indépendance, Il y a cette tendance handicapante qui freine l’avancement d’Haïti, celle qui consiste à regarder toujours en arrière pendant que tout avance autour de nous. On dirait que l’élite politique haïtienne, au volant de la machine du pays, s’amuse à regarder derrière. Ce comportement explique le naufrage régulier de tous les présidents et chefs de gouvernement au pouvoir, plus particulièrement de 1986 à aujourd’hui.

Le pire, c’est que ceux qui sont au pouvoir regardent en arrière pour se venger des attaques passées de leurs adversaires et ceux qui sont dans l’opposition contestent en permanence le président, le premier ministre, les ministres…pour des actions et déclarations datées de 25 ans ou plus. Définitivement, il faut regarder de l’avant !

On a perdu trop de temps à se quereller pour des miettes. Il est impossible de se mettre d’accord sur tout, c’est normal qu’il y ait des divergences et des contradictions. C’est une loi de la vie et c’est bon pour la santé de notre tardive démocratie. Globalement, la composition du nouveau gouvernement répond aux critères de changement.Le monde entier avance a grands pas. Les nations africaines qui végétaient dans l’instabilité politique et la misère se réveillent pour tourner ces moments de la honte. Voici une analyse économique du continent africain : « La croissance du PIB réel devrait atteindre 3,7% en 2024, et dépassera en 2025 le taux affiché en 2022, atteignant alors 4,3% à mesure que s’estomperont la plupart des effets des facteurs susmentionnés. Le rebond prévu de la croissance moyenne de l’Afrique sera mené par l’Afrique de l’Est (en hausse de 3,4 points de pourcentage), l’Afrique australe et l’Afrique de l’Ouest (en hausse de 0,6 point de pourcentage chacune). Il est important de noter qu’en 2024, 41 pays afficheront une croissance plus élevée qu’en 2023 et le nombre de pays affichant un taux de croissance supérieur à 5% passera à 17. Ceci est remarquable, et avec l’accélération du rythme de la croissance, l’Afrique se maintiendra au deuxième rang mondial des régions affichant la croissance la plus dynamique après l’Asie, avec une projection de croissance du PIB supérieure à la moyenne mondiale de 3,2% en 2024. En outre, 10 pays africains figureront parmi les 20 économies enregistrant la croissance la plus rapide au monde en 2024, confirmant ainsi la tendance des deux dernières décennies. » Qu’en est-il d’Haïti, la première épitre nègre indépendante du monde ?

Gary Conille, le nouveau premier ministre et ministre de l’Intérieur, est un bon choix. Il a tout ce dont on a besoin pour réussir. Il est de bonnes formations académiques et techniques et doté d’une carrière internationale remarquable au sein des Nations-Unies. Ensuite, il a été premier ministre pendant un temps très court sous la présidence de Michel Martelly et a démissionné en luttant contre la corruption. Ceux qui le connaissent depuis des décennies disent qu’il est un gentleman qui priorise la compétence sur le clientélisme. Du fait de son expérience internationale et que le pays se trouve placé sous le chapitre 7 de l’ONU, il n’y a pas un meilleur choix que Gary Conille en cette circonstance exceptionnelle. Bonne chance !

Notre nouvelle ministre des Affaires Étrangères, la jeune Mme Dominique Dupuy, âgée seulement de 35 ans, arrive là où elle est aujourd’hui depuis ses réalisations à l’UNESCO. Au cours de son passage au sein de cette institution, elle a défendu avec brio la culture et les valeurs nationales. En quelque sorte, elle a été récompensée et c’est justice rendue. Il est temps que nous commencions par honorer ceux-là qui font du bon travail. Bonne chance, madame !

Je ne vais pas passer en revue tous les nouveaux ministres qui vont prendre le contrôle de l’État, ce n’est pas mon objectif. Je veux tout simplement inviter les politiciens haïtiens à se calmer pendant un temps en donnant une chance à cette nouvelle équipe pour diriger le pays. L’échec des hommes d’État est celui de la nation. Qu’on  les observe avec bienveillance, donner des conseils quand c’est possible et dénoncer lorsque c’est nécessaire.

Mon ami, l’ancien sénateur Rony Mondestin, m’a dit un jour qu’il est mauvais de faire une opposition systématique à un gouvernement provisoire. Parce que, il a une seule mission qui consiste à organiser des élections afin de revenir à l’indispensable état permanent. Il n’est pas permis au provisoire de se lancer dans des exercices de construction matérielle de la nation, pourquoi l’opposer qui crée la possibilité de le faire perdurer. Le plus court que soit le gouvernement provisoire est plus bénéfique au pays. Toutefois, il faut reconnaître que le caractère exceptionnel de la crise actuelle correspond au mandat que s’est doté le Conseil Présidentiel de remettre le pays sur les rails de la légitimité constitutionnelle.  D’ailleurs, plus de 32 mois furent déjà gâchés avec Ariel Henry, on ne peut se permettre le luxe de gaspiller même un jour de plus !

Pour conclure, on n’a qu’à souhaiter bonne chance au pays. Que les nouveaux dirigeants de l’État se mettent à la hauteur de l’espérance de la nation en travaillant avec intelligence pour que cette dernière transition soit un succès.

Joel Leon

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *